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Une triste nouvelle pour le monde du reggae. Il vient de perdre l’un de ses piliers sĂ»rs de cette couleur musicale et cette personne n’est autre que le pĂšre Denroy Morgan, un artiste chanteur du reggae d’origine jamaĂŻcaine. DĂ©cĂšs survenu le jeudi 03 Mars 2022 Ă  l’ñge de 76 ans. Denroy Morgan, est le pĂšre fondateur de ce cĂ©lĂšbre Groupe Morgan HĂ©ritage, qui prĂŽne la fiertĂ© de cette peau noir et particuliĂšrement de la musique reggae. Il est auteur de plusieurs albums comme I’ll Do anythingfor you, Make my day, Salvaton, Cool Runnings et autres. Que l’ñme du pĂšre Denroy Morgan repose en paix. Mohamed Cinq Sylla
Cegrand artiste Ă©tait Ă©galement le producteur – entre autres – de Bob Marley. L’artiste jamaĂŻcain et producteur de reggae Lee ‘Scratch’ Perry est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l’ñge de 85 ans, rapporte dimanche le quotidien britannique The Guardian. D’aprĂšs la presse jamaĂŻcaine, le musicien est dĂ©cĂ©dĂ© dans un hĂŽpital du nord du pays.
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Watchon. 8. Elvis Presley - A Little Less Conversation. A sa sortie en 1968, la chanson a connu un petit succĂšs, mais rien de dingo quand on connaĂźt le phĂ©nomĂšne qu’était Presley. C’est
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© Étudier la musique dub, c’est remonter au berceau d’un grand nombre de musiques populaires urbaines de la fin du XXe siĂšcle rap, disco remix, trip-hop
. Nous allons donc donner dans cet article une vision globale du dub jamaĂŻcain autour d’une rĂ©flexion qui aura pour enjeux de dĂ©terminer si cette musique peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un genre musical ». On s’intĂ©ressera notamment au travail novateur de certains ingĂ©nieurs du son sur de la matiĂšre sonore prĂ©enregistrĂ©e dans les studios d’enregistrement de JamaĂŻque au dĂ©but des annĂ©es de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Culte jamaĂŻcain considĂ©rant l’Ethiopie comme la Terre sacrĂ©e et rejetant les valeurs dĂ©cadentes et ... 2 BARROW et DALTON, 1997, p. 199. 3 les ouvrages et articles de grands historiens de la musique jamaĂŻcaine tels que Steve Barrow se con ... 4 une sorte de remixage des chansons reggae placĂ© sur la face B des quarante-cinq tours jamaĂŻcains. 5 Nous emploierons l’expression de fond sonore » pour diffĂ©rencier le dub d’un autre type de versio ... 1Cela fait maintenant prĂšs de quarante ans que la JamaĂŻque, une Ăźle des CaraĂŻbes comptant moins de trois millions d’habitants, inonde le marchĂ© du disque de musiques populaires », telles que le mento, le rocksteady, le ska, ou encore le reggae. Pourtant, le succĂšs mondial du reggae et de son emblĂ©matique porte-parole Bob Marley, associĂ© au rastafarisme 1, cache quelques innovations musicales bien plus importantes, notamment en ce qu’elles ont pu apporter aux musiques Ă©lectroniques et amplifiĂ©es de la fin du vingtiĂšme siĂšcle. En effet, est nĂ©e en JamaĂŻque aux alentours de 1968 2, une musique connue sous le nom de dub. Plus discrĂšte que le reggae, elle s’avĂšre pourtant bien plus influente sur nos musiques urbaines contemporaines que ce dernier, tout au moins sur le plan technique et musical. Ce paradoxe vient du fait que le dub est dĂ©finit de maniĂšre gĂ©nĂ©rale3 par l’approche technique de la matiĂšre sonore qu’il sous-tend 4. On pratique le dub, mais en dĂ©considĂ©rant l’aspect musical condamnĂ© Ă  n’ĂȘtre qu’un simple fond sonore » 5. On le prĂ©sente alors comme un style de reggae. 6 On pourrait ainsi parler de diffĂ©rents style de dub celui de King Tubby, de Mad Professor, ou plu ... 2Mais le dub jamaĂŻcain ne peut-il pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un genre musical Ă  part entiĂšre, un modĂšle dont un certain nombre de traits de caractĂšres feraient se rĂ©unir dans une mĂȘme famille des styles musicaux diffĂ©rents 6 ? C’est Ă  cette question que nous allons tenter de rĂ©pondre dans le prĂ©sent article, en Ă©clairant dans un premier temps les facteurs qui nous ont conduit Ă  une telle problĂ©matique. Techniques et innovations musicales 7 discothĂšque mobile oĂč l’on diffusait le dub et les derniĂšres musiques Ă  la mode » pour les gens n ... 8 dont les illustres reprĂ©sentants sont Osbourne King Tubby » Ruddock, Lee Scratch » Perry, Errol ... 3Si nombreux sont ceux qui considĂšrent le dub comme un ensemble de techniques, c’est avant tout parce qu’ils associent cette musique aux outils de crĂ©ation qui lui sont dĂ©diĂ©s ou Ă  des traits culturels vecteurs de technicitĂ© le compositeur de morceaux dubs, le sound system7, le dub-plate
 Prenons pour exemple le cas du compositeur. Ce dernier, ingĂ©nieur du son aussi appelĂ© dub-master ou mixer8, est un passionnĂ© de l’électronique et du son, sans formation musicale particuliĂšre, dont le but avouĂ© est d’entrer au cƓur de la matiĂšre sonore Ă  l’aide d’effets spĂ©ciaux pour changer ses paramĂštres hauteur, intensitĂ©, durĂ©e, couleur
. Fait nouveau dans le monde de la composition musicale, le dub est la musique de techniciens du son. On comprend alors pourquoi des traits sociaux, bien qu’ayant participĂ© Ă  l’émergence du dub, ont aussi eu pour consĂ©quence de stigmatiser ce dernier au dĂ©triment de la musique. 9 notamment les studios Black Ark, Tubby’s, Gibbs ou Channel One. 10 Exemple qu’on peut retrouver dans le livret de la compilation de King Tubby, Dub Gone Crazy », 19 ... 11 King Tubby, Dub Gone Crazy », 1994 4Des expĂ©rimentations matĂ©rielles novatrices menĂ©es en studio par les mixeurs pour composer du dub eurent la mĂȘme consĂ©quence. C’est, en effet, Ă  l’aube des annĂ©es soixante-dix, que le studio d’enregistrement9, initialement Ă©quipĂ© pour enregistrer des disques, devint une sorte d’instrument de musique sous l’impulsion de dub-masters comme King Tubby et Errol Thompson. Ces derniers n’hĂ©sitĂšrent pas Ă  modifier concrĂštement leurs outils de travail, souvent rudimentaires, pour pratiquer d’innovantes expĂ©rimentations sonores. Par exemple, un simple magnĂ©tophone Ă  bandes se mĂ©tamorphosait dans les mains de King Tubby en une sorte d’échantillonneur Ă  bandes », un instrument avec lequel on conserve des portions d’une chanson dĂ©jĂ  enregistrĂ©e et enchaĂźne cette matiĂšre sonore de maniĂšre nouvelle 10. De mĂȘme, ce dernier se bricola en 1974 un effet d’écho qu’on a prit l’habitude d’appeler Ă©cho Ă  bandes » 11. Le principe en Ă©tait simple il suffisait d’isoler une boucle de bande magnĂ©tique une sĂ©quence musicale, qu’on passait ensuite sur les tĂȘtes d’un vieux magnĂ©tophone deux pistes, le tout en jouant sur la vitesse de dĂ©roulement de la bande. Cette sĂ©quence Ă©tait finalement injectĂ©e dans le morceau dub lors du mixage. 12 Un rythme » riddim, dans la terminologie du reggae est l’élĂ©ment fondamental de toute chanson j ... 13 celles prĂ©cĂ©demment obtenues. 14 Cette façon de concevoir l’objet musical par le biais d’un travail sur un matĂ©riau sonore prĂ©exista ... 5Le troisiĂšme facteur de technicitĂ© qui fausse la dĂ©finition du dub est l’incidence musicale de ces expĂ©rimentations matĂ©rielles. Le travail de composition du mixeur s’apparente ici Ă  un jeu de construction. Pour faire un dub, le mixeur va utiliser comme matiĂšre sonore de base le riddim12 d’une chanson reggae. En fait, il va sĂ©parer dans une chanson le riddim des pistes vocales et instrumentales, puis dĂ©coupera les pistes ainsi obtenues. Il pourra alors entamer la composition de son morceau en Ă©laborant, autour du riddim, une dramatique musicale diffĂ©rente de celle de la chanson dont il se sert. Pour cela, le mixeur injectera lors du mixage des enveloppes sonores » 13, de la mĂȘme maniĂšre qu’un compositeur classique » aurait utilisĂ© des notes14. Il pourra par la suite mettre en relief Ă  son grĂ© certaines de ces enveloppes », principalement grĂące Ă  des mĂ©thodes d’arrangement disposition des enveloppes sonores
, d’égalisation accentuation du volume sonore
, ou l’aide d’effets spĂ©ciaux Ă©cho, dĂ©phasage, rĂ©verbĂ©ration
. 15 et la dĂ©finition suivante, donnĂ©e par Bruno Blum 2000, en est symptomatique Dub version rem ... Bien que ces manipulations semblent prendre le pas sur l’idĂ©e mĂȘme d’un paysage sonore spĂ©cifiquement dub »15, on ne peut s’empĂȘcher de penser qu’il manque, pour dĂ©finir cette musique, une Ă©tude de son univers sonore. C’est pourquoi nous allons l’effectuer maintenant. Un nouvel univers sonore 6Sur le plan sonore, le dub comporte tout d’abord un aspect rĂ©current incarnĂ© par un ensemble basse/ batterie surexposĂ©. En effet, le passage de l’univers musicale du reggae Ă  celui du dub entraĂźne la disparition de certaines lignes mĂ©lodiques celles du chant ou des cuivres pour une mise en avant de la rythmique. Des indices plus prĂ©cisĂ©ment dĂ©limitĂ©s nous permettent aussi de repĂ©rer l’espace sonore du dub. Par exemple, les effets d’écho et de rĂ©verbĂ©ration, tels qu’ils sont utilisĂ©s par les mixeurs, peuvent dilater et/ou transformer l’espace sonore dans lequel ils Ă©voluent. La rĂ©miniscence d’un thĂšme peut, d’autre part, servir de lien entre la chanson reggae et le morceau dub. C’est un lieu oĂč l’oreille de l’auditeur pourra se reposer, un terrain connu. L’auditeur pourra aussi remarquer qu’une fois le mixage du morceau dub accompli, la situation d’isolement de certaines enveloppes sonores dĂ©crira un lieu infiniment vaste et inconnu. 16 Une discographie sĂ©lective illustrant cet Ă©clectisme sonore est proposĂ©e aux lecteurs Ă  la fin du p ... 7Bien qu’une description dĂ©taillĂ©e de ces enveloppes sonores soit ici une entreprise vaine, on peut tout de mĂȘme en donner les principales caractĂ©ristiques. Tout d’abord, on retrouve les instruments familiers du reggae batterie, claviers, cuivres, basse et guitare Ă©lectriques. On y entend aussi d’éclectiques images sonores des sons transformĂ©s, des bruitages incongrus ou des mĂ©lodies rapportĂ©es, parfois rĂ©unies autour de thĂ©matiques pour contribuer Ă  un imaginaire influencĂ© par le cinĂ©ma western, science-fiction, kung-fu, la bande dessinĂ©e ou la religion Bible, Ă©thiopisme
, mais plus souvent n’ayant de commun que l’univers dans lequel elles sont projetĂ©s 16. 17 que l’on retrouve dans un album comme Kung Fu Meets The Dragon » Justice League, 1975
 18 dans un album comme King Tubby meets Rockers Uptown » Shanachie, 1994
 8En rĂ©sumĂ©, on peut dire que le dub ne peut pas ĂȘtre rĂ©duit Ă  un simple ensemble de techniques » qui visent Ă  remixer une chanson reggae, car les mixeurs cherchent Ă  travers cette musique Ă  faire passer des Ă©motions particuliĂšres Ă©tonnement, excitation
 en entraĂźnant l’auditeur dans un paysage sonore diffĂ©rent de celui du reggae. Le dub est conçu pour mettre les sens en Ă©veil par diffĂ©rents traitements de la matiĂšre sonore. On note alors deux approches sonores diffĂ©rentes, l’une concentrĂ©e sur la transformation du son, et l’autre sur la crĂ©ation de paysages sonores. En effet, si Perry entrevoit dans le dub la possibilitĂ© de crĂ©er de petits univers sonores fait de bruitages, de gags sonores, d’onomatopĂ©es ou de salades de mots dĂ©lirantes 17, Tubby l’aborde plutĂŽt comme un moyen de faire Ă©voluer le son jamaĂŻcain 18 en modifiant les timbres, saturant les sons de la grosse caisse
