De lâinterprĂ©tation. âLe gouvernement dĂ©pose des projets de loi, le Parlement les vote, les juridictions les appliquent, les professeurs de droit commentent lois et dĂ©cisions de justice. Quant aux Ă©tudiants, ils apprennent ce circuit, qui devient lâordre naturel des choses. Chacun a son rĂŽle, çà tient ; çà paraĂźt logique et finalement, dĂ©mocratique, puisque le tout est rĂ©guliĂšrement sanctionnĂ© par le citoyen-Ă©lecteur. Et puis un jour, court-circuit ! Un mot interprĂ©tation, un verbe interprĂ©ter fait tout disjoncter, voilĂ le mot, le verbe, destructeur. Si pour appliquer la loi, il faut lâinterprĂ©ter, cela implique que la loi ne parle pas dâelle-mĂȘme, quâelle nâest pas claire, quâelle contient plusieurs sens donc aucun en particulier ; bref que la loi votĂ©e nâest pas une loi finie, que sa densitĂ© normative, câest-Ă -dire ses effets de droit, dĂ©pend davantage de lâinterprĂ©tation juridictionnelle que de lâĂ©noncĂ© lĂ©gislatif. Le courant normatif » de va plus de haut en bas â gouvernement, parlement, juridiction â mais remonte ou part dans toutes les directionsâ D. Rousseau, InterprĂ©ter ? Jâentends dĂ©jĂ les commentaires in InterprĂ©ter et traduire, ss. dir. Sueur, Bruylant, 2007, Serait-ce que le droit est en vĂ©ritĂ© tordu ? DĂ©finition de lâinterprĂ©tation. InterprĂ©ter, câest attribuer un sens dĂ©terminĂ© Ă un signe linguistique. Le Dictionnaire historique de la langue française ne dit pas autre chose interprĂ©tation » est empruntĂ© au latin classique interpretatio explication », traduction », action de dĂ©mĂȘler ». Son Ă©volution est analogue Ă celle du verbe action de donner une signification » dâabord Ă des songes, puis Ă des actes, des paroles, etc. 1440-1475, ensuite action dâexpliquer quelque chose dont le sens est obscur 1487. Pour le dire autrement, câest une opĂ©ration par laquelle une signification est attribuĂ©e Ă quelque chose. Les juristes donnent Ă ce vocable la mĂȘme signification. Câest une opĂ©ration qui consiste pour lâauteur de lâacte ou un interprĂšte Ă©tranger interprĂ©tation doctrinale, interprĂ©tation judiciaire, interprĂ©tation ministĂ©rielle de la loi Ă discerner le sens vĂ©ritable dâun texte obscur Vocabulaire juridique. FondamentalitĂ© de lâinterprĂ©tation. LâinterprĂ©tation des normes juridiques participe de la thĂ©orie gĂ©nĂ©rale du droit. ThĂ©orie gĂ©nĂ©rale ? gros mots penseront quelques Ă©tudiants impatients de pratiquer le droit ! Pourtant, le juriste, quâil soit apprenti ou passĂ© maĂźtre, fait de la thĂ©orie gĂ©nĂ©rale. Monsieur Jourdain faisait bien de la prose sans le savoir ! Jugez-en. Pour dire le droit, le juriste recense les normes et les intĂ©rĂȘts en cause, les articule, rĂ©sorbe dâĂ©ventuelles contradictions, dĂ©limite leur domaine dâapplication, les hiĂ©rarchise, pratique diverses institutions et instruments juridiques, rapproche les faits et le droit, pĂšse tenants et aboutissants, les intĂšgre dans le systĂšme juridique, Ă©conomique, politique et social. Tour Ă tour, il raisonne conformĂ©ment aux mĂ©thodes les mieux Ă©prouvĂ©es ; il est curieux de la linguistique juridique ; il interroge lâesprit des textes ; il suit les principes dâinterprĂ©tation de la loi v. Bergel, ThĂ©orie gĂ©nĂ©rale du droit, n° 9. Et il ne saurait valablement procĂ©der autrement, car le Droit est un systĂšme organisĂ© de valeurs, de principes, dâinstruments techniquesâŠquâexpriment des rĂšgles prĂ©cises dont on ne peut nĂ©gliger ni les fondements, ni les manifestations concrĂštes ou formelles ». Pour le dire autrement, le Droit est un ensemble dâĂ©lĂ©ments en interaction, constituant une totalitĂ© et manifestant une certaine organisation. Le systĂšme est cohĂ©rent parce quâil sâarticule de maniĂšre logique. On pourrait ramasser cela de la façon suivante Dis-moi quel est ton Droit, je te dirai qui tu es ! Câest que lâanalyse du Droit en tant que systĂšme peut se rĂ©sumer dans lâaffirmation simple mais fondamentale quâen Droit, tout se tient ibid., n° 8âŠplus ou moins bien ! Câest que le droit quâil nous faut pratiquer est devenu de plus en plus bavard. Les maux du langage le blessent un peu plus chaque jour. ThĂ©oriciens et praticiens pestent. Ceci Ă©tant dit, la crise de la loi nâest pas nouvelle. La loi subit une dĂ©prĂ©ciation par rapport Ă son modĂšle de rĂ©fĂ©rence, la codification napolĂ©onienne, depuis les annĂ©es 1880. Elle est considĂ©rĂ©e, dâune part, comme insuffisante tant dans son contenu que dans son mode de formation loi incomplĂšte vieillissement, lacunes ; loi supplantĂ©e comme source de droit ; lĂ©gislateur introuvable ; dâautre part, elle apparaĂźt excessive, car elle est dĂ©valuĂ©e par lâinflation lĂ©gislative ExcĂšs de la loi dâorigine parlementaire ; lois bureaucratiques BĂ©cane, M. Couderc, HĂ©rin, La loi, p. 54. Le juriste ne saurait donc ĂȘtre un automate, condamnĂ© Ă lâapplication servile dâune rĂ©glementation tous azimuts et tatillonne, menacĂ©e dâobsolescence alors que lâencre de la loi est Ă peine sĂšche, ni un apprenti-sorcier dĂ©chaĂźnant des consĂ©quences dĂ©sordonnĂ©es et imprĂ©vues pour avoir ignorĂ© la dĂ©pendance et lâinsertion de la rĂšgle de droit dans son contexte ibid., n° 1. LâinterprĂ©tation est une clĂ© essentielle de la connaissance du droit. NĂ©cessitĂ© de lâinterprĂ©tation. Câest certainement lâoffice du juge jurisdictio. La loi lui interdit du reste de prendre le prĂ©texte du silence, de lâobscuritĂ© ou de lâinsuffisance de la loi pour refuser de dire le droit. Il y aurait lĂ dĂ©ni de justice. Mais, entendons-nous bien. Câest encore le travail attendu de tout juriste. Car, voyez-vous, et contrairement Ă lâidĂ©e quâon sâen fait sur les bancs de la facultĂ©, le procĂšs nâest quâun accident de la vie juridique Cornu. Fort heureusement, il faut constater que la majoritĂ© des dispositions lĂ©gales et rĂ©glementaires se suffisent Ă elles-mĂȘmes dans un trĂšs grand nombre de cas. Sâil sâavĂ©rait que lâacte considĂ©rĂ© Ă©tait clair, lâinterprĂ©tation devrait cesser interpretation cessat in claris v. Ch. Perelman, LâinterprĂ©tation juridique in LâinterprĂ©tation dans le droit, APD, t. XVII, Sirey, 1972, p. 29, spĂ©c. pp. 30 et s. ? En vĂ©ritĂ©, la thĂ©orie de lâacte clair pĂąlit Ă mesure quâon la pratique ! Un texte peut-ĂȘtre clair mais vieilli ; clair mais dĂ©passĂ© ; clair mais contradictoire avec dâautres textes ; clair mais inadaptĂ© ; clair mais contraire Ă des considĂ©rations plus impĂ©rieuses Pascale Deumier, Introduction gĂ©nĂ©rale au droit, n° 110. Last but not least clair mais absurde. Claris cessat in absurditas ! Cela valait bien un adage formulĂ© en latin Ă©crit justement le professeur Deumier RTD civ. Il faut bien garder Ă lâesprit que chaque fois que le sens clair dâun texte contredit la finalitĂ© de lâinstitution quâil est censĂ© servir, ou heurte lâĂ©quitĂ©, ou conduit Ă des consĂ©quences socialement inadmissibles, on sâefforcera de lâinterprĂ©ter ; le texte cessera dâĂȘtre clair, car selon la valeur privilĂ©giĂ©e, la sĂ©curitĂ©, lâĂ©quitĂ© ou le bien commun, telle ou telle interprĂ©tation lâemportera en dĂ©finitive » Ch. Perelman, ibid.. Carbonnier dira, en substance, avec le sens de la formule quâon lui connaĂźt si lâapplication de la loi est essentiellement respect de la loi, lâinterprĂ©tation est la forme intellectuelle de la dĂ©sobĂ©issance » Introduction, in Ă©tat des questions, n° 158 Philosophie. La leçon Ă tirer de tout cela est que le texte clair est un mythe. Pour cause la loi a bien souvent un contenu indĂ©cis car elle est porteuse de plusieurs sens en dĂ©finitive elle est Ă texture ouverte P. Deumier, ibid.. Partant, lâinterprĂ©tation est nĂ©cessaire, car le sens de la loi ne sera connu que lorsque le dĂ©tenteur de ce pouvoir lâaura prĂ©cisĂ©. Division. LâinterprĂ©tation est un pouvoir I. LâinterprĂ©tation est une libertĂ© II. LâinterprĂ©tation est un pouvoir Division. La dĂ©tention du pouvoir dâinterprĂ©ter A. La dĂ©finition du pouvoir dâinterprĂ©ter B. La dĂ©tention du pouvoir dâinterprĂ©ter La dĂ©tention du pouvoir dâinterprĂ©ter la loi est disputĂ©e. Sur le fondement du parallĂ©lisme des formes, on a pu considĂ©rer que lâautoritĂ© qui Ă©dicte lâĂ©noncĂ© normatif est la mieux Ă -mĂȘme de lâinterprĂ©ter, partant de prĂ©ciser sa volontĂ© ejus est interpretari legem cujus est condere câest au crĂ©ateur de la rĂšgle quâil appartient de lâinterprĂ©ter. Le pouvoir dâinterprĂ©tation du droit a donc Ă©tĂ© accordĂ© au lĂ©gislateur. Ce systĂšme, tout droit venu du droit romain C. just. 1, 14, a fonctionnĂ© sous lâAncien rĂ©gime au profit du Roi Ord. avr. 1667, Titre I, art. 7 citĂ©e par Ghestin, TraitĂ© de droit civil, Introduction gĂ©nĂ©rale, n° 452, note 97. Le lĂ©gislateur rĂ©volutionnaire lâa perpĂ©tuĂ© loi 16 et 24 aoĂ»t 1790. Il survivra jusquâen 1837 v. infra. Bien quâon ait abandonnĂ© le rĂ©fĂ©rĂ© lĂ©gislatif, le lĂ©gislateur sâest reconnu le pouvoir de voter une loi interprĂ©tative. Pareille loi consiste Ă prĂ©ciser et expliquer le sens obscur et contestĂ© dâun texte dĂ©jĂ existant. Son entrĂ©e en vigueur est singuliĂšre elle prend effet Ă la date mĂȘme de lâentrĂ©e en vigueur de la loi quâelle interprĂšte. Le droit se joue dĂ©cidĂ©ment du temps. La solution Ă©tait si Ă©vidente que les rĂ©dacteurs du Code civil ont Ă©cartĂ© cette rĂšgle qui figurait dans la rĂ©daction initiale de lâarticle 2 nĂ©anmoins la loi interprĂ©tative dâune loi prĂ©cĂ©dente aura son effet au jour de la loi quâelle explique, sans prĂ©judice des jugements rendus en dernier ressort, des transactions, dĂ©cisions arbitrales et autres passĂ©es en force de chose jugĂ©e ». Ăvidence, car la loi interprĂ©tative fait corps avec la loi interprĂ©tĂ©e. Ăvidence et demi plutĂŽt câest une pure fiction. InterprĂ©tant, le lĂ©gislateur fait un choix entre plusieurs sens possibles. Partant, il crĂ©e nĂ©cessairement un droit nouveau. La Cour de cassation veille elle se rĂ©serve le droit dâapprĂ©cier si la loi est vraiment interprĂ©tative ; câest quâil ne sâagirait pas que, par mĂ©garde, le lĂ©gislateur entendĂźt donner un effet rĂ©troactif Ă la loi nouvelleâŠOĂč lâon voit une manifestation dĂ©tonante des âsĂ©parations du pouvoirâ voy. sur cette derniĂšre formulation, P. Jan, mĂ©l. Gicquel, Montchrestien, 2008 ! Il est dâautres dĂ©tenteurs du pouvoir dâinterprĂ©ter, auxquels on ne songe guĂšre lâadministration et les ministĂšres, en un mot lâexĂ©cutif. Les circulaires administratives jouent en pratique un rĂŽle important en raison des instructions donnĂ©es aux fonctionnaires. Mesures administratives dâordre intĂ©rieur, elles sont portant censĂ©es se limiter Ă guider les fonctionnaires dans lâapplication des lois et rĂšglements en leur communiquant la doctrine de lâadministration. Par leur truchement, câest pourtant un pouvoir crĂ©ateur et pas simplement rĂ©gulateur que sâaccorde lâAdministration. Pour cause ce sont les particuliers qui en sont les destinataires finaux. Et le Conseil dâĂtat nâa pas manquĂ© dâadmettre la validitĂ© dâun recours pour excĂšs de pouvoir contre les circulaires qui, comblant un vide juridique, crĂ©ent une vĂ©ritable rĂšgle de droit opposable. Sâagissant des rĂ©ponses ministĂ©rielles aux questions Ă©crites des parlementaires, il y aurait encore beaucoup Ă dire dans un sens approchant. Mais le temps manque. RĂ©servons-le au dĂ©tenteur naturel du pouvoir dâinterprĂ©ter le juge. Chacun sâaccorde sur lâexistence de lâinterprĂ©tation de la loi par le juge. Un code, quelque complet quâil puisse paraĂźtre, nâest pas plutĂŽt achevĂ©, que mille questions inattendues viennent sâoffrir aux magistrats. Car les lois une fois rĂ©digĂ©es demeurent telles quâelles ont Ă©tĂ© Ă©crites. Les hommes, au contraire, ne se reposent jamais ; ils agissent toujours et ce mouvement, qui ne sâarrĂȘte pas, et dont les effets sont diversement modifiĂ©s par les circonstances, produit, Ă chaque instant, quelque combinaison nouvelle, quelque nouveau fait, quelque rĂ©sultat nouveau. Une foule de choses sont donc nĂ©cessairement abandonnĂ©es Ă lâempire de lâusage, Ă la discussion des hommes instruits, Ă lâarbitrage des juges. Lâoffice de la loi est de fixer, par de grandes vues, les maximes gĂ©nĂ©rales du droit dâĂ©tablir des principes fĂ©conds en consĂ©quences, et non de descendre dans le dĂ©tail des questions qui peuvent naĂźtre sur chaque matiĂšre. Câest au magistrat et au jurisconsulte, pĂ©nĂ©trĂ©s de lâesprit gĂ©nĂ©ral des lois, Ă en diriger lâapplication. ⊠Il y a une science pour les lĂ©gislateurs, comme il y en a une pour les magistrats ; et lâune ne ressemble pas Ă lâautre. La science du lĂ©gislateur consiste Ă trouver dans chaque matiĂšre, les principes les plus favorables au bien commun la science du magistrat est de mettre ces principes en action, de les ramifier, de les Ă©tendre, par une application sage et raisonnĂ©e, aux hypothĂšses privĂ©es ; dâĂ©tudier lâesprit de la loi quand la lettre tue et de ne pas sâexposer au risque dâĂȘtre, tour Ă tour, esclave et rebelle, et de dĂ©sobĂ©ir par esprit de servitude. Il faut que le lĂ©gislateur veille sur la jurisprudence ; il peut ĂȘtre Ă©clairĂ© par elle, et il peut, de son cĂŽtĂ©, la corriger ; mais il faut quâil y en ait une ⊠» Portalis, Discours prĂ©liminaire du Code civil, extraits. Lâarticle 4 dispose en ce sens Le juge qui refusera de juger, sous prĂ©texte du silence, de lâobscuritĂ© ou de lâinsuffisance de la loi, pourra ĂȘtre poursuivi comme coupable de dĂ©ni de justice. ReconnaĂźtre au juge un pouvoir est une chose acquise disions-nous, reste quâil faut encore sâentendre sur le pouvoir quâon lui reconnaĂźt. B-. La dĂ©finition du pouvoir dâinterprĂ©ter Selon certains, le juge fait en permanence montre dâun pouvoir discrĂ©tionnaire, mĂȘme lorsque la rĂšgle est claire ; selon dâautres, il ne peut user de son pouvoir discrĂ©tionnaire quâen lâabsence de texte clair selon dâautres enfin, mĂȘme en lâabsence de texte clair, il nâexiste pas de pouvoir discrĂ©tionnaire du juge puisque celui-ci doit sâen remettre aux principes P. Deumier, Introduction gĂ©nĂ©rale au droit, op. cit., p. 116. La nature de lâinterprĂ©tation est disputĂ©e. Nature de lâinterprĂ©tation. Pour les uns, lâinterprĂ©tation est une fonction de connaissance, tandis que, pour les autres, lâinterprĂ©tation est une fonction de volontĂ©. Pour les dĂ©fenseurs dâune fonction cognitive, lâinterprĂ©tation ne prĂ©sente guĂšre de diffĂ©rence avec lâinterprĂ©tation des textes littĂ©raires ou religieux. Ne dit-on pas de la loi quâelle est un texte sacrĂ©, rĂ©vĂ©lĂ©, inspirĂ© ? En cette occurrence, lâinterprĂ©tation est un acte de connaissance ou de dĂ©couverte du vrai sens, du sens objectif, dâun texte normatif. De la sorte, la signification du texte considĂ©rĂ© Ă©tant unique, il nây aurait quâune bonne interprĂ©tation quâil importe au juge de dĂ©couvrir, non pas dâinventer foin dâinterprĂ©tation crĂ©atrice. Câest trĂšs prĂ©cisĂ©ment en ce sens que Montesquieu pense lâoffice du juge. Il est de la nature de la Constitution que les juges suivent la lettre de la loi De lâesprit des Lois, Livre XI, chap. VI. Le juge doit se livrer Ă un raisonnement dĂ©ductif. Saisi dâun cas particulier, le juge doit dĂ©cider seulement quel est lâarticle de loi sous lâapplication duquel il tombe, ce que le lĂ©gislateur a prescrit dans les cas de ce genre et lâintention quâon doit, par suite, lui supposer. La mĂ©thode Ă suivre est une mĂ©thode de raisonnement syllogistique. Pour Montesquieu, les articles du code sont qualifiĂ©s de thĂ©orĂšmes », le juriste de pur gĂ©omĂštre ». Admettons. Il faudrait encore que les thĂ©orĂšmes soient clairs Ă tous les coups. Sâils le sont clartĂ© et interprĂ©tation sont antithĂ©tique Perelman, Logique juridique, n° 25. Dans le cas contraire, si le texte est obscur ou insuffisant, il est fait interdiction au juge de les interprĂ©ter. Les tribunaux doivent sâadresser au corps lĂ©gislatif toutes les fois quâils croiront nĂ©cessaire soit dâinterprĂ©ter une loi, soit dâen faire une nouvelle » loi des 16 et 24 aoĂ»t 1790, art. 12 rĂ©fĂ©rĂ© lĂ©gislatif. Câest ce quâil est dâusage de nommer le lĂ©gicentrisme. Et Robespierre de dire dans une formule jusquâau-boutiste ce mot de jurisprudence doit ĂȘtre effacĂ© de notre langue ». Dans un Ătat qui a une Constitution, une lĂ©gislation, la jurisprudence des tribunaux nâest autre chose que la loi » v. BĂ©cane et alii, La loi, p. 30. LâinterprĂ©tation rĂ©glementaire est proscrite ; le Tribunal de cassation veille. Le lĂ©gislateur finira par abandonner le rĂ©fĂ©rĂ© lĂ©gislatif affaires en trop grand nombre mettant aux prises des intĂ©rĂȘts particuliers ; modification du droit source dâinsĂ©curitĂ© juridique 1837 il est symptomatique de noter chez Cadiet et Jeuland, Droit judiciaire privĂ©, le renvoi Ă la saisine pour avis de la Cour de cassation au Vis RĂ©fĂ©rĂ© lĂ©gislatif ». Pour les partisans dâune fonction rĂ©aliste, lâinterprĂ©tation se prĂ©sente comme un acte de volontĂ© de lâinterprĂšte. Il ne saurait ĂȘtre autre chose compte tenu de lâindĂ©termination du langage normatif. Pour cause, tout Ă©noncĂ© normatif est dotĂ© non pas dâune mais de plusieurs significations entre lesquelles il sâagit de choisir. Ce choix ne correspond pas Ă une rĂ©alitĂ© objective, mais traduit seulement les prĂ©fĂ©rences de celui qui lâexprime. Câest une dĂ©cision. Le produit de lâinterprĂ©tation ne peut ĂȘtre ni vrai ni faux. Le dĂ©bat sur la signification dâun texte peut se poursuivre Ă lâinfini M. Troper, Dictionnaire de la culture juridique, v° InterprĂ©tation. Le travail dâinterprĂ©tation est libre et puissant, car lâinterprĂ©tation donne corps Ă la norme v. D. Mainguy, LâinterprĂ©tation de lâinterprĂ©tation, Variations normatives II, JCP G. 2011, p. 997. LâinterprĂ©tation est une libertĂ© Division. Le principe de libertĂ© A. Les limites Ă la libertĂ© B. A-. Le principe de libertĂ© Ă proprement parler, lâinterprĂ©tation nâest pas lâapplication du droit. Elle nâest donc pas soumise au syllogisme reliant le droit aux faits voy. Ă©gal. lâarticle consacrĂ© Ă la dialectique, car elle ne concerne que la dĂ©termination de la majeure, le sens de la rĂšgle qui se dĂ©gage par une argumentation de type dialectique qui se rapporte Ă lâart de raisonner et de convaincre dans un dĂ©bat. Art de raisonner avec mĂ©thode et puissance de persuasion P. Deumier, op. cit., n° 117. Science qui permet de distinguer le vrai du faux. MĂ©thode qui conduit des principes aux consĂ©quences. PrĂ©servation de lâinconsĂ©quence CicĂ©ron, Des lois, I, 23. Dialectique est une nĂ©cessitĂ©. Le droit ne peut se passer de dialectique. Pourquoi cela ? Parce quâil faut bien avoir Ă lâesprit que la science » du droit nâest pas une connaissance immĂ©diate de la rĂ©alitĂ© par simple intuition. Sens ne se dĂ©gage que par une argumentation de type dialectique. Autrement dit, le juriste pratique un savoir raisonnĂ©. ZĂ©nati lâĂ©laboration de la justice se fait principalement au moyen de lâenregistrement de la dialectique des valeurs qui rĂ©sulte du choc de la rhĂ©torique des plaideurs » La nature de la Cour de cassation, Bicc n° 575, 15 avr. 2003. Cet enregistrement consiste dans une pesĂ©e minutieuse ayant la vertu dâengendrer par son propre mouvement une