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Près de 500 à 600 sauts par an. C’est la moyenne avancée par les responsables, qui ouvrent le site une trentaine de jours dans l’année, tous les week-ends, de début mai à fin octobre. Et si d’autres sensations vous tentent, il y a depuis l’an dernier, le saut pendulaire, départ identique, mais ensuite balançoire géante entre les piles, avec des accélérations fabuleuses. Les deux sauts peuvent se faire en tandem. Depuis 1989, le saut en élastique n’est plus une activité hasardeuse réservée aux têtes brûlées strictement réglementée, elle impose un équipement aux normes internationales les élastiques sont changés tous les 150 sauts, et un encadrement qualifié, Cap liberty, se prévaut de sauts sans accident sur ses différents sites, de quoi rassurer les hésitants au moment décisif ils ne seraient que 1 à 2 % dans ce cas, et on leur donnera une deuxième chance. Des sauts mémorables Parmi les milliers de sauts, quelques-uns sortant de l’ordinaire, sont restés dans les mémoires. Celui en moto du cascadeur Patrick Pernod, imité quelques années plus tard par le local Kenny Thomas ; un saut en fauteuil roulant à l’occasion d’un Téléthon. Bien qu’ils n’aient pas sauté, on se souvient de ces musiciens du Monastier qui jouaient suspendus pendant le passage d’un Tour de France belle image pour la télévision… Kenny Thomas saute du haut du viaduc de la Recoumène. Qu’en sera-t-il cet été d’une activité qui complète bien l’offre touristique en Mézenc-Meygal et emploie 5 à 6 personnes, saisonniers en CDD ? Tout dépendra de l’après confinement, de la stratégie adoptée, des priorités. Il y a de la marge entre une saison blanche, et un rattrapage possible, mais tous les sports en sont là , bien que, sur le viaduc, on puisse, plus qu’ailleurs, échapper à la promiscuité. Pour Bertand Verschoor, un des responsables du site, le jour où l’autorisation serait donnée, le matériel est prêt tout peut repartir très vite. En juin 1988, les premiers qui ont osé sauter à l’élastique L’homo elasticus aperçu pour la première fois à la Recoumène », tel était, en juin 1988 le titre de L’Éveil au-dessus de la photo de quatre jeunes gaillards, élastique en bandoulière, au pied du viaduc. De gauche à droite Marc Gallien, Paul Demore et un ami canadien, Serge Bonnet. Photo dr. À l’époque, si quelques spécimens de l’espèce qui vit sur les ponts et se nourrit d’abîmes », avaient été observés dans le Verdon, où on avait pu étudier leurs comportements, ils n’avaient jamais été aperçus en Haute-Loire. L’élastique attaché au crochet d’attelage de la voiture La tribu vellave se composait de quatre individus Paul Demore, Serge Bonnet, Laurent Mazet, Marc Gallien, parfois accompagnés d’un cinquième lascar, ami de Paul. Tous virtuoses des sports un peu fous, parapente, kayak extrême, escalade et autres exercices à risques et frissons. Au Monastier, ils étaient alors en phase d’approche, bien décidés à imiter leurs congénères provençaux et à se jeter à leur tour dans le vide, en public et devant les caméras. Mais cette première à la Recoumène, avait demandé depuis deux mois une minutieuse préparation, dont se souvient toujours Marc Gallien, qui la raconte avec des détails méconnus. Les carnets de l’aventure L’idée m’est venue en regardant Les Carnets de l’Aventure sur Antenne 2, une émission tournée au viaduc de l’Artuby dans les gorges du Verdon. Nous avions peu de détails, mais j’avais fait des arrêts sur image sur le matériel. Il fallait trouver des élastiques latex comparables, et nous avons prospecté les entreprises de Haute-Loire. C’est un industriel de Monistrol qui, sur photo, a reconnu la fabrication d’une boîte de Feyzin avec laquelle il travaillait. Nous avons pu les avoir gratis ». L’élastique de 10 mètres, prolongé par une corde de 5 mètres la chute initiale est donc de 15, hauteur d’un immeuble de cinq étages, est composé de bandelettes de latex, elles-mêmes formées de 17 fils. En fabriquant le leur, nos amis avaient choisi la sécurité l’élastique auquel ils allaient confier leur vie comptait 884 fils alors que 400 auraient suffi… en théorie. Sacs et jerricans avant le vrai saut Lors des tests, l’élastique attaché au crochet d’attelage de la voiture de José Perez, on observait le comportement d’un sac de 100 kilos balancé dans le vide. Après sa chute libre, il descendait jusqu’à 45 mètres -le viaduc en fait 70-, puis l’élastique faisant son travail, remontait de 80 %, et les oscillations continuaient jusqu’à l’immobilisation. Le sac était difficile à remonter, alors on l’a remplacé par des jerricans remplis d’eau qu’on pouvait vider. On était prêts. L’article de L’Éveil invitait le public au premier saut, on ne pouvait plus reculer. Mais ça s’est passé en deux temps, discrètement la veille de la date annoncée, un vendredi à la tombée de la nuit, Laurent Mazet a sauté en premier, moi-même juste après. Le public non prévenu n’était pas très nombreux, par contre, le lendemain, il y avait foule, près de personnes autour du viaduc, et on a tous sauté ». Professionnalisation Pendant l’année qui a suivi, Marc et ses amis, pourtant sollicités, ont dû refuser de faire sauter d’autres personnes. Le temps de créer une association et de la faire agréer. Ce ne fut pas très compliqué. Nous avons dû signer une décharge pour la mairie du Monastier, et nous avons pu proposer les sauts au public. Je me souviens avoir fait sauter tous les boxeurs d’un club de Tours, venus en car spécialement pour l’occasion. Le temps d’une réglementation administrative passé, Philippe Lutinier nous a rejoints, en créant la Société Cap Liberty, qui a vraiment professionnalisé et pérennisé l’activité ». Maintenant, il faut souhaiter que l’histoire continue, passé le cap périlleux de l’année du virus ». Jean Grimaud