. Ces diffĂ©rentes approches renforcent l’identitĂ© d’une musique dĂ©finitivement dĂ©tachĂ©e du reggae. 9On peut d’ailleurs constater qu’il existe des points de basculement qui dĂ©tachent l’auditeur de l’univers du reggae pour l’emmener progressivement vers celui du dub. Certains mixeurs exĂ©cutent, par exemple, un geste compositionnel qui consiste Ă  commencer un morceau dub par un extrait de la chanson originale celle qui sera placĂ©e sur la face A du disque, puis Ă  en rĂ©duire l’orchestration Ă  sa substantifique moelle, l’ensemble basse/batterie, provoquant concrĂštement la sensation de basculement. 10D’une autre maniĂšre, les producteurs se servent des pochettes d’albums pour rendre le dub tributaire d’une image diffĂ©rente de celles des musiques distribuĂ©es sur le marchĂ© du disque jamaĂŻcain ; on remarque prĂ©cisĂ©ment que cette imagerie proche d’un surrĂ©alisme pictural » dĂ©crit des situations liĂ©es aux esthĂ©tiques fantastique » Scientist Rids the World of the Evil Curse of the Vampires » de Scientist et de science-fiction » Scientist And Jammy Strike Back ! » de Scientist et Prince Jammy Ă  l’opposĂ© de celles dĂ©livrĂ©es par les disques reggae, en cela que les pochettes de ces derniers montrent gĂ©nĂ©ralement des photos d’artistes, d’armes ou de cannabis. PolitisĂ©es, violentes ou Ă  connotations sexuelles, les pochettes de disques de reggae expriment plutĂŽt la rĂ©alitĂ© du quotidien. 19 ce que Chris Salewicz 2001, p. 32 souligne comme Ă©tant traditionnel chez les artistes jamaĂŻcains ... 11On ajoutera aussi que les dub-masters crĂ©ent un dĂ©calage entre la terminologie dub et celle plus traditionnelle du reggae en s’inventant des surnoms 19 en adĂ©quation avec l’univers musical et pictural prĂ©cĂ©demment dĂ©crit. On appellera alors King Tubby » le roi des tubes cathodiques » le dub-master Osbourne Ruddock. On prĂ©fĂ©rera aussi aux noms Neil Fraser et Hopeton Brown ceux, respectivement, de Mad Professor Professeur fou » et Scientist » Scientifique ». En s’emparant des clichĂ©s de la vision humaine du futur vĂ©hiculĂ©e par le cinĂ©ma et la bande dessinĂ©e, les mixers et les producteurs offraient au dub, avec un second degrĂ© non dissimulĂ©, l’image crĂ©dible d’une musique futuriste. Le dub est donc une musique jamaĂŻcaine originale qui se diffĂ©rencie en tout point du reggae. Cependant, il nous reste encore Ă  en dĂ©finir l’essence. L’essence du dub 20 La JamaĂŻque fut, jusqu’en 1962, une colonie de l’empire britannique. 12Comprendre le dub, c’est avant tout saisir l’importance de son influence sur l’ensemble des musiques populaires qui sont, Ă  un moment ou Ă  un autre, entrĂ©es en contact avec la musique jamaĂŻcaine dans les annĂ©es soixante-dix. Pour des raisons historiques20 ou liĂ©es Ă  des mouvements migratoires importants21, les pays dont nous Ă©tudierons les musiques sont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. 21 BLUM, 2000, p. 45. 22 CHEESEMAN, 1985. 13Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une tendance Ă  l’émigration fait qu’une communautĂ© jamaĂŻcaine dĂ©shĂ©ritĂ©e est prĂ©sente aux Etats-Unis. La mĂ©thode de travail du son que s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre le dub dĂ©coupage des morceaux, ajout d’effet
 a donc pu se gĂ©nĂ©raliser dans le monde des musiques urbaines en notant tout de mĂȘme que les racines de ces musiques amĂ©ricaines sont nombreuses, variĂ©es et parfois paradoxales. Il existe de nombreux indices historiques ou musicaux permettant de rapprocher la culture des sound-systems » de celles plus tardives du rap des ghettos new-yorkais 21, et des musiques populaires Ă©lectroniques22 disco remix
. Mais si l’on veut rĂ©sumer l’apport des dub-masters sur la modernisation des techniques de composition aux Etats-Unis, on peut dire que dans les musiques oĂč l’on considĂšre la table de mixage comme un instrument de musique et le deejay/mixer comme un artiste, on est incontestablement sous l’influence du dub. 14En Grande-Bretagne, l’influence du dub fut particuliĂšre, car cette musique y avait dĂ©jĂ  trouvĂ© un Ă©cho Ă  travers la personne d’Adrian Sherwood producteur et mixeur anglais. Ce dernier imposa dĂšs la fin des annĂ©es soixante-dix une empreinte mĂȘlant influences rock, funk, rythmes steppers un style plus Ă©nergique de reggae nĂ© en Angleterre, techniques du dub, racines analogiques utilisation de bandes, effets
 et sonoritĂ©s Ă©lectroniques. Ce mĂ©tissage fut un premier pas vers un style de dub purement anglais, qui sera suivie au cours des annĂ©es quatre-vingt-dix par des labels comme Universal Egg, Third Eye Music ou Word Sound. Mais plus important encore, la crĂ©ation d’un tel style de dub a permis aux musiques pop britanniques de s’imprĂ©gner du dub jamaĂŻcain. On retrouvera alors le dub dans des productions de groupes rocks, trip-hops ou jungle The Clash, XTC, The Wild Bunch, Asian Dub Foundation
. Cependant, on constate que tout ces mĂ©tissages sont le fruit de politiques consistant Ă  rĂ©unir diffĂ©rentes communautĂ©s autour de projets culturels. On considĂšre la richesse sonore de chaque musique pour l’exotisme qu’elle apporte. Ce n’est pas le travail que peut effectuer le dub-master qui est pris en compte ici, mĂȘme si la composition Ă  partir de boucles sonores n’est pas sans rappeler celle des aĂźnĂ©s jamaĂŻcains. Reste, pourtant, ce sentiment que l’on cherche Ă  donner Ă  l’auditeur l’impression d’entendre du dub, au travers de quelques clichĂ©s un univers submergĂ© d’échos, d’effets sonores aĂ©riens, de profondes basses rĂ©verbĂ©rĂ©es, et de rythmiques hypnotiques. Peut-ĂȘtre est-ce lĂ  un moyen d’emmener le dub vers de nouveaux horizons. Mais alors, quelle est la vĂ©ritable nature du dub ? Quelle est la dĂ©finition la plus juste qu’on puisse lui donner ? 23 comme en tĂ©moignent les albums de Perry produit par le Mad Professor dans les annĂ©es quatre-vingts ... 24 Mad Professor », The Wire, 148, june 1996. 25 il va jusqu’à changer entiĂšrement la basse du morceau Weather Storm ». 15On constate Ă  l’écoute de l’album No Protection », rĂ©alisĂ© par le dub-master anglais Mad Professor en 1995 Ă  partir de l’album Protection » Circa Records, 1994 de Massive Attack, que l’on tient lĂ  une Ɠuvre qui synthĂ©tise parfaitement les facteurs d’originalitĂ©s du dub. En premier lieu, Mad Professor utilise dĂ©libĂ©rĂ©ment son matĂ©riel de maniĂšre peu optimale. Il met les technologies actuelles Ă  l’épreuve, Ă  la maniĂšre de King Tubby. Cela donne des morceaux aux paysages sonores proches de ceux dĂ©veloppĂ©s dans le dub des origines, rĂ©gis par le mĂȘme principe de dilatation de l’espace-temps et une vision surrĂ©aliste » de la musique que viennent Ă  envier certains des plus grands dub-masters comme Scratch » 23. De plus, le travail effectuĂ© par le Mad Professor sur la voix est proche de celui de Perry24 un univers qui se dĂ©fini par ses textes hachĂ©s, onomatopĂ©es et autres glossolalies ; en ajoutant Ă  cela une mise en avant de la rythmique basse/batterie 25 et une application d’effets Ă©cho, reverb, phaser
 sur les enveloppes sonores. 16RĂ©alisĂ© Ă  partir d’un album trip-hop Protection », les morceaux de Mad Professor montrent surtout que le caractĂšre reggae » du dub originel n’est pas une de ses spĂ©cificitĂ©s. Il y a, en effet, beaucoup de disc-jockeys qui considĂšrent le dub comme le versant expĂ©rimentale du reggae. Si Tubby et ses disciples ont dĂ©veloppĂ©s le dub autour du reggae, c’est avant tout parce que les studios et les producteurs, pour lesquels ils travaillaient, leur offraient essentiellement ce type de matiĂšre sonore. Il ne faut pas oublier que Perry, tout comme d’autres compositeurs jamaĂŻcains, livraient parfois des Ɠuvres teintĂ©es de rythmes souls » et funks ». 26 TOOP, 2000. 17Nous pouvons alors conclure sur une dĂ©finition du dub qu’on peut rĂ©sumer comme Ă©tant l’art de transformer la matiĂšre sonore d’un album de musique populaire rock, trip-hop, reggae, disco, funk
 en un album qui met en avant l’ensemble basse/batterie, Ă  l’aide de la technologie de studio et des techniques dĂ©veloppĂ©es par King Tubby et ses disciples. Lorsque le dub est bien fait, il prend chaque fragment et l’imprĂšgne d’une nouvelle vie, transformant un ordre rationnel de sĂ©quences musicales en un ocĂ©an de sensations. » 26 C’est le principal facteur d’originalitĂ© du dub jamaĂŻcain, celui qui le sĂ©pare dĂ©finitivement de son image de version » pour lui offrir celle de genre musical. Et mĂȘme si beaucoup d’albums dub des annĂ©es soixante-dix n’étonnent plus vraiment l’auditeur d’aujourd’hui, on peut comprendre que l’important dans cette musique n’est pas tant dans le rĂ©sultat musical Ă  proprement parler, mais plutĂŽt dans le fait qu’elle fut celle de visionnaires » jamaĂŻcains ayant anticipĂ© trente ans de musiques populaires urbaines du monde entier. Haut de page Bibliographie BARROW S. et DALTON P., Reggae The Rough Guide, Rough Guides/Penguin, 1997, 395 p. BLUM B., Le reggae, Librio musique, Paris, mai 2000, 95 p. CHEESEMAN P., History Of House », DJ magazine, 1985 CONSTANT D., Aux sources du reggae. Musique, sociĂ©tĂ© et politique en JamaĂŻque », Epistrophy, 1986/2, Editions ParenthĂšses. KATZ D., People Funny Boy The Genius Of Lee Scratch » Perry, Payback Press, 2000 Mad Professor », The Wire, 148, june 1996 SALEWICZ C. et BOOT, A., Reggae Explosion – histoire des musiques de JamaĂŻque, Editions du Seuil, 2001 TOOP D., Ocean Of Sound Ambient music, mondes imaginaires et voix de l’éther, Kargo, Cahors, 2000 Trip-hop », Mix Mag, June 1994. Discographie sĂ©lective King Tubby, Dangerous Dub », Greensleeves Records, 1996 King Tubby, Dub From the Roots », Culture Press, 1997 King Tubby, Dub Gone Crazy », Blood & Fire, 1994 King Tubby, Dub Like Dirt 1975-1977 », Blood & Fire, 1999 King Tubby, King Tubby Meets Rockers Uptown », Shanachie, 1994 Lee Scratch » Perry, Arkology », Island, 1997 Lee Scratch » Perry, Blackboard Jungle Dub », Jet Star, 1998 Lee Scratch » Perry, Kung Fu Meets the Dragon », Justice League, 1975 Lee Scratch » Perry, Mystic Warrior Dub », Ariwa Sounds ARICD 054 Lee Scratch » Perry, Revolution Dub », Esoldun-MĂ©lodie Mad Professor, No Protection », Circa Records, 1995 Haut de page Notes 1 Culte jamaĂŻcain considĂ©rant l’Ethiopie comme la Terre sacrĂ©e et rejetant les valeurs dĂ©cadentes et corrompues de la civilisation occidentale. 2 BARROW et DALTON, 1997, p. 199. 3 les ouvrages et articles de grands historiens de la musique jamaĂŻcaine tels que Steve Barrow se contentent de passer en revue des techniques et des artistes, plutĂŽt que d’articuler un discours autour de prĂ©occupations musicales. 4 une sorte de remixage des chansons reggae placĂ© sur la face B des quarante-cinq tours jamaĂŻcains. 5 Nous emploierons l’expression de fond sonore » pour diffĂ©rencier le dub d’un autre type de version de chanson dont seules les pistes instrumentales ont Ă©tĂ© conservĂ©es la version instrumentale » ; cette derniĂšre apparait aussi en face B de nombreux quarante-cinq tours, mais n’est qu’une version dont les pistes ne subissent aucune modification. 6 On pourrait ainsi parler de diffĂ©rents style de dub celui de King Tubby, de Mad Professor, ou plus largement du rap et de certaines musiques Ă©lectroniques historiquement liĂ©es au dub jamaĂŻcain. 7 discothĂšque mobile oĂč l’on diffusait le dub et les derniĂšres musiques Ă  la mode » pour les gens n’ayant les moyens d’acheter ni disque ni radio. 8 dont les illustres reprĂ©sentants sont Osbourne King Tubby » Ruddock, Lee Scratch » Perry, Errol Thompson, Prince Jammy », Scientist », et Sylvan Morris. 9 notamment les studios Black Ark, Tubby’s, Gibbs ou Channel One. 10 Exemple qu’on peut retrouver dans le livret de la compilation de King Tubby, Dub Gone Crazy », 1994 11 King Tubby, Dub Gone Crazy », 1994 12 Un rythme » riddim, dans la terminologie du reggae est l’élĂ©ment fondamental de toute chanson jamaĂŻcaine ; c’est une construction rythmique axĂ©e sur la combinaison basse / batterie, autour de laquelle a Ă©tĂ© arrangĂ©e une chanson. Parfois, une petite mĂ©lodie est associĂ©e au riddim, mais l’ingrĂ©dient principal reste la ligne de basse. 13 celles prĂ©cĂ©demment obtenues. 14 Cette façon de concevoir l’objet musical par le biais d’un travail sur un matĂ©riau sonore prĂ©existant est original Ă  la fin des annĂ©es soixante dans la musique populaire jamaĂŻcaine. D’un point de vue musicologique, l’enveloppe sonore » accomplit ici une vĂ©ritable rĂ©volution dans la mesure oĂč elle implique la disparition de la note en tant qu’élĂ©ment de base du langage musical. 15 et la dĂ©finition suivante, donnĂ©e par Bruno Blum 2000, en est symptomatique Dub version remixĂ©e d’un morceau, oĂč subsistent des parties de voix ou non. » 16 Une discographie sĂ©lective illustrant cet Ă©clectisme sonore est proposĂ©e aux lecteurs Ă  la fin du prĂ©sent article. 17 que l’on retrouve dans un album comme Kung Fu Meets The Dragon » Justice League, 1975