dĂ©cision. Autrement dit, le moteur principal des dĂ©cisions des juges du fond est la prudence judiciaire, non point la rĂšgle de droit F. ZĂ©nati. Le principe est celui du libre choix de lâinterprĂ©tation. Quelle que soit leur source, les mĂ©thodes dâinterprĂ©tation mises Ă la disposition de lâinterprĂšte nâont quâune valeur facultative. Cette multitude dĂ©sordonnĂ©e lui indique des directions contradictoires, car il nâa jamais Ă©tĂ© possible de les hiĂ©rarchiser. Optionnelle, indicative, non contraignante, la rĂšgle dâinterprĂ©tation est une directive, une recommandation, un conseil adressĂ© Ă lâinterprĂšte, qui se met au service de sa politique juridique et ne le lie pas Ph. Malaurie et P. Morvan, Introduction gĂ©nĂ©rale, n° 403. Il apparaĂźt en effet que les mĂ©thodes varient selon la conception du droit prĂŽnĂ©e par les juristes. Ainsi, au XIXe siĂšcle, le monopole de la loi parmi les sources de droit â lĂ©galisme ou lĂ©gicentrisme â a suscitĂ© lâessor de la mĂ©thode exĂ©gĂ©tique, puis lorsque le positivisme lĂ©galiste sâest trouvĂ© Ă©branlĂ©, de nouvelles mĂ©thodes apparurent. En somme, tantĂŽt, le juge rĂ©vĂšle lâinterprĂ©tation de lâĂ©noncĂ© normatif, tantĂŽt, il la choisit la jurisprudence pratique un Ă©clectisme tactique dans sa mĂ©thode dâinterprĂ©tation Carbonnier, op. cit.. Quelles sont-elles prĂ©cisĂ©ment ? Les outils prĂ©fabriquĂ©s par le gĂ©nie des juristes sont nombreux. On compte les rĂšgles lĂ©gales dâinterprĂ©tation, les adages, des mĂ©thodes gĂ©nĂ©rales. On nâoubliera pas les travaux de la doctrine. Le droit suisse est en ce sens suisse 1907, Titre prĂ©liminaire, Art. 1 1. La loi rĂ©git toutes les matiĂšres auxquelles se rapportent la lettre ou lâesprit de lâune de ses dispositions. 2. A dĂ©faut dâune disposition lĂ©gale applicable, le juge prononce selon le droit coutumier et, Ă dĂ©faut dâune coutume, selon les rĂšgles quâil Ă©tablirait sâil avait Ă faire acte de lĂ©gislateur. 3. Il sâinspire des solutions consacrĂ©es par la doctrine et la jurisprudence Code complĂ©tĂ© par la loi fĂ©dĂ©rale du 30 mars 1911, Livre V Droit des obligations. Il arrive que la loi art. 1156 et s. in De lâinterprĂ©tation des conventions ou un traitĂ© international Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traitĂ©s, art. 31-33 un traitĂ© doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© de bonne foi⊠édictent des rĂšgles dâinterprĂ©tation. Mais voilĂ , les rĂšgles de lâarticle 1156 s. sont plutĂŽt des conseils donnĂ©s aux juges, en matiĂšre dâinterprĂ©tation des contrats, que des rĂšgles plus rigoureuses et impĂ©ratives, dont les circonstances, mĂȘmes les plus fortes, ne les autoriseraient pas Ă sâĂ©carter » Cass. req., 18 mars 1807. Et la Cour de cassation dâaffirmer que lâarticle 1156 ne formulant pas, pour lâinterprĂ©tation des conventions, une rĂšgle Ă caractĂšre impĂ©ratif, sa mĂ©connaissance ne peut, Ă elle seule, donner ouverture Ă cassation » Cass. 1Ăšre civ., 19 dĂ©c. 1995, Bull. civ. I, n° 466. Sâagissant des adages et brocards, qui rayonnent dans tout le droit depuis la haute AntiquitĂ©, ils sont un trĂ©sorâŠnon contraignant. Lâadage est une façon de penser le droit et de le vivifier. Câest une crĂ©ation de lâesprit, une pensĂ©e qui va Ă lâessentiel. La forme est brĂšve parce que lâidĂ©e est concentrĂ©e. Lâadage extrait la quintessence dâune rĂšgle. Directif, lâadage sâadapte naturellement Ă des situations nouvelles ; il Ă©claire lâinterprĂšte en mettant en lumiĂšre dans lâessentiel les raisons de la rĂšgle ; il nourrit par sa sagesse le dĂ©bat contradictoire ; il est invoquĂ© en argument dâappoint juges et magistrats en sont friands ; il Ă©nonce un principe idĂ©al et tire le droit positif par le haut. DĂ©fi Ă lâimagination, Ă©crit Cornu, lâadage aiguillonne lâesprit et la quĂȘte de justice Dictionnaire de la culture juridique, V° Adage. Sâagissant des mĂ©thodes gĂ©nĂ©rales dâinterprĂ©tation, il en existe principalement deux. La mĂ©thode exĂ©gĂ©tique est la plus classique et la plus servile. Elle rĂ©duit le droit Ă la loi et le tient pour un ensemble clos. Insensible aux rĂ©alitĂ©s sociales ou Ă la justice, elle suit une logique infaillible lâinterprĂšte est un esclave enchaĂźnĂ© au texte. Câest une mĂ©thode Ă laquelle les contemporains du Code NapolĂ©on recourront lors de lâexposĂ© et du commentaire dudit code. La lettre et lâanalyse grammaticale du code sont les sources premiĂšres du commentateur tandis que lâintention du lĂ©gislateur est jugĂ©e secondaire. Les exĂ©gĂštes entretiennent le culte et le fĂ©tichisme du Code civil tout le code et rien que le code. Brunet Ă©crira je ne connais pas le droit civil, je nâenseigne que le Code NapolĂ©on ». Le propos est caricatural. Les zĂ©lateurs de la mĂ©thode exĂ©gĂ©tique surent dĂ©passer la lettre du code et prendre quelques libertĂ©s. Cette mĂ©thode nâa pas Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Elle revĂȘt deux formes simples. On compte une variante subjective, qui cherche la volontĂ© du lĂ©gislateur. LâinterprĂšte est invitĂ© Ă analyser la ratio legis la raison dâĂȘtre, lâesprit, le but de la loi câest lâinterprĂ©tation tĂ©lĂ©ologique, qui prend appui notamment sur les intitulĂ©s de la loi, un exposĂ© prĂ©alable des motifs, un Ă©noncĂ© gĂ©nĂ©ral. Il lui est aussi suggĂ©rĂ© de recourir aux travaux prĂ©paratoires. Dans une variante objective, la mĂ©thode exĂ©gĂ©tique sâappuie sur le texte en lui appliquant une sĂ©rie dâanalyses lexicale, grammaticale et logique. Il sâagit de dĂ©gager la cohĂ©rence intellectuelle dâune disposition ambiguĂ«. Lâemplacement dâun texte dans un code permet dâen prĂ©ciser le sens le texte sâĂ©claire par le contexte. Câest bien ainsi du reste quâil importe de procĂ©der. La seconde mĂ©thode est celle de lâeffet utile et de lâinterprĂ©tation Ă©volutive. Pragmatique, elle consiste Ă interprĂ©ter le texte sous Ă©tude contrat, traitĂ© de telle sorte quâil acquiĂšre pleine efficacitĂ© sans jamais nier les rĂ©alitĂ©s et lâopinion publique contemporaine v. par ex. art. 1157 Malaurie et Morvan, op. cit., n° 410, 411. B-. Les limites Ă la libertĂ© Sâil importe au juge dâĂ©clairer la loi, Ă la jurisprudence dâĂ©clairer le lĂ©gislateur, ce dernier peut la corriger Portalis ; v. BĂ©cane, p. 31. Bien que les voies de lâinterprĂ©tation soient impĂ©nĂ©trables, que le luxe et lâabondance des raisonnements soient un miroir aux alouettes, dire le droit nâest pas affaire de caprice. Le juge doit respecter la cohĂ©rence du droit F. Gutman in Faure et Koubi, ss. dir., Titre prĂ©liminaire du Code civil, Economica, 2003, p. 109. Il est une idĂ©ologie de lâinterprĂ©tation juridique. LâidĂ©ologie est nĂ©cessaire pour lâinterprĂ©tation, car il est des valeurs fondamentales Ă satisfaire dâun cĂŽtĂ©, la stabilitĂ© des lois, la certitude des lois, la sĂ©curitĂ© juridique⊠â valeurs statiques â ; de lâautre, la satisfaction des besoins actuels de la vie â valeurs dynamiques â J. Wroblewski, LâinterprĂ©tation en droit thĂ©orie et idĂ©ologie in LâinterprĂ©tation dans le droit, APD, t. XVII, Sirey, 1972, p. 51, spĂ©c. n° 14. Le droit nâest pas quâune collection de rĂšgles ou de dĂ©cisions de justice. Le droit est un systĂšme, un ensemble organisĂ© dâĂ©lĂ©ments, qui structure lâĂ©laboration, lâapplication et la sanction du droit, pour permettre chaque jour dâassurer la justice, la libertĂ©, la paix, la prospĂ©ritĂ©, lâĂ©panouissement des hommes v. toutefois la leçon sur la force et la lutte pour le droit. Le droit est un phĂ©nomĂšne social et normatif ubi societas, ibi jus lĂ oĂč est la sociĂ©tĂ©, lĂ est le droit. Le fils de Chronos Zeus, roi des dieux et des hommes, est parfois reprĂ©sentĂ© avec une balance ; il prĂ©side au maintient des lois ; il est garant de la justice a instituĂ© pour les hommes une loi ; tandis que pour les animaux il a Ă©tabli celle de se manger les uns les autres, puisquâil nây a pas chez eux de justice ; aux hommes il a donnĂ© la justice. LâinterprĂšte est tenu Ă un devoir de loyautĂ© envers la loi dont il est le serviteur ; ce devoir est impĂ©rieux chez le juge qui rend ses dĂ©cisions au nom du Peuple français. Justement, parce que la justice est rendue en son nom, il importe que le groupe social accepte la dĂ©cision. La rationalitĂ© de la dĂ©cision est nĂ©cessaire mais pas suffisante. Il faut encore quâelle soit acceptable â souvent juge varie, bien fol qui sây fie ? â Le juge doit certainement chercher Ă convaincre câest la raison ; il doit surtout dâemployer Ă persuader câest le cĆur v. par ex. Malaurie et Morvan, op. cit., n° 414. Il doit susciter une adhĂ©sion personnelle Ă son propre jugement de valeur concordia discordantium. Câest lâoffice du juge dire le droit â jurisdictio â et lâimposer â imperium â. Câest lĂ lâart de la rhĂ©torique et de la dialectique. Saint-Paul a dit la lettre tue, lâesprit vivifie ». Lâesprit sans la lettre, câest le vent qui sâenfuit ; la lettre sans lâesprit, câest la mort. Ă la lettre, Ă la grammaire et Ă la logique doivent sâajouter la justice et lâutilitĂ© sociale, câest-Ă -dire le droit. LâinterprĂ©tation est le droit
LaLettre Tue Mais L'Esprit Vivifie Ou Foi Et Raison (1867) - Esmenjaud, Frederic et des millions de romans en livraison rapide. Choisir vos préférences en matiÚre de cookies. Nous utilisons des cookies et des outils similaires qui sont nécessaires pour vous permettre d