 18 dans un album comme King Tubby meets Rockers Uptown » Shanachie, 1994
 19 ce que Chris Salewicz 2001, p. 32 souligne comme Ă©tant traditionnel chez les artistes jamaĂŻcains qui s’affublaient de narquois sobriquets aristocratiques » depuis les annĂ©es quarante. 20 La JamaĂŻque fut, jusqu’en 1962, une colonie de l’empire britannique. 21 BLUM, 2000, p. 45. 22 CHEESEMAN, 1985. 23 comme en tĂ©moignent les albums de Perry produit par le Mad Professor dans les annĂ©es quatre-vingts Mystic Warrior Dub » . 24 Mad Professor », The Wire, 148, june 1996. 25 il va jusqu’à changer entiĂšrement la basse du morceau Weather Storm ». 26 TOOP, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Wilfried Elfordy, Le Dub jamaĂŻcain du fond sonore au genre musical », Volume !, 1 1 2002, 39-46. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Wilfried Elfordy, Le Dub jamaĂŻcain du fond sonore au genre musical », Volume ! [En ligne], 1 1 2002, mis en ligne le 15 mai 2004, consultĂ© le 29 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
Sion vous dit Dancehall, reggae, reggae-dancehall, vous rĂ©pondez : JamaĂŻque mais, saviez vous que les Antilles-Françaises regorgent elles aussi de talents. A la fin des annĂ©es 90-dĂ©but 2000, des ambassadeurs bien de chez nous, ont sĂ» porter la voix de la musique "dance-hall" made in Guadeloupe-Martinique. Voici leurs noms. La Guadeloupe, la Martinique, les Antilles Qui dit reggae pense culte rasta et non-violence. Mais cette musique, nĂ©e en JamaĂŻque dans les annĂ©es 1960, va bien au-delĂ  de ces clichĂ©s. Fruit d’un vaste mĂ©tissage, la plus populaire des musiques jamaĂŻcaines continue d’étendre son influence de par le monde. Zoom sur ce style dans ce qui suit. Histoire du reggae BasĂ© sur le mento, une musique traditionnelle jamaĂŻcaine ; le ska et le rocksteady, le reggae s’est imposĂ© et a laissĂ© ses marques. À la fin des annĂ©es 1960, il apparaĂźt en JamaĂŻque. Ce rythme a pour racine les musiques traditionnelles mĂ©tissĂ©es. Il a Ă©galement Ă©tĂ© influencĂ© par le Rythm’n blues, le Jazz et le Soul music, qui Ă©taient autrefois trĂšs en vogue sur l’üle. Actuellement, beaucoup de styles de musique s’inspirent du reggae dans le monde. Il devient une musique universelle, dont le principal ambassadeur est Bob Marley. Étymologiquement parlant, le mot reggae est nĂ© en JamaĂŻque en 1968, mais pourrait ĂȘtre Ă©galement nĂ© du mot anglais jamaĂŻcain streggae », qui dĂ©signe une personne mal ou trop peu habillĂ©e. Reggae, musique jamaĂŻcaine Musique du ghetto, liĂ©e Ă  la culture rasta c’est-Ă -dire Ă©loge de la vie naturelle de la marijuana, de l’homme noir et de la culture noire issue d’Éthiopie, le reggae franchit les frontiĂšres jamaĂŻquaines en 1968. Autrefois, les paysans JamaĂŻcains jouaient le reggae aprĂšs leur dure journĂ©e de travail. Cette musique leur permettait d’oublier un peu leur quotidien. De nombreux artistes influencĂ©s par la musique noire amĂ©ricaine Ă©mergent parmi eux, Peter Tosh, Jimmy Cliff, et The Skatalites. Ils vont rapidement trouver un son qui leur est propre et le reggae devint cĂ©lĂšbre en JamaĂŻque. Bob Marley, ambassadeur de reggae Si le reggae a fait le tour du monde, c’est grĂące Ă  Bob Marley qui a Ă©tĂ© et demeure son principal ambassadeur bien au-delĂ  des frontiĂšres de la JamaĂŻque. MĂȘme aprĂšs avoir connu un succĂšs fulgurant, Bob Marley continua Ă  prĂŽner la philosophie rasta dans ses chansons. Pourtant, avant de devenir un super star, Bob Marley s’est essayĂ© Ă  de nombreux genres musicaux, ska, soul et rock steady. Tout au long de sa vie, Bob Marley s’est inspirĂ© de la symbolique rastafari pour construire sa propre personnalitĂ© et vĂ©hiculer un message d’amour et de paix. Depuis sa disparition en 1981, le reggae s’est progressivement Ă©mancipĂ© de la culture jamaĂŻquaine. Cependant, Marley reste le catalyseur de ce mouvement jamaĂŻquain. GrĂące Ă  lui, le reggae traversa les ocĂ©ans pour se propager dans le monde entier. Étudierla musique dub, c’est remonter au berceau d’un grand nombre de musiques populaires urbaines de la fin du XXe siĂšcle (rap, disco remix, trip-hop). Nous allons donc donner dans cet article une vision globale du dub jamaĂŻcain autour d’une rĂ©flexion qui aura pour enjeux de dĂ©terminer si cette musique peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un « genre musical ». Fruit des Ă©tapes successives qui jalonnent la musique populaire jamaĂŻcaine mento, ska, rocksteady, le reggae apparaĂźt Ă  Kingston Ă  la fin des annĂ©es 1960. Si des vestiges du colonialisme sont toujours prĂ©sents parcs, Ă©lĂ©gantes bĂątisses anglaises, etc., la ville compte plusieurs ghettos dont le plus cĂ©lĂšbre est Trenchtown. Le quotidien de la citĂ© est notoirement violent. La musique y est omniprĂ©sente. Durant l’aprĂšs-guerre, Kingston se calque sur la production qui afflue des États-Unis. Elle est majoritairement diffusĂ©e par les sound Systems, ces discomobiles qui chaque week-end diffusent les nouveautĂ©s musicales. Lorsque le son prisĂ© par la population se rarĂ©fie, certains propriĂ©taires de sound Systems montent des studios, embauchent des musiciens et leur font enregistrer les standards amĂ©ricains du moment au goĂ»t jamaĂŻcain. Kingston Un style musical national se dĂ©veloppe alors Ă  la fin des annĂ©es 1950 le ska carambolage du mento local, du jazz, du calypso et du merengue, suivi du rocksteady mutation du ska, rythme Ă  quatre temps, en tempo binaire, plus lent, avec ajout de claviers et de chant. L’apparition du reggae insuffle Ă  la musique deux Ă©lĂ©ments originaux un retour artistique vers les racines africaines parfois l’emploi de tambours burru » ou nyabinghi », littĂ©ralement mort aux oppresseurs » et l’apparition du thĂšme rasta ». Surgie en JamaĂŻque suite Ă  l’accession d’HaflĂ© SelassiĂ© au trĂŽne d’Ethiopie en novembre 1930, le rastafarisme est Ă  la fois un mode de vie, un syncrĂ©tisme religieux, une banniĂšre contestataire et une philosophie. Il prĂŽne le retour vers l’Afrique MĂšre, et reprend une prophĂ©tie prĂȘtĂ©e au panafricaniste Marcus Garvey Tournez vos yeux vers l’Afrique oĂč un empereur noir sera couronnĂ©. » Kingston Plus de quarante ans aprĂšs l’explosion du reggae en Occident, cette liturgie » est toujours reprise par les principaux artistes jamaĂŻcains. Parfois jusqu’à la caricature. Les querelles se poursuivent toujours autour du crĂ©ateur originel du terme reggae. Les Maytals – formation menĂ©e par Frederick Toots » Hibbert – sont les premiers Ă  l’utiliser dans la chanson Do the reggay en 1968. AprĂšs s’ĂȘtre imposĂ© avec un tempo rapide, le reggae ralentit sa rythmique et la ligne de basse se fait plus hypnotique. À la fin des annĂ©es 1960, s’ouvre une pĂ©riode dorĂ©e, d’une extraordinaire richesse artistique. Aux avant-postes Lee Perry, producteur, chanteur et figure haute en couleurs qui, aprĂšs avoir usĂ© ses talents dans le studio du producteur Joe Gibbs, lance sa carriĂšre solo et recueille un important succĂšs en Angleterre lors de la publication du titre Return of Django sur son label Upsetter littĂ©ralement emmerdeur ». Kingston – ClĂ©ment Coxsone » Dodd Fondateur du studio Black Ark, il produit – entre deux crises de mysticisme aigu – Max Romeo, The Congos ou The Wailers, alors en rupture de ban avec Studio 1, le Motown jamaĂŻcain », dirigĂ© par ClĂ©ment Coxsone » Dodd. C’est sous la houlette de Coxsone, homme d’affaires doublĂ© d’un fin connaisseur du jazz amĂ©ricain, que la plupart des chanteurs de l’üle enregistrent leurs classiques Ken Boothe, Freddy McGregor, Burning Spear ou Horace Andy. Mais c’est aussi dans son studio que se crĂ©ent les diffĂ©rents tempos – sinon les inventions – qui jalonnent l’histoire du reggae. Les styles one drop » reggae traditionnel » et rockers » dĂ©veloppĂ© par le batteur Sly Dunbar et caractĂ©risĂ© par des coups de charleston vifs et saccadĂ©s s’y dĂ©veloppent, tandis qu’une vague de chanteurs inspirĂ©es par la soul music amĂ©ricaine s’imposent Dennis Brown, Delroy Wilson ou Gregory Isaac. Lorsque Bob Marley & The Wailers enregistrent leur premier album pour la compagnie britannique Island en 1972, le reggae jamaĂŻcain devient un phĂ©nomĂšne mondial. Kingston Durant les annĂ©es 1980, Kingston radicalise sa musique sous l’influence du reggae digitale » initiĂ© entre autres par le producteur Prince Jammy. Les textes deviennent plus explicites. Par le biais d’un jeu d’écho avec le rap amĂ©ricain, le durcissement des conditions de vie du ghetto et la fascination pour l’imagerie gangster ou rude boy », incarnĂ©e par le film The Harder They Come avec jimmy Cliff entretenus par la sociĂ©tĂ© jamaĂŻcaine, le style ragga s’impose Ă  Kingston Ă  travers notamment Shabba Ranks. Comme dans le hip-hop, la mĂ©lodie est remisĂ©e au second plan et l’efficacitĂ© rythmique privilĂ©giĂ©e. Une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’artistes apparaĂźt Ă  la fin des annĂ©es 1990 dans une scĂšne protĂ©iforme baptisĂ©e dancehall » ; Sean Paul, Beenie Man, Richie Spice, Bounty Killer ou Shaggy. Genre aux contours mal dĂ©finis, le dancehall » emprunte indiffĂ©remment ses influences Ă  la soca, au hip-hop, au r’n’b, au reggae ou Ă  l’électro. Kingston Ses dĂ©clinaisons varient d’une musique encore attachĂ©e Ă  la mĂ©lodie et aux racines reggae Luclano, Ă  un squelette rythmique privilĂ©giant l’efficacitĂ© ElĂ©phant Man, Issus de la secte intĂ©griste Bobo AshantĂŻ, Capleton et Sizzla rĂ©imposent les thĂšmes rastas retour Ă  l’Afrique et mise en valeur de son histoire, l’Empereur Halle SĂ©lassiĂ© Ă©voquĂ© comme figure sacrĂ©e et la liturgie biblique librement utilisĂ©e afin de dĂ©noncer la sociĂ©tĂ© paĂŻenne Babylone ».