{"product_id""la-clef-des-ecritures","title""La clef des Ă©critures","description""\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e\u003cspan\u003eTraitĂ© contre les juifs et les gentils qui rejettent, pour des motifs opposĂ©s mais en raison dâune mĂȘme lecture charnelle, lâadmirable harmonie de lâAncien et du Nouveau Testament, de la lettre et de lâesprit, lâAncien Ă©tant la prophĂ©tie du Nouveau et le Nouveau la rĂ©alisation de lâAncien, et ce par une mĂ©connaissance du Christ, lâunique clef des Saintes Ăcritures, qui seul donne la parfaite intelligence de lâhistoire du salut de lâhumanitĂ©.\u003c\/span\u003e\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eDans lâantiquitĂ©, ils sâappelaient Marcion, Celse, ManĂšs, Fauste⊠De nos jours, ils se nomment Soral, Timmerman, GuyĂ©not,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eHindi, Soler, Römer, Finkelstein⊠Tous, pour diverses raisons, sont des dĂ©tracteurs de lâAncien Testament et rejettent son origine divine. La lecture partiale, grossiĂšre et charnelle quâils en font, mĂȘme quand câest pour la condamner, correspond en fait Ă la lecture pharisaĂŻque codifiĂ©e par les talmudistes et assumĂ©e de maniĂšre mythique par les sionistes. \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eMalgrĂ© la diffĂ©rence de leurs principes,\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003ele sophisme philosophique et la superstition juive aboutissent aux mĂȘmes consĂ©quences la nĂ©gation de lâunitĂ© du plan divin. Les juifs soutiennent que le Christ nâa pas pu ĂȘtre annoncĂ© par les prophĂštes de lâAncienne Alliance au prĂ©texte que lâĂvangile quâil a prĂȘchĂ© contredisait leur Loi qui les obligeait de se sĂ©parer des non juifs. Et les hĂ©rĂ©tiques, eux, soutiennent que lâĂvangile, la Bonne Nouvelle du salut pour tous les peuples sans distinction, ne peut avoir aucun rapport avec lâAncienne Alliance puisquâil a justement aboli le mur de sĂ©paration quâĂ©tait la loi juive.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eLâĂglise catholique rĂ©cuse ces interprĂ©tations erronĂ©es, quâelles soient judaĂŻques ou hĂ©rĂ©tiques. Pour les PĂšres, ces \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eennemis des saintes Lettres montrent une Ă©gale ignorance de lâun et de lâautre Testament\u003c\/em\u003e. » Car le mosaĂŻsme bien compris, mais non sa trahison talmudique, nâa Ă©tĂ© que la prĂ©paration du christianisme. Tertullien, OrigĂšne, saint IrĂ©nĂ©e, saint Hilaire, saint Augustin et bien dâautres ont\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003edĂ©montrĂ© contre les hĂ©rĂ©tiques la divinitĂ© de la loi mosaĂŻque, et contre les juifs son abrogation ou son accomplissement.\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eLĂ oĂč les hĂ©rĂ©tiques imaginent une antithĂšse, il y a harmonie parfaite ; et lĂ oĂč les juifs rĂȘvent dâun Messie Ă venir, ou plutĂŽt de sa caricature tribale, il y a lâĆuvre universelle et spirituelle du Christ, dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©e comme annoncĂ©e par les prophĂ©ties.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003ePour comprendre les Saintes Ăcritures, il faut donc dĂ©passer lâintelligence de la lettre et en saisir lâesprit. \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eLâĂcriture sainte,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003edit saint GrĂ©goire le Grand\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e, par la maniĂšre mĂȘme dont elle sâexprime, dĂ©passe toutes les sciences ; car, dans un seul et mĂȘme discours, tout en racontant un fait, elle livre un mystĂšre.\u003c\/em\u003e » Adam, Abel, NoĂ©, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Joseph, MoĂŻse, la sortie dâĂgypte, lâAlliance du SinaĂŻ avec ses sacrifices et ses fĂȘtes, JosuĂ©, David, Salomon, avec le temple et son grand prĂȘtre, lâendurcissement mĂȘme de Juda et la ruine de la nation-religion israĂ©lite, tout cela forme un seul et mĂȘme grand mystĂšre que ce TraitĂ© va dĂ©voiler, pour la confusion des uns et lâinstruction des autres. Les paroles de Dieu sont en effet\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eâ esprit et vie\u003c\/em\u003eâ Jn 6, 53. Or, â\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003ela lettre tue mais lâesprit vivifie\u003c\/em\u003eâ II Cor 3, 6.\u003c\/p\u003e","brand""Saint Agobard","offers"[{"title""Default Title","offer_id"42509884653822,"sku""","price" CULTURE ET PATRIMOINE","version""Vertalingenvan het uitdrukking L'ESPRIT VIVIFIE van frans naar nederlands en voorbeelden van het gebruik van "L'ESPRIT VIVIFIE" in een zin met hun vertalingen: Mais l'esprit vivifie .. frans. nederlands. Vertalen. Nederlands. Français English Dansk Deutsch Español Italiano Svenska ŰčŰ±ŰšÙ ĐŃлгаŃŃĐșĐž àŠŹàŠŸàŠàŠČàŠŸ ÄeskĂœ ÎλληΜÎčÎșÎŹ Suomi ŚąÖŽŚŚšÖŽŚŚȘ à€čà€żà€à€Šà„
ï»żCe nâest pas Ă dire que nous soyons par nous-mĂȘmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mĂȘmes. Notre capacitĂ©, au contraire, vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables dâĂȘtre ministres dâune nouvelle alliance, non de la lettre, mais de lâEsprit ; car la lettre tue, mais lâEsprit vivifie. » 2 Corinthiens 3, lettre tue mais l'Esprit vivifie â nous vivifie !Nous avons reçu un exemple magnifique de JĂ©sus. Il est Ă©crit en Jean 8, 1-12 Ă propos de la femme qui avait Ă©tĂ© prise en flagrant dĂ©lit dâadultĂšre, et selon la loi, il fallait quâelle soit lapidĂ©e. Il fallait quâelle soit mise Ă mort. Les Pharisiens Ă©taient sur le point de la lapider â chose que MoĂŻse leur avait ordonnĂ© de faire. Mais JĂ©sus sâest baissĂ© et a Ă©crit avec le doigt sur la terre. Il a probablement Ă©crit ce qui est Ă©crit dans le livre de la Loi Tu ne convoiteras pas. » Lorsque les Pharisiens ont vu cela, ils se sont tous retirĂ©s un Ă un, le plus ĂągĂ© en premier. Contrairement aux autres commandements, la convoitise est un pĂ©chĂ© cachĂ© Ă lâintĂ©rieur. Puisque la convoitise Ă©tait cachĂ©e, personne ne pouvait y rĂ©sister. Ils se sont donc tous sentis coupables. Personne nâarrivait Ă respecter cette dit alors Ă la femme Je ne te condamne pas non plus ; va, et ne pĂšche plus. » Câest lĂ lâĂ©vangile de la nouvelle alliance nous pouvons recevoir le pardon pour nos pĂ©chĂ©s et nous ne sommes pas condamnĂ©s Ă continuer de pĂ©cher comme des pĂ©cheurs dit Ne pĂšche plus ! » Il nous donne la force par le Saint-Esprit afin que le pĂ©chĂ© cesse et que le pĂ©cheur puisse continuer de vivre et de se dĂ©velopper. Câest bien mieux que lorsque le pĂ©cheur est mis Ă mort. Dans lâancienne alliance, il est clair que les hommes craignaient de pĂ©cher car il y avait une condamnation Ă mort pour ceux qui ne respectaient pas la loi. Mais JĂ©sus a apportĂ© quelque chose de bien mieux. Les hommes peuvent maintenant sortir du pĂ©chĂ© et vivre une vie meilleure, une toute nouvelle vie en lettre tue mais l'Esprit vivifie â au sein de notre ministĂšrePaul Ă©tait un pharisien, un homme trĂšs capable et douĂ©. Il connaissait certainement toutes les punitions qui sâappliquaient Ă chaque infraction que les hommes commettaient. Mais il ne connaissait pas les secrets de lâhomme, les choses cachĂ©es, les raisons pour lesquelles ils faisaient ce quâils faisaient. Le ministĂšre de la lettre peut ĂȘtre trĂšs destructeur lorsque nous travaillons avec dâautres personnes. Câest pourquoi il est fondamental de recevoir un sens exercĂ© pour Ă©couter et obĂ©ir Ă la voix de lâ Ă©tait dans la faiblesse et dans la crainte. Il dit aux Corinthiens quâil nâĂ©tait pas venu avec un discours persuasif de la sagesse, mais avec une dĂ©monstration de lâEsprit et de la puissance. 1 Corinthiens 2, 3-5 Ce quâil craignait, câĂ©tait que tout ce quâil avait appris aux pieds de Gamaliel allait lâinfluencer de sorte quâil ne soit pas libre de servir Dieu selon lâEsprit. Il avait donc besoin dâune rĂ©vĂ©lation de lâEsprit. Seul lâEsprit pouvait lui rĂ©vĂ©ler ces choses cachĂ©es. Câest pourquoi il est venu dans la faiblesse, la crainte et avec de grands tremblements. Il ne pouvait rien faire de lui-mĂȘme. Car dorĂ©navant, il ne sâagissait plus seulement de savoir quelle Ă©tait la punition, mais dâamener les hommes Ă une vie EsaĂŻe, Dieu dit Ma nation, prĂȘte-moi lâoreille. » Nous avons besoin dâapprendre Ă discerner ce que Dieu veut, Ă discerner sa bonne volontĂ© ; nous devons lui prĂȘter lâoreille, et pĂ©nĂ©trer dans ses pensĂ©es, parce que les cieux sont Ă©levĂ©s au-dessus de la terre, et que ses pensĂ©es sont plus Ă©levĂ©es que nos pensĂ©es. EsaĂŻe 55, 8-9 Nous devons ĂȘtre circoncis Ă lâĂ©gard de toutes les choses de cette terre. Alors nos pensĂ©es doivent se tourner vers autre chose, elles sâĂ©lĂšvent vers le ciel et nous sommes Ă©levĂ©s avec Christ, et assis dans les lieux cĂ©lestes. Nous accĂ©dons alors aux pensĂ©es de Dieu par lâEsprit de rĂ©vĂ©lation, et nous commençons Ă entendre la voix de lâ est Ă©crit plus loin en 2 Corinthiens 3, 17 Or, le Seigneur, câest lâEsprit ; et lĂ oĂč est lâEsprit du Seigneur, lĂ est la libertĂ©. » Il nây a pas de libertĂ© pour nâimporte quoi, mais il y a la libertĂ© dâĂȘtre transformĂ© Ă lâimage de JĂ©sus. Câest lĂ la libertĂ© que nous pouvons obtenir. Ce nâest pas une fausse libertĂ©, mais câest la vraie libertĂ© lorsque nous sommes transformĂ©s de gloire en gloire. 2 Corinthiens 3, 18Cet article se fonde sur un discours de KĂ„re Smith du 28 mai 2019.
Lalettre tue mais l'esprit vivifie. Ăglise Nouvelle CrĂ©ation. 21 mins · ·
Abstract Index Outline Text Notes References Author Abstracts Le phĂ©nomĂšne de relecture des Ăcritures nâest pas propre au Nouveau Testament. Il Ă©tait dĂ©jĂ Ă lâĆuvre dans lâAncien et se poursuivra dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne. La figure de lâAlliance nouvelle en est une belle illustration. En Jr 38,31-34, selon la Septante, sa nouveautĂ© est son caractĂšre intĂ©riorisĂ©. Dans Jr 31,31Â34, selon le Texte massorĂ©tique, lâaccent est mis en retour sur le caractĂšre Ă©ternel de lâengagement du Seigneur. En HĂ©breux, la pointe de lâargumentation porte sur le caractĂšre Ă la fois dĂ©cisif et unique de lâalliance scellĂ©e par le sang du Christ. Avec Thomas dâAquin enfin, on passe dâune thĂ©ologie de lâimminence He 10,37 Ă une thĂ©ologie de chrĂ©tientĂ© faite pour durer dans un monde dont elle assure la cohĂ©rence de la pensĂ©e. Revisiting the Scriptures is not a privilege of the New Testament. That practice was already common in the Old Testament and was to be continued in Christian theology. The figure of the New Alliance is a perfect example. In Jr 38, 31-34, in the Septuagint, the novelty is its interiorized character. In Jr 31, 31-34, in the massoretic text, what is emphasized is the eternal character of the commitment of the Lord. In the Letter to the Hebrews the core of the argument bears on the simultaneously decisive and unique character of the Alliance sealed by the blood of Jesus-Christ. Finally with Thomas Aquinas, a theology of imminence He 10,37 is replaced by a theology that is to last for long years in a world where that theology guarantees the coherence of of page Full text 1 P. Buis, La notion dâalliance dans lâAncien Testament, Paris, Ăd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La no ... 1Le thĂšme de lâAlliance a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© Ă de multiples reprises, notamment par P. Buis pour lâAncien Testament et par A. Jaubert pour le judaĂŻsme intertestamentaire1. Aussi rien ne sera dit ici sur le riche lexĂšme hĂ©braĂŻque berĂźt ni sur les verbes karat et natan, qui le plus souvent lâaccompagnent. Le prĂ©sent article est consacrĂ© Ă la seule alliance nouvelle » et plus prĂ©cisĂ©ment Ă la citation de lâoracle de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux 8,8-12 et 10,16-17 et Ă son Ă©tude par Thomas dâAquin dans le Commentaire de cette Ă©pĂźtre. Il nous paraĂźt en effet judicieux de considĂ©rer non seulement lâaffirmation, dans la grande homĂ©lie christologique nĂ©otestamentaire », de lâaccomplissement de lâoracle jĂ©rĂ©mien, mais aussi lâaval de cette affirmation dans la pensĂ©e dâun auteur qui a incontestablement marquĂ© la thĂ©ologie chrĂ©tienne. Notre article comprend donc deux parties la premiĂšre consacrĂ©e Ă lâaffirmation par lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux de lâaccomplissement christique et la deuxiĂšme Ă lâexĂ©gĂšse de cette mĂȘme Ă©pĂźtre par Thomas dâAquin. I. Les citations de JĂ©rĂ©mie 31 38, 31-34 dans lâEpitre aux HĂ©breux 1. La source 2 B. Renaud, Nouvelle ou Ă©ternelle alliance ? Le message des prophĂštes, Paris, Ăd. du Cerf, 2002, p. ... 2Seul dans lâAncien Testament, JĂ©rĂ©mie avait annoncĂ© une alliance nouvelle ». En revanche, lâalliance noachique de Gn 9 et lâalliance abrahamique de Gn 17 », Ă©crit B. Renaud, sont prĂ©sentĂ©es comme des alliances Ă©ternelles berĂźt ĂŽlam2 ». Le livre de JĂ©rĂ©mie prĂ©sente une deuxiĂšme particularitĂ© la version de la Septante LXX y est plus courte de mots environ que celle du texte massorĂ©tique TM. Enfin, si la LXX et le TM parlent Ă©galement dâune alliance nouvelle et insistent sur son caractĂšre permanent, ils nâarticulent pas de la mĂȘme façon ces deux aspects. 3Pour la LXX, le Seigneur avait fait preuve de dĂ©sintĂ©rĂȘt envers les pĂšres » parce quâils nâĂ©taient pas demeurĂ©s dans lâalliance. Mais il nâen rejette pas pour autant IsraĂ«l. Il veut mĂȘme conclure une nouvelle alliance » inscrite dans les cĆurs et marquĂ©e par lâintĂ©riorisation. A IsraĂ«l dâentrer dans ce projet divin de nouvelle alliance » ; alors il y aura pour lui une nouvelle raison dâespĂ©rer, malgrĂ© tout. 3 Voir LĂ©vitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prĂȘtres lĂ©vitiques des hommes qui se tien ... 5 Jr 31, 35 TM se rĂ©fĂšre aux lois cosmiques dâorganisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lo ... 6 Bogaert, Le livre de JĂ©rĂ©mie en perspective les deux rĂ©dactions antiques selon les travau ... 4Le TM marque beaucoup plus nettement le contraste entre, dâun cĂŽtĂ©, le caractĂšre Ă©ternel de la fidĂ©litĂ© du Seigneur envers IsraĂ«l et, de lâautre, la responsabilitĂ© exclusive du peuple dans la rupture, laquelle cependant nâest pas irrĂ©mĂ©diable, puisque Dieu promet la remise des pĂ©chĂ©s. Ici, on ne peut pas ne pas penser au systĂšme dâexpiation des fautes mis en place dans le cadre du code sacerdotal3. De davidique, lâalliance avec Dieu est devenue sacerdotale4. Avec Bogaert5, nous lisons Jr 31,35-37 TM et sa modification par rapport Ă Jr 38,35-37 LXX en lien Ă©troit avec la longue addition6 favorable Ă la dynastie et au sacerdoce Jr 33,14-26 TM que ce fragment annonce. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans lâancien. ExĂ©gĂšse intra-biblique et hermĂ©neutique de ... 5Le phĂ©nomĂšne de relecture des Ecritures ne date pas du Nouveau Testament. Il Ă©tait dĂ©jĂ Ă lâĆuvre dans lâĂ©laboration et la transmission de lâAncien7. LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, marquĂ©e par lâĂ©vĂ©nement pascal, articule les deux aspects de permanence et de nouveautĂ© selon une disposition qui lui est spĂ©cifique. 6Alors quâil ne fait quâune seule mention de lâalliance Ă©ternelle » He 13,20, le Nouveau Testament reprend plusieurs fois lâexpression alliance nouvelle ». Si les textes tĂ©moins sont peu nombreux, ils sont fondamentaux. Ils se situent principalement dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux et dans les rĂ©cits de la CĂšne, sans oublier 2 Co 3,6 [Dieu] nous a rendus capables dâĂȘtre ministres dâune alliance nouvelle, non de la lettre, mais de lâesprit ; car la lettre tue, mais lâEsprit vivifie ». 8 S. Benetreau, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Vaux-sur-Seine,Ădifac, t. 2,1990, p. 85. 9 Lâauteur se sert de la polysĂ©mie de diathĂȘkĂ« pour rĂ©aliser un glissement sĂ©mantique, temporaire, Ă ... 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveautĂ©. Bien que C. Spicq estime quâ ils son ... 7Il reste que, dans le Nouveau Testament, câest dans notre Ă©pĂźtre que le mot alliance » diathĂȘkĂȘ est le plus frĂ©quent. Il y figure 17 fois8. Plus prĂ©cisĂ©ment, le mot diathĂȘkĂȘ, employĂ© 2 fois en annonce He 7,22 et 8,6, se trouve 4 fois dans la longue citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 ; il est ensuite repris 11 fois dans cette mĂȘme Ă©pĂźtre. La Traduction ĆcumĂ©nique de la Bible TOB le rend 15 fois par le mot alliance » et 2 fois par le mot testament » He 9, Lâexpression proprement dite diathĂȘkĂȘ kainĂȘ alliance nouvelle intervient 3 fois 2 fois explicitement He 8,8 ; 9,15 et une fois implicitement He 8,13. On en rapprochera lâemploi de lâexpression diathĂȘkĂȘ nea une alliance neuve/jeune en He 12,24, tout en maintenant une distinction de sens10. 3. La place des citations de JĂ©rĂ©mie 3138, 31-34 dans HĂ©breux 11 Sâajoute un Ă©pilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de lâhomĂ©lie proprement dite. 12 Nous suivons, pour lâessentiel, A. Vanhoye, La structure littĂ©raire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Paris, ... 8LâhomĂ©lie, qui constitue la quasi-totalitĂ© de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux11, comprend un prologue 1,1-4 et cinq parties12 a Le Christ est situĂ© par rapport aux anges, Ă Dieu et aux hommes 1,5Â2,18 ;b JĂ©sus est le grand prĂȘtre digne de foi et misĂ©ricordieux 3,1-5,10 ;c Le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans Ă©gale 5,11Â10,18 ;d PersĂ©vĂ©rez dans la foi ! 10,19-12,13 ;e Vivez sur des pistes droites ! 12,14-13,19. 9La premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 se trouve donc dans la troisiĂšme partie le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans Ă©gale » 5,11-10,18. AprĂšs une longue invitation Ă prĂȘter attention 5,11-6,20, cette troisiĂšme partie est elle-mĂȘme subdivisĂ©e en trois sections. 10La premiĂšre section 7,1-28 prĂ©sente un exposĂ© initial sur la supĂ©rioritĂ© du sacerdoce de JĂ©sus comparĂ© au sacerdoce lĂ©vitique. 11La deuxiĂšme section 8,1-9,28 indique en quel sens et de quelle façon le Christ est arrivĂ© Ă la perfection ». AnnoncĂ©e par le mot-crochet alliance », qui est rĂ©pĂ©tĂ© 8, la premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 est insĂ©rĂ©e dans cette section, plus prĂ©cisĂ©ment mĂȘme dans la sous-section 8,7-13. Ensuite, 9,1-28 compare longuement la mort de JĂ©sus au rituel du Jour du Grand Pardon. HĂ©breux trace un parallĂšle entre le grand prĂȘtre, qui entre chaque annĂ©e dans le Saint des Saints avec le sang des boucs et des taureaux, et JĂ©sus, qui entre une fois pour toutes dans le sanctuaire divin avec son propre sang, scellant ainsi la nouvelle alliance. 12La troisiĂšme section 10,1-18 clĂŽt cette troisiĂšme partie en rappelant que Dieu prĂ©fĂšre lâobĂ©issance Ă une multiplicitĂ© de sacrifices. Câest cette obĂ©issance qui entraĂźne lâefficacitĂ© parfaite du sacrifice du Christ pour nous dĂ©livrer de nos pĂ©chĂ©s une fois pour toutes » 10,10.Nos pĂ©chĂ©s sont maintenant pardonnĂ©s, comme le souligne la reprise partielle de la citation jĂ©rĂ©mienne en 10,16-17 ; mais, maintenant aussi, revers de la mĂ©daille, il nây a plus dâoffrande pour le pĂ©chĂ©. Avant dâĂ©tudier 10,16-17, revenons Ă la premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie en He 8,8-12. 4. La citation de JĂ©rĂ©mie 31 38, 31-34 en HĂ©breux 8, 8-12 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40- ... 