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Trouvezdes Culture JamaĂŻcaine VidĂ©os vidĂ©os de banque d’images, des sĂ©quences 4K et HD sur iStock. Des vidĂ©os exceptionnelles, que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Parse error syntax error, unexpected T_STRING in /home/ekarbe/www/wp-includes/ on line 1242 Flourgon chanteur jamaĂŻcain de dancehall, un genre dĂ©rivĂ© du reggae, assure que la tournure des paroles a Ă©tĂ© chipĂ©e de sa chanson de 1988 intitulĂ©e « We Run Things », oĂč il chante « We run things / Things no run we. » Flourgon, ou Michael May de son vrai nom, est un chanteur jamaĂŻcain, auteur de tubes dans les annĂ©es 80-90. Le nombre maximum de personnes autorisĂ©es Ă  se rassembler par la loi en JamaĂŻque n'est plus que de 15 et aucune autorisation d'Ă©vĂ©nement n'est actuellement accordĂ©e OrganisĂ© habituellement Ă  partir du dimanche de PĂąques et jusqu’au week-end suivant du 12 au 19 avril 2020, le carnaval de la JamaĂŻque – Bacchanal Jamaica – n’a pas eu lieu Ă  cause de l’épidĂ©mie mondiale de Covid-19. Les organisateurs pensaient que celle-ci serait Ă©teinte dans six mois alors ils avaient programmĂ© cet Ă©vĂ©nement festif qui rassemblent des milliers de carnavaliers et de spectateurs du 22 au 26 octobre 2020. Mais, avec l’augmentation de cas de Covid-19 dans de nombreux pays qui avaient mis fin au confinement – moyen radical pour freiner la propagation du coronavirus – d’aucuns se demandaient si Bacchanal Jamaica allait vraiment avoir lieu cette annĂ©e. Au mois d’aoĂ»t dernier, le nombre de cas a effectivement augmentĂ© dans l’üle. Au mardi 22 septembre 2020, le nombre de cas total enregistrĂ© en JamaĂŻque est de 5 143, le nombre de guĂ©risons est de 1 407, le nombre de dĂ©cĂšs est de 70 ; 71,28% de personnes sont encore malades Ă  cause de ce virus. Chiffres CSSE, John Hopkins University. Le gouvernement n’allait pas prendre le risque d’autoriser ce rendez-vous populaire mĂȘme s’il reprĂ©sente un Ă©vĂ©nement phare du tourisme. Charmaine Franklyn, la directrice de Bacchanal Jamaica, et toute son Ă©quipe ont dĂ» se rĂ©soudre Ă  annuler ce carnaval qui Ă©tait prĂ©vu dans un mois. Interdiction des grands rassemblements Cette annulation a Ă©tĂ© annoncĂ©e en ces termes aux “revellers” fĂȘtards, la semaine derniĂšre “Comme beaucoup d’entre vous l’ont dĂ©jĂ  vu ou entendu, le gouvernement jamaĂŻcain GOJ, par l’intermĂ©diaire du ministĂšre du tourisme, a annoncĂ© que le carnaval en JamaĂŻque est reportĂ© Ă  avril 2021. Ceci est le rĂ©sultat direct de la pandĂ©mie Covid-19 et de ses effets. Nous savons que certains d’entre vous peuvent ĂȘtre déçus par ce report, mais notre communication avec vous indique que l’immense majoritĂ© des fĂȘtards pensent qu’en raison de la rĂ©cente augmentation des cas de Covid-19 en JamaĂŻque, un carnaval en octobre 2020 serait risquĂ© et beaucoup d’entre vous ont fait part de leur souhait de le reporter Ă  avril 2021 
 Pour ceux qui pensent qu’octobre 2020 aurait Ă©tĂ© l’idĂ©al, veuillez noter que le nombre maximum de personnes autorisĂ©es Ă  se rassembler par la loi en JamaĂŻque n’est plus que de 15 et qu’aucune autorisation d’évĂ©nement n’est actuellement accordĂ©e, ce qui rend une Carnival Road March NDLR Grande Parade impossible par la loi”. Le carnaval, une industrie La question que certains se posent alors est pourquoi n’avoir pas carrĂ©ment annulĂ© l’édition 2020 de ce carnaval au lieu de le reporter Ă  nouveau Ă  2021? Les organisateurs expliquent “Pourquoi avons-nous encore reportĂ©, plutĂŽt que d’annuler ? N’oubliez pas que le carnaval n’est pas seulement un amusement et une fĂȘte. Il y a tout un Ă©cosystĂšme de personnes qui vivent de l’industrie du carnaval ici en JamaĂŻque. La dĂ©cision d’annuler le carnaval nous ferait renoncer Ă  toutes les injections Ă©conomiques potentielles dans tous les secteurs que notre carnaval apporte chaque annĂ©e Ă  notre pays, surtout Ă  un moment oĂč nous en aurons le plus besoin, c’est–à-dire avec les retombĂ©es Ă©conomiques rĂ©sultant de la pandĂ©mie de Covid-19. En repoussant la saison et en ne l’annulant pas, nous pouvons toujours tenir notre engagement envers nos fĂȘtards, Ă  savoir offrir la meilleure expĂ©rience de carnaval caribĂ©en et Ă©viter que notre industrie ne s’effondre sous le poids des importantes pressions Ă©conomiques auxquelles nous sommes confrontĂ©s en tant que nation”. Sauver le carnaval jamaĂŻcain Toutes ces explications apportĂ©es, certains participants qui avaient commandĂ© leurs costumes souhaiteraient ĂȘtre remboursĂ©s. Et sur ce point, l’organisation rĂ©pond “La politique de non-remboursement, qui fait partie des conditions gĂ©nĂ©rales de tous les groupes, existe pour une raison principale le coĂ»t numĂ©ro 1 pour un groupe de carnaval est la production de costumes, c’est incontestable. Les recettes destinĂ©es Ă  couvrir la production proviennent de la vente des costumes. Lorsque le Gouvernement jamaĂŻcain a annoncĂ© notre premier report en mars, la production de costumes Ă©tait dĂ©jĂ  bien avancĂ©e, malgrĂ© le fait que de nombreux fĂȘtards Ă©taient toujours redevables 
 Pour ceux d’entre vous qui ont payĂ© en totalitĂ© ou qui ont effectuĂ© des paiements importants jusqu’à prĂ©sent, nous vous remercions, vous ĂȘtes ceux qui ont maintenu le carnaval en JamaĂŻque en vie. Pour ceux qui n’ont pas continuĂ© Ă  effectuer des paiements et ont demandĂ© des remboursements, nous comprenons et nous sommes sensibles Ă  vos diffĂ©rentes situations, mais aucun remboursement ne sera accordĂ©, car nous avons dĂ©jĂ  dĂ©pensĂ© ces dĂ©pĂŽts/paiements pour la production de vos costumes”. Un carnaval incertain dans la CaraĂŻbe et dans le monde Les fĂȘtards sont invitĂ©s le dimanche 11 avril 2021 Ă  la “Road March”, la grande parade carnavalesque Ă  Kingston. Celle de la ville d’Ocho Rios se dĂ©roulera le dimanche 4 avril 2021. D’autres rendez-vous sont aussi prĂ©vus. Bacchanal Jamaica demandent aux fĂȘtards de patienter Ă  nouveau pendant six mois cependant, en 2021, ce coronavirus sera-t-il toujours parmi nous et causera-t-il la maladie Covid-19? Aura-t-on trouvĂ© d’ici lĂ  un traitement ou vaccin? La Russie prĂ©tend avoir mis au point un vaccin, de nombreux laboratoires Ă  travers le monde travaillent d’arrache-pied pour produire ce vaccin. Dans la CaraĂŻbe, Cuba dit avoir commencĂ© en aoĂ»t dernier des essais cliniques sur des humains, les rĂ©sultats de son vaccin, dĂ©nommĂ© Soberana 01, seront connus en fĂ©vrier 2021. L’an prochain, peut-ĂȘtre regarderons-nous des images d’archives du carnaval avec beaucoup de nostalgie. La “PlanĂšte Carnaval” masquĂ©e retient son souffle. Reggae musique jamaĂŻcaine. Musique du ghetto, liĂ©e Ă  la culture rasta c’est-Ă -dire Ă©loge de la vie naturelle de la marijuana, de l’homme noir et de la culture noire issue d’Éthiopie, le reggae Alpha Boys School le jazz en pleine instruction coloniale 1 Avant l’indĂ©pendance, des musiciens de musique folklorique, de mento et de jazz impressionnĂšrent le ... 1De toutes ses expressions culturelles et artistiques, la musique est probablement ce que la JamaĂŻque a offert au monde de plus vivace. Cette situation remonte Ă  l’époque des plantations, de l’esclavage et du colonialisme, oĂč la musique jouait un rĂŽle de premier plan dans la reconstruction et la perpĂ©tuation d’une identitĂ© chez les JamaĂŻcains originaires d’Afrique1. 2 Les ensembles Fife and Drums », apparus dans les armĂ©es europĂ©ennes modernes, rĂ©unissent fifres e ... 3 Entre les annĂ©es 1930 et les annĂ©es 1970, de nombreux cuivres reconnus Ă  l’international sont passĂ© ... Parmi les institutions qui tĂ©moignent du passĂ© colonial de la JamaĂŻque, on retrouve l’Alpha Cottage School, ouverte en 1880 par Justina Ripoll SƓur Mary Claver issue de l’ordre catholique des SƓurs de la MisĂ©ricorde. Cette institution avait Ă©tĂ© conçue comme une Ă©cole technique pour les orphelins, les enfants abandonnĂ©s ou les gamins des rues. En 1893, un orchestre de Fife and Drums2 fut créé, marquant ainsi le dĂ©but de l’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la musique au sein de cette Ă©cole. En 1908, un don d’instruments provenant de l’évĂȘchĂ© catholique de JamaĂŻque permit Ă  l’instruction musicale devenue lĂ©gendaire de l’Alpha School de s’ancrer et de se dĂ©velopper. Les annĂ©es qui suivirent, l’école se distingua en devenant le lieu de formation de nombreux musiciens aguerris, en particulier pour les instruments Ă  vent. On peut d’ailleurs estimer que neuf sur dix des plus grands musiciens jamaĂŻcains ayant existĂ© entre la fin du xixe siĂšcle et les annĂ©es 1970 sont passĂ©s par l’Alpha Boys School3. 4 Comme l’explique le saxophoniste Tony Greene SƓur Igniatius disait par exemple Ă  un garçon “mon ... 2Pendant plus de soixante ans, une sƓur en particulier, SƓur Mary Iggy » Ignatius 1921-2003, affectueusement surnommĂ©e la mĂšre de la musique jamaĂŻcaine », a tendrement encouragĂ© et guidĂ© les garçons passĂ©s par l’institution, dont la grande majoritĂ© provenait de familles Ă©clatĂ©es, de familles paysannes, pauvres, dĂ©sƓuvrĂ©es ou dans le meilleur des cas, de foyers ouvriers. L’histoire veut que SƓur Iggy ait elle-mĂȘme eu une influence directe sur l’émergence des musiciens les plus talentueux de la JamaĂŻque, en parvenant grĂące Ă  son oreille musicale Ă  les orienter vers l’instrument qui leur correspondait le mieux4. On attribue Ă  la SƓur Ignatius la dĂ©couverte de nombreux grands instrumentistes parmi les garçons les plus douĂ©s de l’école. Elle a cultivĂ© chez eux des compĂ©tences et des attitudes qui allaient propulser certains Ă©lĂšves de cette noble institution de Kingston dans le monde entier. 3L’acquisition des compĂ©tences et des attitudes nĂ©cessaires commençait par la participation Ă  des concerts lors d’évĂšnements locaux et nationaux, ou, Ă  l’occasion, dans des maisons de la classe aisĂ©e. D’aprĂšs Sparrow Martin 2007, chef d’orchestre et ancien Ă©lĂšve de l’Alpha School, en plus de se produire dans les maisons somptueuses des blancs ou des mĂ©tis fortunĂ©s, l’orchestre de l’école endossait Ă©galement des fonctions officielles Ă  la King’s House, la rĂ©sidence du Gouverneur gĂ©nĂ©ral. On nous apprenait toutes sortes de morceaux pour les diffĂ©rents Ă©vĂšnements. À l’occasion, lorsque des dignitaires ou des monarques Ă©trangers visitaient l’üle, on jouait des morceaux pour danser, pour dĂźner, et mĂȘme pour l’entrĂ©e des officiels dans la piĂšce. Dans ces moments, on jouait des chansons comme Happy Wonderer », The Morin », et Colonial Boogie ». Rico Rodriguez, le cĂ©lĂšbre tromboniste rastafarien confirme 2005 Les airs folkloriques jamaĂŻcains et caribĂ©ens, la musique classique europĂ©enne, les airs populaires amĂ©ricains et britanniques Ă©taient encouragĂ©s. En revanche, le ragtime, le blues et le jazz Ă©taient mal vus. Mais plus tard, SƓur Ignatius a autorisĂ© certains des meilleurs musiciens comme Donald Drummond Ă  se produire avec des groupes comme celui d’Eric Deans. Les annĂ©es de formation clubs jazz et musiciens 4Si le jazz en JamaĂŻque n’a jamais rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir un large public, il a toujours rĂ©uni un noyau fidĂšle de spectateurs. Au milieu des annĂ©es 1920, le Gleaner, quotidien le plus important de JamaĂŻque, commença Ă  utiliser le mot jazz dans ses pages, dans des publicitĂ©s pour des fĂȘtes dansantes, des concerts et pour les sorties des derniers disques de jazz. Ces annonces publiques tiraient profit d’un intĂ©rĂȘt croissant pour cette musique amĂ©ricaine en plein essor. Toutefois, comme dans son pays d’origine, le jazz possĂ©dait Ă©galement ses dĂ©tracteurs sur l’üle, plus particuliĂšrement mais pas uniquement au sein de l’élite, qui ne reconnaissait de valeur qu’à la musique classique. Le hot jazz, comme on l’appelait alors souvent, mĂ©langeait des Ă©lĂ©ments venus du ragtime, des rythmes d’Afrique de l’Ouest, des marches de fanfares, des spirituals, des work songs et des quadrilles français. Certains aspects de cette musique Ă©mergente Ă©taient dĂ©jĂ  connus de la plupart des JamaĂŻcains. Les spirituals Ă©taient trĂšs courants, et le ragtime faisait partie du rĂ©pertoire des pianistes depuis le dĂ©but du siĂšcle. Pour la plupart des musiciens, leurs connaissances des cuivres leur venaient essentiellement de la fanfare de l’ArmĂ©e du Salut, ou des sections de cuivres des orchestres du West India Regiment ou de l’Alpha Cottage. 5 SituĂ© Ă  proximitĂ© du port, Ă  l’est de Kingston, le Bournemouth Bath and Club Ă©tait rĂ©servĂ© Ă  l’élit ... 5Deux orchestres de bal importants de l’époque incorporĂšrent le jazz Ă  leur rĂ©pertoire les Ramblers et les Pep Entertainment Players. Ces deux sextets, composĂ©s de musiciens blancs, Ă©taient apprĂ©ciĂ©s de la classe supĂ©rieure de la ville, le trĂšs sĂ©lect Bournemouth Club d’East Kingston jouant un rĂŽle fondamental dans leur succĂšs5. Parmi les autres orchestres de l’époque, on retrouve les Deluxe Syncopators ainsi que les Hot Strutters. Cyril Harris dirigeait ce dernier groupe. Ce pianiste chevronnĂ© n’hĂ©sitait pas Ă  se rendre Ă  New York Ă  l’occasion pour se tenir au courant des derniĂšres tendances Ă©manant de ce berceau du jazz. Mais s’il a introduit les courants de jazz les plus rĂ©cents au sein du public, Cyril Harris s’est Ă©galement chargĂ© d’enseigner aux musiciens diffĂ©rents aspects de l’interprĂ©tation de l’authentique jazz moderne. 6 Le Constant Spring Hotel, aujourd’hui devenu le LycĂ©e de l’ImmaculĂ©e Conception Ă  destination des ... 6Les Hot Strutters se produisaient rĂ©guliĂšrement au Murcott Lodge, au centre de Kingston, mais aussi au Conversorium et au Lucas Sports Club, situĂ©s dans le quartier de Rollington Town. Les Syncopators Ă©taient dirigĂ©s par Adrian Duncan, un pianiste de formation classique qui fut l’un des premiers colporteurs du jazz, son premier groupe ayant Ă©tĂ© formĂ© dĂšs 1922. Les Syncopators rassemblaient un personnel mixte, composĂ© de musiciens nĂšgres » et mulĂątres ». Ils se produisaient souvent au trĂšs chic Constant Spring Hotel, au nord de St Andrew, mais aussi, parmi d’autres lieux de concerts sĂ©lects, au Conversorium6. L’intĂ©rĂȘt croissant suscitĂ© par le jazz a conduit Ă  la formation d’un nombre d’orchestres de danse plus importants dans les annĂ©es 1930. L’une des figures centrales de la scĂšne jazz locale Ă©tait Albert Bertie » King, qui forma ses cĂ©lĂšbres Rhythm Aces en 1931, et domina la scĂšne de la danse et du jazz Ă  Kingston pendant les 5 annĂ©es suivantes. Parmi les autres orchestres connus Ă  Ă©merger Ă  l’époque, on trouve, entre autres, les Red Devils de Redver Cooke, John Weston et le Blue Rhythm, les formations de Steve Dick, de Milton McPherson ou encore les Rhythm Raiders de Dan Williams. 7À la fin des annĂ©es 1930, les orchestres de danse locaux jouaient du swing et une nouvelle forme, plus dansante, de jazz amĂ©ricain, qui devint la marque de fabrique des fĂȘtes et des bals locaux jusque dans les annĂ©es 1940. Les formations swing de l’üle s’inspiraient complĂštement de leurs Ă©quivalents amĂ©ricains, interprĂ©tant les mĂȘmes arrangements Ă©crits. Les orchestres amĂ©ricains qui exerçaient la plus grande influence sur les formations locales Ă©taient ceux dirigĂ©s par Tommy Dorsey, Glen Miller, Count Basie et Duke Ellington. 8Au dĂ©but des annĂ©es 1940, les deux orchestres qui portent l’étendard du swing sur l’üle sont ceux de Milton McPherson et de Redver Cooke, tous deux formĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1930. L’orchestre swing dirigĂ© par McPherson Ă©tait considĂ©rĂ© par beaucoup comme le meilleur orchestre Ă  avoir jamais existĂ© sur l’üle, rassemblant la crĂšme des musiciens locaux. Ses prouesses lui valurent d’ĂȘtre affublĂ© du surnom de King of Swing ». Il se produisait dans tous les lieux importants, les clubs comme celui de Bournemouth, le Slipper Silver ou le Springfield, ainsi qu’au Carib Theatre. McPherson est Ă©galement Ă  l’origine d’un all star show » intitulĂ© Fashions in Music » qui s’est tenu au Ward Theatre en 1943. Ce concert trĂšs attendu prĂ©sentait les derniers dĂ©veloppements du jazz des big bands. Cooke, qui Ă©tait souvent appelĂ© le King of Bounce », jouissait Ă©galement d’un grand succĂšs, plus particuliĂšrement parmi les masses. Il dirigeait son Red Devil’s Orchestra sur toutes les scĂšnes majeures de l’üle. 9Les compĂ©titions entre groupes, dont l’origine remonte aux annĂ©es 1920, sont un autre facteur ayant contribuĂ© Ă  stimuler l’intĂ©rĂȘt du public pour le jazz et le swing. En 1926, le Gleaner montre le Palace Orchestra, orchestre rĂ©sident du Palace Theater, dans une compĂ©tition amicale avec le Hot Tamale, orchestre venu de Panama. En 1935 et 1936, les Rhythm Aces de Bertie King remportĂšrent les championnats des orchestres de danse. En 1939, Steve Dick, pianiste de jazz et chef d’orchestre rĂ©putĂ©, domina le trompettiste Doc Bramwell et ses Springfield Specials en finale d’un tournoi Ă  Ă©limination directe organisĂ© au Palace Theatre. GrĂące Ă  cette victoire, l’orchestre de Dick sera souvent dĂ©signĂ© comme les Jamaica’s Kings of Jazz » et lui, comme le Swing King ». Ces confrontations se poursuivirent dans les annĂ©es 1940, Redver Cooke et Eric Deans remportant le titre Ă  quelques occasions. Les jam-sessions jouaient Ă©galement un rĂŽle d’importance, permettant de maintenir les musiciens en forme, et leur donnant Ă  entendre ce que jouaient leurs collĂšgues. La fiĂšvre du swing qui fit rage dans les annĂ©es 1940 marqua Ă©galement l’arrivĂ©e d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de musiciens. Eric Deans et ses Liberators, Delroy Stephens et ses Commandos, les Lennox Syncopators de Rupert Miller, George Moxey et Roy White, entre autres, s’installĂšrent dans le paysage dynamique des orchestres de danse swing de Kingston. Toutefois, Ă  la fin des annĂ©es 1940, mĂȘme s’il Ă©tait encore jouĂ©, le swing connut un dĂ©clin. Le jazz avait atteint une nouvelle phase de son Ă©volution le bebop avait dĂ©barquĂ© en JamaĂŻque. 10Le saxophoniste alto Roy Coburn et son Blue Flames Orchestra, ainsi que le trompettiste Jack Brown avec son orchestre Ă©taient deux des musiciens qui introduisirent formellement le bebop dans le rĂ©pertoire de leur groupe. D’autres musiciens, comme le trompettiste Con Lewis ou le saxophoniste Marcus Brown au tĂ©nor, incorporĂšrent des aspects du jeu bebop dans leurs diverses formations. En 1948, le trompettiste Sonny Bradswhaw et ses Beboppers embrassĂšrent cette nouvelle tendance avec entrain. L’enthousiasme de Bradshaw et de ses acolytes touchait non seulement aux aspects musicaux du bebop, mais aussi au style vestimentaire et au langage qui lui Ă©taient associĂ©s. Les Beboppers amenaient ce style de jazz dans des clubs comme le Wickie Wackie Club de Bull Bay, le Success Club sur Wildman Street, mais aussi dans des concerts qui se tenaient dans des salles de spectacle Ă  succĂšs. 11Les visites de groupes swing et jazz Ă©trangers, comme celle du Hot Tamale en 1926, avaient permis d’amĂ©liorer les connaissances du public en matiĂšre de jazz et Ă©taient accueillies avec une certaine exaltation. Les rĂ©cits indiquent que c’est la visite de deux orchestres panamĂ©ens en 1937 qui accrocha tout particuliĂšrement le public. Il s’agissait de Gussie Trym and his Swing Aces, un orchestre formĂ© de onze musiciens arrivĂ© au mois de mai, ainsi que de l’orchestre de neuf musiciens dirigĂ© par Ray Cox, dĂ©barquĂ© en aoĂ»t. PrĂ©sentĂ©s comme les champions des orchestres de danse de Panama, Trym et ses acolytes s’appuyaient sur de solides connaissances en jazz et en swing, et ils impressionnĂšrent les musiciens locaux. Le public se dĂ©plaça en nombre pour Gussie Trym, au Silver Slipper Club, au Bournemouth Club, au Murott Lodge, ainsi que dans d’autres hauts lieux de la vie nocturne. Son orchestre s’y produisit en compagnie de figures locales du swing, comme les Red Devils de Cooke ou Bob White et ses Garden Harmonizers. La tournĂ©e de trente jours de Ray Cox lui fit visiter diffĂ©rents lieux de concerts de la ville, mais c’est sa participation Ă  la compĂ©tition de l’International Jazz Orchestra, au Ward Theatre, qui lui valut de laisser un souvenir impĂ©rissable aux musiciens de jazz locaux. Cette compĂ©tition de trois orchestres vit Ray Cox affronter Bob White et son orchestre, ainsi que Milton McPherson et ses Royal Jamaicans. D’aprĂšs les comptes rendus de l’époque, la victoire de Cox fut jugĂ©e aisĂ©e. McPherson termina second. Ces visites permirent d’accroĂźtre la popularitĂ© locale du jazz. 12Parmi les meilleurs musiciens de JamaĂŻque, beaucoup se sont formĂ©s dans ces orchestres des annĂ©es 1940, affinant leurs aptitudes et se construisant une notoriĂ©tĂ© formidable sur les scĂšnes locales. Pour certains musiciens, la dĂ©monstration de leurs talents au sein de ces formations leur a permis de se faire un nom des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique. Le saxophoniste Thomas McCook commença sa carriĂšre chez Eric Deans au dĂ©but des annĂ©es 1940, avec pour camarade le trompettiste Raymond Harper. À la mĂȘme Ă©poque, le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut un membre essentiel des Royal Jamaicans de Redver Cooke pendant quelques annĂ©es. Le guitariste de jazz Ernest Ranglin fit ses dĂ©buts de musicien professionnel avec l’orchestre de Val Bennett Ă  la fin des annĂ©es 1940. En 1948, Roland Alphonso, qui jouait alors du saxophone alto, joua quelque temps dans l’orchestre de Eric Deans. De son cĂŽtĂ©, Dizzy Reece, trompettiste de jazz reconnu, commença Ă  se faire remarquer dans l’orchestre de Jack Brown. 13Bien que l’éclat du swing ternĂźt dans les annĂ©es 1950, la musique de big band Ă©tait toujours privilĂ©giĂ©e pour les orchestres de danse, mĂȘme si elle Ă©tait mal vue de certains musiciens, qui souhaitaient se plonger avec plus de vigueur dans le jazz moderne. À la fin des annĂ©es 1950, une troisiĂšme gĂ©nĂ©ration de musiciens Ă©mergea et se mĂ©langea avec quelques membres de la prĂ©cĂ©dente gĂ©nĂ©ration. C’est ainsi que se firent les premiers pas d’une musique qui allait plus tard devenir un style de musique dansante jamaĂŻcain, le ska. Ce style de musique allait lui-mĂȘme influencer plus tard des styles alternatifs de la culture populaire internationale. Cette gĂ©nĂ©ration de musiciens s’inscrivit parmi les nombreux musiciens de jazz jamaĂŻcains qui rĂ©ussirent dans les musiques populaires Ă  l’international. Parmi ceux-ci, on peut citer les trompettistes Johnny Dizzy » Moore, Oswald Baba » Brooks et Raymond Harper, le cĂ©lĂšbre tromboniste Donald Don » Drummond, les saxophonistes Roland Alphonso et Thomas McCook, ainsi que le tenace pianiste de jazz, alors adolescent, Monty Alexander. Tous se trouvaient Ă  cheval entre le jazz et la musique pop. Le jazz jamaĂŻcain dans le monde le SS Empire Windrush 14En tant que sujets coloniaux du Royaume-Uni, les hommes de JamaĂŻque et des CaraĂŻbes servirent au combat au cours de la PremiĂšre et de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne en pleine phase de reconstruction lança un appel dĂ©sespĂ©rĂ© Ă  une forte main-d’Ɠuvre pour rebĂątir le pays. Cette politique devint plus Ă©vidente pour les CaribĂ©ens lorsque le SS Empire Windrush, navire militaire britannique, se mit Ă  les attirer avec des trajets bon marchĂ© pour l’Angleterre. De nombreux JamaĂŻcains au chĂŽmage sautĂšrent sur l’occasion, voyant le Windrush comme le vaisseau qui allait les conduire vers des possibilitĂ©s d’emploi infinies. Ils laissĂšrent leurs familles, que beaucoup retrouvĂšrent plus tard au Royaume-Uni. Cet exode entraĂźna le dĂ©part de certains des meilleurs musiciens de l’üle qui profitĂšrent des dĂ©marches simplifiĂ©es d’immigration vers l’Angleterre pour s’y installer de façon permanente, certains choisissant de s’établir dans d’autres pays d’Europe comme la France et l’Allemagne. 