14 La teleiĂŽsis vise en fait la qualitĂ© de prĂȘtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passio ... 13HĂ©breux suit de trĂšs prĂšs le texte de la Septante13. La seule diffĂ©rence de quelque importance se lit dans le premier verset kai suntelesĂŽ epi ton oikon IsraĂȘl je conclurai avec la maison dâIsraĂ«l, alors que la LXX Ă©crit kai diathĂȘsomai tĂŽi oikĂŽi IsraĂ«l je mâallierai Ă la maison dâIsraĂ«l. Dans les trois versets repris de Jr 3138,31-33, lâauteur dâHĂ©breux transpose trois fois diffĂ©remment le diathĂȘsomai de la LXX dâabord en suntelesĂŽ je conclurai v. 8, puis en epoiĂȘsa je fis v. 9 et enfin en diathĂȘsomai je mâallierai v. 10. Il est vraisemblable que, pour la premiĂšre des trois traductions du verbe exprimant la conclusion de lâalliance, lâauteur a choisi un Ă©quivalent linguistique, suntelesĂŽ, rappelant lâidĂ©e, importante pour lui, de la teleiĂŽsis14 action de parfaire, accomplissement He 7,11. 15 Spicq, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », dans Focant Ă©d., La Loi dans lâun etlâautre Test ... 17 Tout en restant globalement trĂšs fidĂšles Ă la LXX, les manuscrits dâHĂ©breux prĂ©sentent entre eux qu ... 14Le texte dâHĂ©breux prĂ©sente quelques autres diffĂ©rences mineures avec la LXX. Mais seule lâomission de dĂŽsĂŽ aprĂšs didous donnant 8,10 est intĂ©ressante sur le plan thĂ©ologique, car elle a pour effet de sĂ©parer lâexpression donnant mes lois » des complĂ©ments de lieu qui la suivent. C. Spicq nâest pas de cet avis quand il traduit Donnant mes lois dans leur entendement / Et dans leur cĆur je les inscrirai15 ». Mais, demeurant fidĂšle au texte grec, A. Vanhoye propose En donnant mes lois / câest dans leur pensĂ©e et dans leurs cĆurs que je les inscrirai16 ». Cette intelligence du texte est plus apte Ă expliquer lâinversion en He 10,16 des complĂ©ments de lieu - pensĂ©e et cĆurs -en rapport lâun et lâautre avec le mĂȘme verbe, epigrapsĂŽ jâinscrirai17. 15Ne diffĂ©rant de la traduction donnĂ©e par C. Spicq dans la Bible de JĂ©rusalem que par le rattachement des complĂ©ments de lieu au verbe epigrapsĂŽ jâinscrirai He 8,10, la TOB donne la traduction suivante dâA. Vanhoye 8 En fait, câest bien un reproche quâil leur adresse Voici des jours viennent, dit le Seigneur, oĂč je conclurai avec la maison dâIsraĂ«l et avec la maison de Juda une alliance nouvelle,9 non pas comme lâalliance que je fis avec leurs pĂšres, le jour oĂč je les pris par la main pour les mener hors du pays dâEgypte. Parce quâeux-mĂȘmes ne se sont pas maintenus dans mon alliance, moi aussi je les ai dĂ©laissĂ©s, dit le Car voici lâalliance par laquelle je mâallierai avec la maison dâIsraĂ«l aprĂšs ces jours-lĂ , dit le Seigneur en donnant mes lois, câest dans leur pensĂ©e et dans leurs cĆurs que je les inscrirai. Je deviendrai leur Dieu, ils deviendront mon Chacun dâeux nâaura plus Ă enseigner son compatriote ni son frĂšre en disant Connais le Seigneur ! car tous me connaĂźtront, du plus petit jusquâau plus grand,12 parce que je serai indulgent pour leurs fautes et de leurs pĂ©chĂ©s, je ne me souviendrai En parlant dâune alliance nouvelle, il a rendu ancienne la premiĂšre ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est prĂšs de disparaĂźtre. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », dans J. Coppens Ă©d., La ... 16Lâauteur dâHĂ©breux intĂšgre rĂ©ellement les trois caractĂ©ristiques de la nouvelle alliance annoncĂ©e par JĂ©rĂ©mie loi intĂ©rieure, relation personnelle avec Dieu, pardon des pĂ©chĂ©s18, puisquâil rapporte, sans lâinterrompre, le long oracle de Jr 3138,31-34. Pourtant ce qui lâintĂ©resse au premier chef, câest le constat du vieillissement de lâancienne alliance He 8,13. Le message jĂ©rĂ©mien du salut Ă venir, prĂ©sentĂ© comme un reproche explicite He 8,7, est recontextualisĂ© dans lâaffirmation du fondement de lâalliance nouvelle ayant donnĂ© sa propre vie pour ses frĂšres, le Christ est le vrai mĂ©diateur. En He 10,18, la dure consĂ©quence de cette affirmation est tirĂ©e de la reprise partielle de Jr 31,31-34. 5. La reprise de la citation de Jr 31 38, 31-34 en He 10, 16-17 17Les diffĂ©rences entre la citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 et sa reprise en He 10,16-17 sont assez importantes. Outre que lâauteur omet la plus grande partie des versets du texte-source, il remplace certains mots. Nous nâen sommes plus au mĂȘme point de lâargumentation. La TOB traduit ainsi Câest ce que lâEsprit Saint nous atteste, lui aussi. Car aprĂšs avoir dit Voici lâalliance par laquelle je mâallierai avec eux aprĂšs ces jours-lĂ , le Seigneur a dĂ©clarĂ© En donnant mes lois, câest dans leurs cĆurs et dans leur pensĂ©e que je les inscrirai, et de leurs pĂ©chĂ©s et de leurs iniquitĂ©s je ne me souviendrai plus. He 10,15-17. 18Cette traduction prĂȘte Ă discussion. Elle rend en effet le prĂ©sent legei du texte originel par un passĂ© composĂ© il a dĂ©clarĂ© ». Par ailleurs ce legei kurios est la proposition principale dâune phrase commençant par la subordonnĂ©e infinitive mĂ©ta gar to eirĂȘkenai aprĂšs avoir dit. Ici, la pointe de lâargumentation sâest dĂ©placĂ©e par rapport Ă He 8,8-12. Il y a dĂ©jĂ un acquis lâinstauration de lâalliance nouvelle, argumentĂ©e en He 8,1-9,28. Nous devons maintenant prendre conscience de ce que cette instauration implique. Nous sommes devant un beau cas de mutation de la pointe dâune citation en fonction dâune contextualisation nouvelle, auquel nous rend sensibles une structure grammaticale diffĂ©rente ce qui, dans le texte citĂ©, Ă©tait une rĂ©flexion conclusive - de leurs pĂ©chĂ©s et de leurs iniquitĂ©s je ne me souviendrai plus » - devient, dans le texte citant, la proposition principale. 19Selon Jr 3138, 31-34, faut-il le rappeler, lâalliance nouvelle est fondĂ©e sur le pardon divin. Dieu ne se souvient plus des pĂ©chĂ©s, il les efface. Il offre ainsi Ă son peuple un avenir nouveau. Le TM met lâaccent sur le fait que câest grĂące aux prĂȘtres et Ă la fĂȘte de Kippour que Dieu pardonne et que lâalliance peut donc perdurer, malgrĂ© les manquements humains. 20Or lâauteur dâHĂ©breux voit les choses diffĂ©remment. AprĂšs avoir citĂ© Jr 31,34, il commente aussitĂŽt ce verset dans les termes suivants LĂ oĂč il y a eu pardon, on ne fait plus dâoffrande pour le pĂ©chĂ© » He 10,18. Il en tire plus loin la conclusion Si nous pĂ©chons dĂ©libĂ©rĂ©ment [...] il ne reste plus pour les pĂ©chĂ©s aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement » He 10,26 s, rappelant lâanathĂšme initial de He 6,6. La recontextualisation de Jr 3138,34 par lâĂ©pĂźtre est dure Ă entendre pour les destinataires mais ce qui doit les maintenir dans la foi, câest que la Parousie est toute proche He 10,37. Il convient de tenir bon jusque-lĂ . 6. La mutation de la figure de lâ alliance nouvelle » dans HĂ©breux 19 C. Spicq, La thĂ©ologie des deux alliances dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », Revue des Sciences Philoso ... 21La grande originalitĂ© de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux dans la thĂ©ologie de lâalliance est dâavoir rattachĂ© celle-ci au sacerdoce et au sacrifice du Christ. Le culte chrĂ©tien sâexprime dans le sacrifice eucharistique. La nouvelle alliance purifie les consciences. Elle est stable et Ă©ternelle 12,28. Inscrite dans lâesprit et le cĆur, elle est lâunion personnelle de chaque Ăąme avec Dieu. Elle est une science mystique de Dieu19. 22Dans 8,7-13 et 10,16-17, lâintertextualitĂ© est mise au service dâune dĂ©monstration, celle de lâimperfection de la premiĂšre alliance, Ă laquelle sâoppose le caractĂšre dĂ©cisif et non-rĂ©itĂ©rable de la nouvelle. Lâoracle sur lâ alliance nouvelle » passe du statut de prophĂ©tie annonçant au peuple dâIsraĂ«l des jours meilleurs vers celui de preuve rhĂ©torique invitant Ă tenir bon, sans dĂ©faillance. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux aujourdâhui », dans M. Gourgues et L. Laberge Ă©d., De bie ... 23JĂ©rĂ©mie, constatant la faillite de lâancienne alliance, concluait quâil y en aurait une nouvelle. Par une dĂ©marche inverse, HĂ©breux, aprĂšs avoir dĂ©duit de lâexcellence du mĂ©diateur lâexcellence de la nouvelle alliance20, infĂšre, de la perfection mĂȘme de cette derniĂšre, son caractĂšre non rĂ©itĂ©rable. Le Christ rĂ©alise la visĂ©e des sacrifices, non par un acte rituel renouvelable Ă volontĂ©, mais par lâacte existentiel du don de sa propre vie21, par dĂ©finition unique. 24Câest pourquoi la rĂ©pĂ©tition rituelle nâest plus la garantie de la permanence mais le signe de lâĂ©chec. Lâauteur proclame nous avons Ă©tĂ© sanctifiĂ©s par lâoffrande du corps de JĂ©sus Christ, faite une fois pour toutes » 10,10. Ce une fois pour toutes » a deux aspects dâune part, il est dĂ©cisif ; dâautre part, il ne laisse pas de deuxiĂšme chance. La mutation apportĂ©e Ă la figure de lâ Alliance nouvelle » est le reflet dâune situation historique prĂ©cise le reflux des communautĂ©s chrĂ©tiennes, auquel rĂ©pond lâadjuration insistante Ne dĂ©sertons pas nos assemblĂ©es » 10,25. 25Lâexhortation dâHĂ©breux repose aussi sur une conviction câest que encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera lĂ ; il ne tardera pas » 10,37. Le dĂ©lai qui nous est laissĂ© avant cette venue est un sursis qui nous est accordĂ© dans une perspective de paideia correction, afin que mĂ»risse en nous cette diathĂȘkĂ« kainĂȘ alliance nouvelle, aujourdâhui encore un peu jeune diathĂȘkĂȘ nea 12,24. Mais, le temps passant, cette argumentation devra ĂȘtre prĂ©cisĂ©e. A une thĂ©ologie de lâimminence devra se substituer une thĂ©ologie de la permanence. Le commentaire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux par Thomas dâAquin nous en offre un bel exemple. II. Le commentaire dâHĂ©breux 8 et 10 par Thomas dâAquin 22 Ă. Cothenet, LâĆuvre exĂ©gĂ©tique de saint Thomas dâAquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quin ... 