15Toutefois, certains musiciens avaient dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  Ă©migrer dĂšs les annĂ©es 1930. Les plus remarquables d’entre eux Ă©taient les trompettistes Leslie Thompson et Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza, le multi-instrumentiste Bertie King, ainsi que l’aspirant ingĂ©nieur Coleridge Goode, qui devint un bassiste de premier plan. Entre les deux guerres, les musiciens noirs britanniques se firent remarquer dans les big bands, y compris au sein d’au moins deux orchestres entiĂšrement composĂ©s de noirs, le Guyanais Ken Snakehips » Johnson et son West Indian Dance Band 1938 ainsi que le JamaĂŻcain Leslie Jiver » Hutchinson avec son Coloured Orchestra 1944. Ces deux orchestres Ă©taient composĂ©s quasi exclusivement de CaribĂ©ens et c’est dans ce vivier que les musiciens noirs amĂ©ricains en tournĂ©e venaient piocher pour Ă©toffer leurs orchestres. 7 Benny Carter 1945, Farewell Blues/I’m Coming Virginia 1945, [78 RPM] France, Swing 201. Avec Be ... 8 En 1934 et 1935, Leslie Thompson effectua une tournĂ©e en Europe avec Louis Armstrong. En 1936 et 19 ... 9 Le pianiste jamaĂŻcain York DeSouza apparaĂźt sur plus d’une douzaine d’enregistrements rĂ©alisĂ©s entr ... 16Certains musiciens, comme les saxophonistes Benny Carter et Coleman Hawkins firent appel aux services de Bertie King au saxophone alto et Ă  la clarinette, et Ă  York DeSouza pour des concerts et des enregistrements lors de leurs sĂ©jours europĂ©ens dans les annĂ©es 19307. Le trompettiste Leslie Thompson, compatriote de Bertie King, fut employĂ© par Louis Armstrong8, tandis que le trompettiste Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza9 et le bassiste Coleridge Goode trouvĂšrent les faveurs de musiciens amĂ©ricains comme Ray Elligton et Mary Lou Williams et de musiciens français, comme le couple star du Hot Club de France, Django Reinhardt et StĂ©phane Grapelli, qui apprĂ©ciaient le swing des musiciens caribĂ©ens Reinhardt, 2017. Ces JamaĂŻcains ouvrirent la voie pour les autres musiciens dont l’exode s’intensifia avec la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Les cuivres, de l’Alpha jusqu’au Royaume-Uni 17Parmi ceux qui firent alors leurs valises se trouve notamment le trompettiste de jazz Alphonso Dizzy » Reece, qui fut l’une des figures les plus importantes Ă  Ă©migrer en 1948. Il acquit une expĂ©rience de la scĂšne considĂ©rable en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne avant de revenir s’installer en Grande-Bretagne en 1950. Dizzy Reece devint l’un des plus grands trompettistes du Royaume-Uni, se produisant et enregistrant avec des musiciens amĂ©ricains en tournĂ©e. Reece fit sortir plusieurs albums de son cru avant de tenter sa chance aux États-Unis en 1959, oĂč il enregistra plusieurs albums pour l’illustre label Blue Note. Reece a participĂ© Ă  des sessions d’enregistrements avec des gĂ©ants du jazz, comme Art Blakey et ses Jazz Messengers, mais aussi Hank Mobley ou le saxophone tĂ©nor britannique Edward Brian Tubby » Hayes. Il s’est produit sur les principales scĂšnes de New York, comme le Village Vanguard, le Birdland, et chez Eddie Condon. Avant son dĂ©part de Londres, Reece se distingua en prĂ©sentant Ă  ses homologues l’un des penseurs de la musique les plus avant-gardistes de l’époque. Il s’agissait de son compatriote Joe Harriott, dont les idĂ©es modernistes, les compositions cubistes et les performances interdisciplinaires rĂ©unissant poĂštes et danseurs modernes suscitĂšrent la controverse. 18Joe Harriott, qui jouait du saxophone alto, s’était formĂ© Ă  Kingston, oĂč il avait fourbi ses armes dans les orchestres de Roy Coburn, d’Ossie DaCosta et dans le All Kings Combo, avant d’aller en Europe avec DaCosta et de s’installer en Grande-Bretagne en 1951. Harriott avait d’abord Ă©tĂ© un disciple de Charlie Parker, avant de proposer sa propre approche du jazz qui fit de lui le meneur incontestĂ© de l’avant-garde britannique. Ses mĂ©thodes lui valurent Ă  la fois d’ĂȘtre critiquĂ© et portĂ© aux nues en tant que pĂšre du free jazz europĂ©en, inspirateur de toute une gĂ©nĂ©ration. On retrouvait des CaribĂ©ens dans son groupe de travail, comme Ellsworth Shake » Keene, trompettiste originaire de l’üle de Saint-Vincent et le contrebassiste jamaĂŻcain Coleridge Goode. 19Le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut l’un des autres gĂ©ants du jazz issus de l’Alpha School. Tandis qu’il Ă©tait encore Ă©lĂšve Ă  l’Alpha, Gaynair fut autorisĂ© Ă  jouer dans le big band de Carlyle Henriques. À sa sortie de l’école, il gagna sa place au sein de la formation de Redver Cooke, puis des orchestres de Roy Coburn et d’Ozzie Wilkins. InspirĂ© par Coleman Hawkins, Eddie Lockjaw » Davis et Sonny Rollins, Gaynair dĂ©veloppa son propre son puissant. Entre la fin des annĂ©es 1940 et son Ă©migration au milieu des annĂ©es 1950, Gaynair fut considĂ©rĂ© comme la vedette des saxophones tĂ©nors de l’üle, statut qui lui valut une invitation Ă  jouer au sein de l’orchestre des Jamaica All-star de 1948. Il fit son arrivĂ©e Ă  Londres en 1956, oĂč il se fit remarquer, avant de s’installer en Allemagne, oĂč il devint l’un des musiciens de jazz les plus exceptionnels du pays. Blue Bogey », son disque de 1958, est incontestablement l’un des trĂ©sors de l’histoire des enregistrements du jazz. Comme l’affirment ses camarades musiciens Tommy McCook, Janet Enwright, Sonny Bradshaw et Roland Alphonso, l’influence de Gaynair sur les autres musiciens de l’époque fut immense. 20Le principal concurrent de Gaynair au sommet de l’art du saxophone tĂ©nor fut probablement un autre ancien Ă©lĂšve de l’Alpha School, Harold Little G » McNair. Ce dernier illustre encore une fois l’apprĂ©ciation profonde, la comprĂ©hension et l’ancrage corporel que rencontra le langage jazz chez les musiciens jamaĂŻcains. Il commença le saxophone tĂ©nor en 1945, et en l’espace de cinq ans, il fit dĂ©jĂ  partie d’orchestres swing comme celui de Whylie Lopez ou les Honeydrippers, dirigĂ©s par Baba Motta. McNair participa Ă  d’autres orchestres dirigĂ©s par Baba Motta Ă  la fin des annĂ©es 1940 et au dĂ©but des annĂ©es 1950, s’assurant ainsi un important succĂšs local. 21Les talents exceptionnels d’instrumentiste de McNair ne s’arrĂȘtaient pas au saxophone tĂ©nor. Il Ă©tait tout aussi douĂ© au saxophone alto, Ă  la clarinette, mais surtout Ă  la flĂ»te. Pour complĂ©ter le tout, il faisait un bon chanteur. Ses prouesses de multi-instrumentiste attirĂšrent l’attention Ă  l’international, lui valant de travailler Ă  Nassau, dans les Bahamas, Ă  Londres, en Europe et Ă  New York. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, il collabora et enregistra Ă  Londres avec certains des meilleurs musiciens de jazz de Grande-Bretagne, parmi lesquels Tony Crombie, Phil Seaman, Stan Tracey et Terry Shannon. À Londres, il se produisit et enregistra Ă©galement avec le grand saxophoniste amĂ©ricain Zoot Simms, au trĂšs rĂ©putĂ© jazz club de Ronnie Scott. En Europe, il fit une tournĂ©e avec Quincy Jones et Kenny Clarke. De retour au Royaume-Uni, il enregistra ce que l’on considĂšre comme son meilleur disque, Affectionate Fink McNair, 1965, sur lequel on retrouve David Izenzon, le contrebassiste d’Ornette Coleman, le batteur Charles Moffett et l’Anglais Alan Branscombe au piano. McNair eut Ă©galement du succĂšs auprĂšs des musiciens rock et pop qui Ă©mergeaient Ă  cette Ă©poque, tournant et enregistrant avec Donovan ou avec l’Airforce de Ginger Baker. Les enregistrements de McNair, comme son premier Up in the Air », Harold McNair », The Fence » ou Flute and Nut », sont parmi les plus recherchĂ©s et les plus rĂ©vĂ©rĂ©s du jazz, mĂȘme si c’est son Affectionate Fink » qui remporte tous les suffrages. Ernest Ranglin 22Le guitariste Ernest Ranglin est considĂ©rĂ©, aussi bien par les musiciens que les critiques, comme l’un des plus grands maĂźtres de l’instrument dans le jazz de ces 50 derniĂšres annĂ©es. Son talent est apparu dĂšs l’enfance, en observant ses oncles jouer de la guitare et en essayant de reproduire leurs gestes. Il Ă©coutait avec une grande attention la musique Ă  la radio et ce fut lorsqu’il entendit des disques du remarquable guitariste Charlie Christian que son destin de musicien fut scellĂ©. Encore adolescent, il rejoignit l’orchestre de Val Bennett en 1948 oĂč il se forma en jouant dans des stations balnĂ©aires et des hĂŽtels. Le fameux chef d’orchestre Eric Deans recruta Ranglin dans sa formation quelques annĂ©es plus tard, l’emmenant en tournĂ©e en HaĂŻti et aux Bahamas. Toutes ces expĂ©riences permirent au guitariste d’interagir avec des collĂšgues musiciens, d’acquĂ©rir des compĂ©tences de compositeur et d’arrangeur ainsi que d’élargir sa perception et ses conceptions de la musique. 23En 1958, Ranglin se produisait avec sa propre formation lorsque Chris Blackwell repĂ©ra son talent hors pair de musicien et lui offrit sa premiĂšre opportunitĂ© d’enregistrer. Ce fut une premiĂšre pour les deux jeunes hommes, car, le disque, rĂ©alisĂ© avec le pianiste bermudien Lance Hayward, permit de lancer Island, le label fondĂ© par Blackwell, et de rĂ©vĂ©ler Ranglin en tant qu’artiste prometteur, scellant une amitiĂ© indĂ©fectible entre les deux. Outre le jazz, Ranglin proposait des rĂ©interprĂ©tations de morceaux pop. Il dĂ©montrait par ces travaux audacieux mais accessibles qu’il savait faire preuve d’autant d’habiletĂ© dans ce domaine que dans ses interprĂ©tations plus jazz. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, Ranglin Ă©tait devenu un guitariste de choix pour les producteurs, qui insistaient pour le faire participer Ă  des sessions d’enregistrements de diverses musiques populaires, dont le mento, le rhythm and blues et le ska. 24En plus du succĂšs commercial rencontrĂ© en Angleterre par son arrangement du hit international My Boy Lollipop » pour la chanteuse Millie Small 1964 – production Ă©galement signĂ©e Blackwell – Ranglin se produisit chez Ronnie Scott, illustre jazz club londonien, devant un public enthousiaste. Cela le conduisit Ă  prolonger son sĂ©jour et Ă  se produire avec les formations de Ronnie Scott, ce qui le fit connaĂźtre d’un public plus large et lui valut d’ĂȘtre dĂ©signĂ© meilleur guitariste dans un sondage de 1964 du Melody Maker portant sur le jazz. Le bouche Ă  oreille qui se transmit par les autres musiciens de jazz, parmi lesquels Les Paul, Sonny Stitt, Randy Weston, Sonny Rollins et Ronnie Scott, permit Ă  Ranglin de poser les bases d’une carriĂšre internationale, au-delĂ  de la JamaĂŻque et de la Grande-Bretagne, qui le vit jouer en Europe, au Japon et en AmĂ©rique. BĂ©nĂ©ficiant du soutien de ses pairs et d’une carriĂšre longue de plus de soixante ans, Ranglin est devenu un musicien distinguĂ©, se produisant dans les clubs, les festivals et les concerts dans le monde entier. On reconnaĂźt en lui un musicien dont la vaste culture lui a permis de fondre son style sans difficultĂ© dans toutes les situations musicales rencontrĂ©es. DotĂ© d’une imagination vive et riche, d’une inventivitĂ© mĂ©lodique fascinante et d’un lyrisme astucieux, Ernest Ranglin, sa technique jazz et son individualitĂ© grandiose suscitent et susciteront encore l’admiration du public pendant de longues annĂ©es. Monty Alexander 25Le pianiste Monty Alexander s’est construit un crĂ©neau qui lui est propre. Ce musicien de jazz est restĂ© visible et sollicitĂ© depuis son installation aux États-Unis, il y a plus de 50 ans. De tous les jazzmen jamaĂŻcains, c’est celui chez qui transparaĂźt le plus l’influence de la musique caribĂ©enne, son sautillement, et sa pulsation. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne sache pas jouer bebop ou qu’il ne puisse pas interprĂ©ter le blues tourmentĂ© selon la tradition du vocabulaire jazz. Mais en concert, ses inflexions rythmiques particuliĂšres trahissent son trĂšs fort ancrage jamaĂŻcain. NĂ© Ă  Kingston en 1944, Monty Alexander dĂ©couvrit l’attrait du piano Ă  ses quatre ans. Vers ses six ans, ses parents l’envoyĂšrent, comme tant d’autres enfants, suivre des cours de musique. À l’ñge d’entrer au lycĂ©e, Monty Alexander commençait dĂ©jĂ  Ă  enregistrer avec des musiciens plus ĂągĂ©s, dont le contrebassiste Cluett Johnson, le guitariste Ernest Ranglin et le saxophoniste Roland Alphonso au Federal Studio. 26Il a rĂ©cemment expliquĂ© Ă  son public de Kingston que c’est lorsque ses parents l’ont amenĂ© Ă  un concert de Louis Amstrong que sa vie a Ă©tĂ© bouleversĂ©e Ă  jamais, forgeant sa vocation de jazzman. Les visites de Nat Cole, Oscar Peterson et d’autres sommitĂ©s du jazz sur l’üle ne firent que renforcer cette envie chez lui. Mais la musique populaire coulait encore dans ses veines lorsqu’il monta son premier groupe, Monty and the Cyclones, se produisant dans les clubs et obtenant mĂȘme l’opportunitĂ© d’enregistrer. En 1961, aprĂšs le dĂ©mĂ©nagement de sa famille pour Miami, en Floride, Monty Alexander trouva du travail comme pianiste dans cette ville. Au passage, il en profita pour se faire repĂ©rer par Frank Sinatra et son ami Jilly Rizzo, un propriĂ©taire de clubs qui l’invita Ă  venir jouer Ă  New York. Ce projet fut contrecarrĂ© par la prolongation d’un contrat Ă  Las Vegas, mais une nouvelle rencontre accidentelle avec Sinatra et Rizzo Ă  Las Vegas lui permit d’obtenir son billet d’avion pour New York, oĂč Monty Alexander s’est installĂ© et vit depuis lors. 27Le style de Monty Alexander s’est formĂ© sous l’influence d’Errol Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal, Wynton Kelly, pianiste d’origine jamaĂŻcaine trĂšs demandĂ©. L’intĂ©rĂȘt suscitĂ© par son jeu chez les musiciens de jazz comme Ray Brown, Harry Sweets » Edison, Milt Jackson et d’autres a permis de lancer la carriĂšre de Monty Alexander. 10 En plus d’avoir enregistrĂ© plus d’une centaine de disques avec les plus grands artistes du jazz du ... Chanteur accompli dans la tradition des crooners, Monty Alexander a, en plus des chansons populaires, rendu hommage Ă  Nat King Cole. Il a Ă©galement fait retour Ă  ses racines en montant un groupe de reggae et en enregistrant avec les musiciens de reggae Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Il a formĂ© le Harlem Kingston Express qui amalgame ses formations jazz et reggae. L’incorporation du mĂ©lodica Ă  sa musique lui a permis d’embrasser la tradition dub jamaĂŻcaine, bouclant ainsi une trajectoire faite d’allers-retours10. 28Parlant de sa conception musicale avec le critique Tom Ineck, Monty Alexander explique Ineck, 2016 Il s’agit avant tout d’une saveur. C’est une rĂ©alitĂ© tellement contagieuse pour les gens ordinaires. Par lĂ , je veux dire les gens qui ne sont pas forcĂ©ment sophistiquĂ©s, qui ne connaissent pas sur le bout des doigts les tenants et les aboutissants de l’histoire du jazz telle qu’elle nous a Ă©tĂ© transmise par les maĂźtres. Dans l’ensemble, ça vient d’une autre source. Il s’agit avant tout de danser et de se sentir bien. Les gens aiment sentir le rythme et lorsqu’on l’approche diffĂ©remment, ça produit un mariage heureux pour l’auditeur, et encore plus pour moi quand je le joue. Parce que, mĂȘme si c’est diffĂ©rent des concerts avec des musiciens purement jazz, j’y trouve mon compte. Pour moi, c’est toute une culture, c’est ma jeunesse en JamaĂŻque et mon lien avec tout ce qui a pu sortir de JamaĂŻque. Monty Alexander a jouĂ© et enregistrĂ© avec les plus grands noms du jazz, dont Clark Terry, Ernestine Anderson, Benny Golson, Ray Brown. Douglas Ewart 29On connaĂźt le JamaĂŻcain Douglas Ewart en tant que multi-instrumentiste ayant Ă  sa disposition une grande variĂ©tĂ© d’instruments, comme musicien ayant fait de la diversitĂ© culturelle la plus Ă©tendue sa demeure. D’aprĂšs certains, l’Ɠuvre crĂ©ative si diverse de Douglas Ewart pourrait ĂȘtre prise pour la production d’une culture en entier plutĂŽt que la crĂ©ation d’un seul homme ». Le critique de jazz Glenn Siegel 2015 dĂ©crit Ewart comme un improvisateur douĂ©, capable de donner naissance Ă  des sons et des histoires en temps rĂ©el, sans programme prĂ©alable ». Mais le talent de ce maĂźtre jamaĂŻcain ne s’arrĂȘte pas Ă  la musique. Comme Siegel l’explique Ewart est historien et il est Ă©galement l’ancien prĂ©sident de la trĂšs influente AACM de Chicago Association for the Advancement of Creative Musicians. Il est Ă©galement sculpteur d’envergure internationale, luthier, professeur, poĂšte et musicien. Il est l’incarnation du mot d’ordre multidisciplinaire de l’AACM ». 11 Les grounations sont des rĂ©unions et cĂ©rĂ©monies rituelles dans le mouvement rastafari, dans lesquel ... 30NĂ© Ă  Kingston en 1946, Douglas Ewart vĂ©cut son adolescence parmi la communautĂ© rastafarienne de Count Ossie, dans les collines de Wareika, oĂč il participa aux grounations11 ». Il dĂ©couvrit la musique des Skatalites, en particulier celle de Don Drummond, et se mit Ă©galement Ă  crĂ©er des objets d’art de toutes sortes. Il Ă©migra aux États-Unis en 1963 et rejoint l’AACM, oĂč il Ă©tudia le saxophone et la thĂ©orie musicale avec Roscoe Mitchell et Joseph Jarman. InspirĂ© par la force de ces deux maĂźtres des instruments Ă  vent ainsi que par les conceptions crĂ©atives du pianiste Muhal Richard Abrams, il fit sienne l’idĂ©e de l’AACM selon laquelle la musique est une question de vie ou de mort ». Lorsqu’il Ă©tait encore JamaĂŻque, Ewart avait accordĂ© autant d’intĂ©rĂȘt Ă  la musique qu’aux mouvements sociaux. Les grounations auxquelles il assista dans le camp de Count Ossie lui inculquĂšrent des aspects de la culture musicale et philosophique des Rastafariens qui allaient plus tard influencer des membres de l’AACM, plus particuliĂšrement parmi la seconde gĂ©nĂ©ration. 31Étant donnĂ©e l’étendue des concepts multidisciplinaires de l’AACM, il n’est pas surprenant que certains de ses membres se soient nourris de caractĂ©ristiques liĂ©es aux Rastafariens de JamaĂŻque. Parmi ces caractĂ©ristiques, on retrouve l’adoption du style capillaire des dreadlocks » ainsi que la musique nyahbinghi, qui furent introduits dans la culture populaire par les musiciens de reggae en tournĂ©e. Des membres de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de l’AACM figurent sur le disque de Douglas Ewart Velvet Drum Meditations », enregistrĂ© avec son Nyahbinghi Drum Choir. Cette Ɠuvre est dĂ©dicacĂ©e Ă  celui qui fut son mentor dans sa jeunesse Oswald Count Ossie » Williams et son groupe Mystic Revelation of Rastafari. George Lewis 2009 277, tromboniste, improvisateur fĂ©ru de technologie, ami proche et collaborateur d’Ewart, Ă©voquant la contribution Ă  l’AACM de ce dernier Ă©crit que Douglas Ewart est assurĂ©ment une figure charniĂšre de cette deuxiĂšme vague ». 32Douglas Ewart est un improvisateur acclamĂ© par la critique, dont la carriĂšre longue de plus d’un demi-siĂšcle l’a vu se produire dans tous les contextes musicaux imaginables le ska, le Nyahbinghi rastafarien, le Dixieland, le jazz moderne, le bebop, la musique expĂ©rimentale, la musique d’avant-garde. Il a jouĂ© avec des danseurs, des poĂštes, des peintres ainsi que des gens de la rue. Il a expĂ©rimentĂ© de nombreuses formes pour le cinĂ©ma, pour le théùtre. Il s’est produit en solo et avec de grands orchestres, avec des enfants. Il est difficile, voire impossible d’imaginer une forme que ce penseur et ce multi-instrumentiste n’ait pas explorĂ©e au nom de l’improvisation jazz. Coda 33Les musiciens de jazz jamaĂŻcains, Ă  domicile comme Ă  l’étranger, ont contribuĂ© Ă  la dĂ©finition de cette musique mondiale avec autant de conviction, d’énergie crĂ©ative et d’influence que les autres. Des grands maĂźtres du jazz, comme Bertie King, Leslie Jiver » Hutchinson, Coleridge Goode, Wilton Bra » Gaynair, Harold Little G. » McNair, Dizzy Reece, Sonny Gray, Douglas Ewart, Kenny Terroade, Ernest Ranglin, Monty Alexander et particuliĂšrement Joe Harriott se sont distinguĂ©s parmi les innovateurs les plus remarquables du jazz. Parmi ces musiciens, certains ont enregistrĂ© et se sont produits avec des AmĂ©ricains comme Louis Armstrong, le Modern Jazz Quartet, Mary Lou Williams, Benny Carter, Coleman Hawkins, Quincy Jones, Eric Dolphy, Randy Weston et Miles Davis. DĂšs 1926, le King of the Zulu » de Louis Armstrong fait appel Ă  la prĂ©sence des jamaĂŻcains dans le jazz. Alors qu’Armstrong proteste contre l’interruption de son solo par un gĂȘneur, on entend l’importun rĂ©pliquer avec son accent jamaĂŻcain Armstrong, 1926 Je viens de JamaĂŻque, et je ne veux pas interrompre la fĂȘte, mais un de mes compatriotes me dit que c’est la folie ce qu’il se passe ici. Madame, vous pouvez jouer un morceau et me dire que ça balance, mais moi, je vais prendre un cuivre et je vais vous montrer un vrai morceau de jazz de chez moi. 12 West Indian Blues » contient d’ailleurs des similaritĂ©s frappantes avec le Englerston Blues » d ... 34Le compositeur et pianiste de jazz Thomas Fats » Wallers, contemporain d’Armstrong, rendit Ă©galement hommage Ă  la contribution des JamaĂŻcains au jazz en enregistrant avec ses Jamaica Jammers le morceau West Indian Blues » en 1924, dĂ©dicacĂ© Ă  Marcus Garvey Waller, 199212. De mĂȘme, des jazzmen modernes comme Lester Bowie ou le talentueux guitariste de session Eric Gayle s’installĂšrent en JamaĂŻque au cours des annĂ©es 1970, s’abreuvant de rythmes reggae. Ils furent tous deux parmi les premiers Ă  introduire ces rythmes dans le jazz contemporain ou moderne aux États-Unis. À la mĂȘme Ă©poque, des trombonistes comme Steve Turre, Delfeayo Marsalis et George Lewis, chantĂšrent les louanges et rendirent hommage Ă  leur homologue jamaĂŻcain Don Drummond. 35De mĂȘme que le jazz a influencĂ© la musique populaire jamaĂŻcaine, les cadences et les inflexions de la musique jamaĂŻcaine et caribĂ©enne ont, Ă  de nombreuses reprises, colorĂ© le langage et rythme du jazz. La personnalitĂ© et la syntaxe des indĂ©nombrables maĂźtres respectĂ©s du jazz d’origine jamaĂŻcaine ou caribĂ©enne ont contribuĂ© Ă  modeler l’esthĂ©tique jazz. Comme Duke Ellington le fait remarquer dans un livre 1990 108-109 Toute une lignĂ©e de musiciens caribĂ©ens a dĂ©barquĂ© et a contribuĂ© Ă  ce qu’on appelle la scĂšne jazz. » Évoquant plus spĂ©cifiquement le talent hors pair de son tromboniste caribĂ©en Tricky » Sam Nanton, Ellington poursuit En fait, il jouait une forme trĂšs personnelle issue de son patrimoine caribĂ©en. Lorsqu’un type dĂ©barque ici des CaraĂŻbes et qu’on lui demande de jouer du jazz, ce qu’il joue correspond Ă  ce qu’il pense qu’est le jazz, ou Ă  ce qui dĂ©coule de sa propre interprĂ©tation de l’idiome. Tricky » et ses compatriotes Ă©taient profondĂ©ment ancrĂ©s dans l’hĂ©ritage caribĂ©en du mouvement de Marcus Garvey
 Comme il m’est arrivĂ© de le dire, le bop est le prolongement de Marcus Garvey dans le jazz. ibid. 36Les JamaĂŻcains, depuis leur expĂ©rience de la colonisation et des plantations britanniques, ont utilisĂ© la musique, y compris le jazz, pour affirmer leur libertĂ©, leur indĂ©pendance et leurs valeurs artistiques. Ce faisant, ils ont enrichi l’humanitĂ©, lui apportant un optimisme et une musique ingĂ©nieuse qui, partis de JamaĂŻque, ont essaimĂ© dans le monde entier.

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[IMAGES-INLINE-532747221b]© Bernard BenantIl est l’élĂ©gance et la courtoisie faites homme. Quand il apparaĂźt sur une scĂšne europĂ©enne tirĂ© Ă  quatre Ă©pingles, smoking et nƓud papillon de rigueur ; quand il enregistre derriĂšre un micro vintage dans la touffeur jamaĂŻcaine en dĂ©bardeur dĂ©contractĂ© ; ou quand il dĂ©ambule dans les rues parisiennes, une casquette en fourrure vissĂ©e sur la tĂȘte, Ken Boothe affiche une classe sans pareille. A presque 70 ans, le cĂ©lĂšbre chanteur jamaĂŻcain, trĂšs prisĂ© du public français, est venu dĂ©fendre Ă  Paris un nouvel album que l’on n’attendait pas. Sur la colline luxuriante de Stony Hill qui domine Kingston, il a enregistrĂ© Inna de yard, du nom de la sĂ©rie discographique emmenĂ©e par le label Makasound, devenu Chapter Two. Inna de yard traduisez dans la cour », des enregistrements live, acoustiques, de chanteurs et de musiciens reggae mythiques, parfois tombĂ©s dans l’oubli, transcrits depuis une cour de la capitale jamaĂŻcaine. Ken Boothe s’est donc prĂȘtĂ© au jeu, pour graver onze de ses propres titres, entourĂ© d’une escouade de stars Kiddus I, Cedric Myton des Congos, the Viceroys, Robbie Lynn. Loin des studios classiques que le crooner a bien connus quand il Ă©tait un des poulains de Sir Coxsone pour le mythique Studio One dans les annĂ©es soixante. Ces reprises ont Ă©tĂ© captĂ©es depuis la terrasse d’une maison, enrichies des bruits de la nature et de ces exclamations de satisfaction qui ponctuent la fin d’une prise. Ken Boothe les chante comme si c’était la derniĂšre fois qu’il les interprĂ©tait, corps et Ăąme, donnant tout de son ĂȘtre. Celui que l’on a baptisĂ© Mister Rocksteady – pour sa capacitĂ© Ă  incarner Ă  lui seul ce genre musical jamaĂŻcain apparu aprĂšs le ska et avant le reggae – est ainsi entier, habitĂ©, intense. C’est un Ken Boothe radieux qui nous a accueillis dans un cafĂ© proche de Radio France. EntourĂ© de sa femme, de sa manageuse, de ses producteurs et de la grande clique du combo Inna de yard, il savoure la pause aprĂšs une longue journĂ©e de promotion, attaquĂ©e aux aurores dans les studios de Radio Nova et terminĂ©e au Mouv. ArmĂ© d’un sourire bienveillant, ses premiers mots sont pour nous remercier de l’interviewer. Galant avant tout, vous dit-on. Rencontre.[IMAGES-INLINE-542c861968]© Bernard BenantMarianne Vous ĂȘtes une star du reggae, vous avez plus de 50 ans de carriĂšre derriĂšre vous et bientĂŽt 70 ans. Vous n’avez plus rien Ă  prouver et pourtant voilĂ  encore un album. Qu’est-ce qui a motivĂ© cet enregistrement ?Ken Boothe C’est un beau projet que m’a proposĂ© l’équipe de Chapter Two. Comme une renaissance. C’est comme ça qu’on faisait Ă  l’époque, tout commençait dans la cour en JamaĂŻque, on Ă©crivait notre musique au coin de la rue. On a un proverbe chez nous qui dit que quelque chose du passĂ© revient toujours. Mais il y a une grande diffĂ©rence cette fois la prĂ©sence des percussions nyabinghis et puis les enregistrements sont faits en extĂ©rieur. Donc ça donne un son nouveau. C’est trĂšs subtil, doux, pas tapageur. Je ne savais pas ce que ça allait donner et j’ai Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©ablement surpris. Ça ne se faisait plus du tout et c’est une bonne chose car ça participe Ă  faire dĂ©couvrir notre culture jamaĂŻcaine. Ces morceaux que j’ai Ă©crits il y a 35 ou 40 ans retrouvent une fraĂźcheur sur cet Vous dites que vous avez remontĂ© le temps en enregistrant de cette maniĂšre-lĂ , mais des jeunes, comme les chanteurs Var ou Derajah, Ă©taient prĂ©sents. Cette rencontre entre les deux gĂ©nĂ©rations Ă©tait-elle importante?KB Oh oui ! Et c’est ce que j’aime dans la musique. La musique c’est comme le miel, on ne peut jamais la voler ! Prenez MichaĂ«l Jackson, il a chantĂ© un titre Ă©crit par un Italien il y a trĂšs longtemps et se l’est appropriĂ©. C’est magnifique ça ! Les nouvelles gĂ©nĂ©rations vont entendre ces vieux morceaux. Le fait de les rĂ©enregistrer fait vivre cette musique. La transmission et le partage, c’est Sur quels critĂšres avez-vous sĂ©lectionnĂ© ces reprises ?C’est Romain Germa mon producteur qui a dĂ©cidĂ© des titres. La plupart sont des tubes, comme Artibella. Mais pas seulement. J’étais trĂšs heureux qu’il choisisse African Lady par exemple, une chanson des annĂ©es 70 Ă©crite par Bob Marley, mais qu’il n’a jamais vraiment chantĂ©e. Il l’avait Ă©crite pour Johnny Nash au dĂ©part. Ce que j’aime beaucoup dans le travail qui est fait chez Inna de Yard, c’est d’avoir l’impression qu’on va chercher un nouveau public, un autre que celui des fans. En Europe et mĂȘme en JamaĂŻque, il y a des gens, la jeune gĂ©nĂ©ration peut-ĂȘtre, qui n’avaient pas entendu parler de moi et qui me dĂ©couvrent avec ce projet. Il me semble que je passe des frontiĂšres, des caps que je n’avais pas dĂ©passĂ©s avant en terme d’audition.[IMAGES-INLINE-4b2a67b304]© Bernard BenantM En JamaĂŻque, il y a cette culture de la reprise. On a l’impression que les JamaĂŻcains rĂ©pĂštent leur musique comme on rĂ©vise un cours d’histoire. C’est la garantie de sa pĂ©rennitĂ© ?KB Oui, on a toujours fait ça, sans parfois mĂȘme savoir Ă  qui appartenait tel ou tel titre. Quand Sir Coxsone de Studio One revenait des Etats-Unis, il ramenait toujours des 45T d’Otis Redding, de Sam Cooke, etc. Il choisissait alors qui allait enregistrer quoi de ces albums. Cette maniĂšre de faire des reprises adaptĂ©es Ă  notre musique nous a aidĂ©s Ă  nous dĂ©finir comme artistes. On a ainsi dĂ©veloppĂ© notre art et prĂ©cisĂ© notre propre style. On en faisait quelque chose de diffĂ©rent. Plus qu’aujourd’hui, il y avait un vrai art de la reprise. J’en ai fait beaucoup, comme Everything I own, Ă©crit par David Gates. Ça a Ă©tĂ© mon plus grand tube, numĂ©ro 1 en Angleterre. David Gates Ă©tait si heureux ! Il m’a invitĂ© Ă  dĂźner au Grand National pour fĂȘter ça. Ce morceau avait Ă©tĂ© Ă©crit pour sa propre mĂšre, ce n’était pas du tout une chanson d’amour entre un homme et une femme comme tout le monde le pense. Mais une dĂ©claration d’amour Ă  sa mĂšre pour lui dire toute sa reconnaissance. Sa mĂšre avait souffert pour l’élever comme il fallait et quand elle est morte, ça a Ă©tĂ© son cadeau pour la remercier de lui avoir tout donnĂ©. J’ai appris l’histoire de cette chanson aprĂšs, Ă  l’époque oĂč je la chantais j’étais persuadĂ© que c’était une chanson d’amour !M Quand UB40 ou Boy George ont repris vos chansons, ça vous a donc plu?KB Boy George ! Je l’ai bien connu quand j’habitais en Angleterre. Lui et UB40 ont grandi avec ma musique. Oui, Ă  chaque fois qu’un artiste reprend un de mes titres, ça me rend extrĂȘmement heureux car je sais que ça fait vivre ma musique. Et en mĂȘme temps ça fait bouillir la marmite! Ces chanteurs trĂšs connus vendent beaucoup de disques. Mais le plus important c’est que les morceaux eux-mĂȘmes continuent d’élever l’ñme des gens. C’est ce que j’aime dans la musique quand je suis sur scĂšne et que je vois le public rĂ©agir Ă  ce que je chante. Je les rends heureux et ils me le rendent bien ![IMAGES-INLINE-ab64563305]© Bernard BenantM Il faut dire que l’amour, c’est votre registre !KB Oui, l’amour est la chose ultime pour moi. Mais je chante aussi les problĂšmes des gens, des thĂšmes qui viennent de la souffrance l’exploitation, la discrimination. Ce qui me plaĂźt c’est de pouvoir traduire ce que ressentent les gens, et les aider Ă  rĂ©flĂ©chir. Les problĂšmes sont partout sur terre, mais la seule chose qui peut directement leur parler, c’est la Que raconte la chanson Let the water run dry ?KB C’est une chanson d’amour qui parle d’une rupture et de l’ingratitude. Une femme a quittĂ© un homme et puis elle se rend compte qu’elle a fait une erreur. Quand elle revient vers lui, il ne veut plus d’elle. On peut l’interprĂ©ter plus largement aussi. Elle relĂšve de la recherche de la rĂ©demption, d’oĂč le fait de laisser couler les On vous dit amoureux de la France. Qu’aimez-vous dans ce pays ?KB Les gens ici me renvoient tellement d’amour qu’il faut bien que je leur en donne aussi ! Et puis la France a une histoire commune avec celle de la JamaĂŻque. Les gens ont souffert et se sont rĂ©voltĂ©s. La RĂ©volution. Nous aussi l’avons faite avec la reine Nanny au 18e siĂšcle ou Marcus Garvey aprĂšs. La France partage avec la JamaĂŻque cette nature rebelle. Il ne faut pas rigoler avec les Français, ce sont des contestataires ! Et ce n’est pas pour vous faire plaisir que je dis ça. J’ai peut-ĂȘtre du sang français, qui sait ? La grand-mĂšre de ma femme est française, regardez-la, elle a le nez droit de la Française ! Et pour finir j’aime aussi beaucoup le français, votre langue est L’album se termine sur Rastaman Chant, un formidable gospel avec des percussions nyabinghis. Vous mĂȘlez chant d’église et chant rasta. Ce n’est pas si courant...KB Tout le monde l’aime ce titre, Ă  commencer par moi! Et vous avez bon goĂ»t ! C’est un morceau traditionnel. Petit, j’entendais les rastas l’entonner. C’est un peu comme Redemption song. Oui il rĂ©unit l’église et les rastas. Un socle. En JamaĂŻque c’est comme ça.[IMAGES-INLINE-c132ff3a9e]Inna de Yard Ken Boothe, Chapter Two/Wagram
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