26Alors que lâĆuvre thĂ©ologique et philosophique du docteur angĂ©lique a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e Ă maintes reprises, son Ćuvre exĂ©gĂ©tique lâa Ă©tĂ© beaucoup moins. Câest tout rĂ©cemment quâont Ă©tĂ© publiĂ©s, aux Editions du Cerf, le Commentaire sur les Psaumes 1996, le Commentaire sur lâĂvangile de saint Jean, t. I 1998, le Commentaire de lâĂ©pĂźtre aux Romains 1999, le Commentaire de la PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens 200222 ainsi que, derniĂšrement, le Commentaire de la DeuxiĂšme Ă©pĂźtre aux Corinthiens 2005. La seule traduction française du Commentaire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux reste celle de lâabbĂ© BralĂ© 1874. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux de saintThomas ... 24 Les rĂ©fĂ©rences au Commentaire de S. Thomas dâAquin sont donnĂ©es Ă deux Ă©ditions OpĂ©ra omnia, Ă©d. ... 27Thomas a probablement donnĂ© son cours sur lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux dans les annĂ©es 1265-126823. Il prĂ©cise dâabord lâobjet » de celle-ci Dans cette Ă©pĂźtre, il [lâApĂŽtre] fait ressortir la grĂące mĂȘme dans le chef de lâĂglise, câest-Ă -dire en JĂ©sus-Christ24. » Les versets 8-12 du chapitre 8, reproduisant la citation de Jr 3138,31-34, sont commentĂ©s par Thomas dans les leçons II et III de la section de son ouvrage consacrĂ©e Ă ce chapitre. 28C. Spicq observe que Thomas intĂšgre nettement lâexĂ©gĂšse Ă la thĂ©ologie 25 C. Spicq, Thomas dâAquin saint. VI. Saint Thomas dâAquin exĂ©gĂšte », Dictionnaire de ThĂ©ologie c ... lâexĂ©gĂšse de saint Thomas est thĂ©ologique en ce sens que le texte biblique est exploitĂ© en vue de fournir un argument aux thĂšses thĂ©ologiques ; lâexĂ©gĂšte dĂ©gage du donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ© des arguments scripturaires, soit que ceux-ci servent de base au raisonnement, soit quâils appuient une conclusion Ă©tabliedâavance25. 29Il faut donc comprendre le commentaire de Thomas en tenant lâexĂ©gĂšse pour servante de la thĂ©ologie ». Aussi, dans notre analyse des deux passages citant lâoracle de Jr 31,31-34, nous nous intĂ©resserons dâabord Ă la mĂ©thode exĂ©gĂ©tique He 8,6-13, ensuite Ă quelques aspects plus thĂ©ologiques He 10,11-39. Mais, en tout premier lieu, sur quel texte biblique Thomas travaille-t-il ? 1. Le texte biblique de Thomas 26 Avant son dĂ©part pour Paris en 1252, Thomas dâAquin avait, dans son commentaire du livre de JĂ©rĂ©mie ... 27 C. Spicq, Esquisse dâune histoire de lâexĂ©gĂšse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 30Comme ses contemporains, Thomas ne possĂšde que le texte latin de la Vulgate. Sâil mentionne des variantes26, câest chez ses devanciers quâil les rencontre et non sur des manuscrits ; il ignore le grec et lâhĂ©breu27. Notons les cas suivants pour lâexĂ©gĂšse de He 8,8-12. 31a. Thomas compare feriam de Jr 31,31 Ă consummabo de He 8,8 28 Ăd. VivĂšs, p. 653 ; Ăd. Marietti, p. 422, n° 395 s. Câest lĂ lâautoritĂ© du prophĂšte JĂ©rĂ©mie, oĂč on ne la trouve pas tout Ă fait dans ces termes, mais avec trĂšs peu de changements. On y lit [...] Je ferai une nouvelle alliance feriam foedus novum [...] », [...] lâApĂŽtre dit Je mĂšnerai Ă sa perfection consummabo. »Ad Hebraeos [Ad Hebr.], chapitre 8, leçon 228. 32b. Thomas met Ă©galement en parallĂšle neglexi je les ai mĂ©prisĂ©s He 8,9 et dominatus sum je leur ai fait sentir ma domination Jr 31,32. 33c. Il repĂšre un pluriel mes lois » He 8,10 face au singulier ma loi » Jr 31,33. 34d. Lorsquâil reproduit les mots leurs pĂ©chĂ©s », au pluriel He 8,12, il indique quâil existe une autre version le singulier, leur pĂ©chĂ© » Jr 31,34 ; câest alors du pĂ©chĂ© originel quâil sâagit. 29 Torrell, Saint ThomasdâAquin, maĂźtre spirituel. Initiation 2, Fribourg, Ăd. Universitaires, P ... 35Quant Ă la canonicitĂ© de lâĂ©pĂźtre, elle est assurĂ©e pour Thomas par lâusage de lâĂglise. Aussi, le prologue de son commentaire ne retient comme question exĂ©gĂ©tique que celle de lâauthenticitĂ©. Il en donne une analyse trĂšs historico-positive29 », mettant notamment en avant le critĂšre du style. Ainsi la Somme explique-t-elle les diffĂ©rences de style entre cette Ă©pĂźtre et les autres par le fait que ces derniĂšres auraient Ă©tĂ© Ă©crites en grec et celle-lĂ en hĂ©breu, langue maternelle de Paul La Glose dit, en effet, au sujet de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux il nâest pas Ă©tonnant que cette Ă©pĂźtre soit plus Ă©loquente que les autres. Il est en effet naturel Ă chacun de mieux parler sa propre langue quâune langue Ă©trangĂšre. Or les autres Ă©pĂźtres, lâApĂŽtre les a composĂ©es dans une langue Ă©trangĂšre, le grec, mais celle-ci il lâa Ă©crite en hĂ©breu. IIa-IIae, q. 176, a. 1. 2. Thomas dâAquin et He 8, 6-13 36Dans le commentaire sur He 8,6-13, nous observons deux particularitĂ©s qui, sans ĂȘtre propres Ă Thomas, jouent chez lui un grand rĂŽle. LâexĂ©gĂšse thomasienne accorde dâune part une importance dĂ©cisive Ă la division du texte » et postule dâautre part lâunitĂ© organique du texte biblique. a La division du texte » 30 JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre de lâancienne et de la nouvelle alliance. Ătude thĂ©ologiqu ... 37La division du texte » est, sans doute, la particularitĂ© de lâexĂ©gĂšse thomasienne la plus importante par ses consĂ©quences. Son unique but Ă©tant de nourrir la foi du lecteur, Thomas met tout en Ćuvre pour lire lâĂcriture sainte dans lâEsprit qui lâa inspirĂ©e. Pour lui, rechercher lâintention de lâauteur », grĂące Ă la division du texte, câest rechercher la vĂ©ritĂ© dĂ©jĂ donnĂ©e par la RĂ©vĂ©lation30. 38Tout cela peut nous surprendre, habituĂ©s que nous sommes Ă parler de plan » ou de structure » plutĂŽt que de division du texte », comme Ă ne pas tenir compte du fait que, pour Thomas, lâinterprĂ©tation doctrinale du texte saint dans lâĂglise appartient au sens littĂ©ral. A. Guggenheim prĂ©cise bien la diffĂ©rence de point de vue entre lâexĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale et lâexĂ©gĂšse moderne en Ă©crivant 31 Ibid., p. 673, n. 46. Le P. Vanhoye a mis en Ă©vidence avec rigueur une structure littĂ©raire du texte de lâEpĂźtre aux HĂ©breux, en sâattachant avec attention Ă la dĂ©termination du sensus » du texte [...] En fait, la division du texte » des mĂ©diĂ©vaux ne se situe pas seulement au niveau de la structure » du texte ; elle passe peut-ĂȘtre trop vite Ă travers cette Ă©tape. Elle est surtout un acte dâinterprĂ©tation de lâintention de lâauteur », de sa sententia31. 32 Ăd. VivĂšs, p. 563 ; Ăd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », Cahiers Ăvangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, Ă©crit Vanhoye, la dĂ©couverte de la structure littĂ©raire dâune Ćuvre doit normalement pe ... 35 Guggenheim, JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre..., p. 564, n. 59. 39Ainsi A. Vanhoye, aprĂšs une Ă©tude approfondie et avec de solides indices, a proposĂ© une structure littĂ©raire en cinq parties principales. Au Moyen Ăge, Thomas divisait » lâĂ©pĂźtre en seulement deux parties He 1,1-10,39 supĂ©rioritĂ© du Christ et He 11,1-fin comment les membres doivent sâunir Ă la tĂȘte Ad Hebr. 1, l32. Cette diffĂ©rence dâapproche se voit Ă©galement dans la dĂ©termination du centre » de lâĂ©pĂźtre. Selon lâapproche littĂ©raire de Vanhoye, le nom du Christ grand prĂȘtre a Ă©tĂ© choisi comme clef de voĂ»te de toute la structure. Il est au point central 9,11 de la section centrale 8,1Â9,28 de la partie centrale 5,11-10,3933. » Thomas dâAquin, quant Ă lui, place le centre thĂ©ologique en He 8,13 et conclut que lâauteur vise avant tout Ă dĂ©montrer la supĂ©rioritĂ© de la nouvelle alliance sur lâancienne, proche de sa fin. Alors que lâexĂ©gĂšte contemporain34essaie, en un premier temps, de dĂ©tecter dans le texte les indices objectifs de sa structure, lâauteur mĂ©diĂ©val rĂ©alise un acte hermĂ©neutique dâensemble qui, tout en apparaissant plus personnel, se veut aussi en communion surnaturelle avec les auteurs de lâĂcriture et ses commentateurs dans la foi de lâĂglise35. 36 G. Dahan, Introduction Ă Thomas dâAquin, Commentaire de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, trad. J ... 40La division du texte » va des plus grands ensembles jusquâaux plus petites unitĂ©s de sens versets ou fragments de versets. Le mode dâargumentation sâefforce de ramener le texte biblique Ă une suite de raisonnements36 et le commentaire de lâunitĂ© de base du sens prend souvent une forme analogue Ă celle dâun article de la Somme. A titre dâexemple, lâanalyse de He 8, 11 se prĂ©sente ainsi 37 Ăd. VivĂšs, p. 655 ; Ăd. Marietti, p. 424, n° 407 s. Quand lâApĂŽtre dit ensuite Et chacun dâeux nâaura plus besoin dâenseigner son prochain et son frĂšre, » [...] Alors on objecte sed contra que lâApĂŽtre lui-mĂȘme sâappelle le docteur des Gentils [...] Il faut rĂ©pondre respondeo que ce qui est dit ici peut sâentendre de deux maniĂšres [...] Ad Hebr. 8, 337. 41Câest tout Ă fait le schĂ©ma scolastique affirmation - objection rĂ©ponse Ă lâobjection. Sous cette armature dialectique, la mĂ©thode employĂ©e consiste Ă expliquer lâĂcriture par lâĂcriture. b LâunitĂ© du texte biblique 42Pour interprĂ©ter un texte, Ă©carter une objection, les mĂ©diĂ©vaux peuvent citer un tout autre texte de lâĂcriture. La conclusion de lâarticle 3 de la question I de la Prima Pars est des plus explicites sur ce point La doctrine sacrĂ©e est bien une science une. [...] tout ce qui est connaissable par rĂ©vĂ©lation divine sâunifie dans la raison formelle de cette science et, de ce fait, se trouve compris dans la doctrine sacrĂ©e comme dans une science unique. » La doctrine sacrĂ©e chez Thomas est la thĂ©ologie en tant que science procĂ©dant rationnellement des premiers principes, soit les articles de foi, pour aller vers des conclusions vraies, dĂ©jĂ connues grĂące Ă la RĂ©vĂ©lation. 38 Le chemin de la thĂ©ologie chez Thomas dâAquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 43LâĂcriture sainte est son propre interprĂšte38. Le vĂ©ritable sens littĂ©ral dĂ©coule de lâanalogie de la foi, selon laquelle la vĂ©ritĂ© dâun passage concorde avec la vĂ©ritĂ© dâun autre. Câest ainsi que le commentaire des six versets de He 8,8-13 compte 53 citations, complĂštes ou fragmentaires, dâHĂ©breux et de JĂ©rĂ©mie, 51 citations dâautres textes de lâĂcriture et dâAugustin, pour seulement 86 commentaires ou mots de liaison thomasiens. Au total, sur 190 groupes continus de mots », plus de la moitiĂ© sont des citations de lâĂcriture ou dâAugustin. Trois exemples concrĂ©tiseront cette affirmation 39 Ăd. VivĂšs, p. 654 s. ; Ăd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. LâApĂŽtre dit donc He 8, 10 Jâimprimerai mes lois dans leur esprit. » [...] Câest ce que fait le Saint Esprit I Jn, 2,27 Comme son onction vous enseigne toutes choses ; » Jn, 14,26 Le Saint Esprit vous enseignera toutes choses ».Parce que He 8,11 tous me connaĂźtront, depuis le plus petit jusquâau plus grand », voilĂ indiquĂ©e la raison pour laquelle nul nâaura besoin dâenseigner son prochain et son frĂšre, câest que tous connaĂźtront le Seigneur » I Jn, 3,2 Nous le verrons tel quâil est. » Câest dans cette vision que consiste la bĂ©atitude Jn 17,3 La vie Ă©ternelle consiste Ă vous connaĂźtre, vous qui ĂȘtes le seul Dieu vĂ©ritable, et JĂ©sus-Christ que vous avez envoyĂ©. »En appelant donc He 8,13 cette alliance du nom de nouvelle, il a montrĂ© que la premiĂšre vieillissait », câest-Ă -dire il a donnĂ© Ă entendre que cette alliance Ă©tait ancienne or ce qui se passe et vieillit est proche de sa fin ; » si donc lâancienne alliance est telle, elle doit ĂȘtre rejetĂ©e Lv 26,10 Quand viendront les fruits nouveaux, vous rejetterez les vieux » Ad Hebr. 8, 2 s.39. 44Nous ne nous aventurerons pas Ă Ă©valuer comparativement lâexĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale et lâexĂ©gĂšse contemporaine, car elles ne se situent pas au mĂȘme stade de la lecture de la Parole de Dieu. Relevons simplement quâen faisant de He 8,13 le centre thĂ©ologique de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Thomas dĂ©concerte quelque peu, de prime abord, lâexĂ©gĂšte moderne. Lâeffort hermĂ©neutique Ă rĂ©aliser face Ă son commentaire de He 10,11-39 est encore plus important, dans la mesure oĂč, par la force des choses, Thomas doit substituer Ă une thĂ©ologie de lâimminence une thĂ©ologie de la permanence. 3. Thomas dâAquin et He 10 45Sans reprendre tout le commentaire de He 10,11-39, limitons-nous Ă celui de cinq versets 10,26-29 et 37 particuliĂšrement caractĂ©ristiques du passage dâune thĂ©ologie de lâimminence Ă une thĂ©ologie de la permanence. a He 10, 26-28 46Thomas Ă©crit Ă propos de He 10,26 et des versets suivants 40 Ăd. VivĂšs, p. 679 ; Ăd. Marietti, p. 449, n° 516. quand lâhomme a Ă©tĂ© rĂ©parĂ© par la grĂące, dâune maniĂšre complĂšte, il est en son pouvoir dâĂ©viter un pĂ©chĂ© mortel et mĂȘme tel pĂ©chĂ© vĂ©niel en particulier ; [...] Câest ce qui fait dire Ă S. Paul [...] He 10,26 Il nây a plus dĂ©sormais dâhostie pour les pĂ©chĂ©s » [...]. Câest ainsi que, le baptĂȘme une fois reçu, on nâattend plus un autre baptĂȘme Ad Hebr. 10, 340. 47Alors que la mention du pĂ©chĂ© mortel » fait plutĂŽt attendre une prĂ©cision sur le sacrement de pĂ©nitence, Thomas rappelle le principe de la non-rĂ©itĂ©ration du baptĂȘme. Câest sur ce point quâil fait porter le caractĂšre unique du sacrifice du Christ et non pas sur une pratique du sacrement de pĂ©nitence destinĂ©e Ă absoudre les pĂ©chĂ©s commis aprĂšs le baptĂȘme, pratique que Thomas se garde bien de rĂ©cuser. Il relĂšve dâailleurs dans la Somme Le baptĂȘme reçoit de la passion du Christ la vertu de produire une gĂ©nĂ©ration spirituelle liĂ©e Ă la mort spirituelle de la vie prĂ©cĂ©dente. Mais il a Ă©tĂ© Ă©tabli que les hommes ne meurent quâune fois et ne naissent quâune fois. VoilĂ pourquoi lâhomme ne doit ĂȘtre baptisĂ© quâune fois. Mais la puissance que la pĂ©nitence reçoit de la Passion du Christ est une puissance de guĂ©rison spirituelle qui peut ĂȘtre souvent renouvelĂ©e. IIIa, q. 84, a. 10. 48On voit bien ici comment, pour tenir compte de la pratique ecclĂ©siale de son temps, Thomas interprĂšte le texte de He 10,26 s, distinguant fort judicieusement entre sacrement du baptĂȘme non rĂ©itĂ©rable la lettre dâHĂ©breux est maintenue et sacrement de pĂ©nitence qui peut ĂȘtre souvent renouvelĂ© la pratique ecclĂ©siale de son temps est confirmĂ©e. b He 10, 29 49Lâexplication de He 10,29 aurait pu amener le docteur angĂ©lique Ă traiter du pĂ©chĂ© dâapostasie. Or, il va placer son commentaire dans une perspective morale qui adoucit nettement le propos du verset de rĂ©fĂ©rence 41 Ăd. VivĂšs, p. 680 s. ; Ăd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. LâApĂŽtre dit v. 29 Combien donc croyez-vous que celui qui aura foulĂ© aux pieds le Fils de Dieu sera jugĂ© digne dâun plus grand supplice » [...] Celui [...] Ă qui la foi a Ă©tĂ© annoncĂ©e et qui la mĂ©prise est puni plus sĂ©vĂšrement, parce que le pĂ©chĂ© dâinfidĂ©litĂ© est trĂšs grave. Si donc nous Ă©tablissons une comparaison entre le chrĂ©tien et le juif qui ne mĂ©prise pas la loi, et que lâun et lâautre soient coupables dâadultĂšre, le chrĂ©tien sera puni plus sĂ©vĂšrement que le juif, parce que le premier est chĂątiĂ© non seulement pour le pĂ©chĂ© dâadultĂšre, mais encore parce quâil montre une plus grande ingratitude Ad Hebr. 10, 341. 50Ce qui constituait, pour HĂ©breux, un couperet christologique devient ainsi, pour Thomas, une exhortation morale Ă lâadresse de chrĂ©tiens qui, ayant plus reçu, doivent se sentir les destinataires dâexigences morales plus grandes. 42 Lâintervention divine est Ă©galement donnĂ©e comme imminente en He 10,25 Ne dĂ©sertons pas nos ass ... 51Mais, Ă©videmment, câest dans le commentaire de He 10,37 que le passage dâune thĂ©ologie de lâimminence42 Ă une thĂ©ologie de la permanence se fait le mieux sentir. c He 10, 37 52Thomas porte sa rĂ©flexion mĂ©taphysique et thĂ©ologique sur le statut des croyants, quel que soit le temps oĂč ils vivent. Il tient Ă©galement compte dâun temps historique qui dure et, selon toute apparence, est appelĂ© Ă durer encore longtemps. Pour lĂ©gitimer la lettre de He 10,37, non seulement il relativise la durĂ©e par rapport Ă lâĂ©ternitĂ© - 2 P 3,8 le fait aussi en citant Ps 90,4 - mais il introduit la distinction entre jugement universel et jugement particulier, distinction inconnue de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux 43 Ăd. VivĂšs, p. 684 s. ; Ăd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. Quand lâApĂŽtre ajoute v. 37 Parce que, encore un peu de temps, etc. ; »[...] il y a deux espĂšces dâavĂšnement du Seigneur, ainsi quâil y a deux sortes de jugement, lâun gĂ©nĂ©ral, [...], bien quâil y ait encore un grand laps de temps par rapport Ă la durĂ©e et par rapport Ă nous, il est court toutefois par comparaison Ă lâĂ©ternitĂ© Ps. 89,4 Devant vos yeux, mille ans sont comme le jour dâhier qui est passĂ© ; » [...] En second lieu, quant au jugement particulier, qui se fait Ă la mort, [...] il importe peu quâil y ait encore beaucoup ou peu de temps, car chacun sera tel Ă ce jugement quâil sera sorti de la vie Ad Hebr. 10,443. 44 Les thĂ©ologiens, Thomas en tĂȘte, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en ... 53Il convient de prĂ©ciser que lâeschatologie thomiste est nettement anti-millĂ©nariste. La nuance entre les deux jugements est Ă comprendre dans cette perspective44. La pĂ©rennitĂ©, distinguĂ©e de lâimminence, signifie que lâĂąge ultime est dĂ©jĂ lĂ , dans le temps de lâĂglise, et quâil y a un seul Ă©vĂ©nement eschatologique, la seconde venue du Christ lors du jugement dernier. 4. Lâ alliance nouvelle » chez Thomas dâAquin 45 L. J. Elders, La relation entre lâancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas dâAquin », ... 46 A. Guggenheim, VĂ©ritĂ© et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 54LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux est au cĆur des rapports entre les deux Testaments. Or, câest en figures que lâ parle du Christ, alors que le en apporte la rĂ©alitĂ©45. Dans son commentaire de lâĂ©pĂźtre, Thomas donne de comprendre plus prĂ©cisĂ©ment, Ă lâaide de la figure vĂ©tĂ©rotestamentaire de lâentrĂ©e du grand prĂȘtre dans le Saint des Saints, le lien de la Passion et de la RĂ©surrection du Christ avec lâinauguration de lâAlliance nouvelle46 ». Son commentaire scripturaire est Ă lire en dialogue avec la Somme thĂ©ologique. Celle-ci Ă©nonce que le sang du Christ a Ă©tĂ© donnĂ© aux hommes de deux façons. Dâabord en figure, ce qui appartient Ă lâancienne alliance. [...] Ensuite le sang du Christ a Ă©tĂ© donnĂ© aux hommes dans sa rĂ©alitĂ©, ce qui revient Ă la nouvelle alliance. » IIIa, q. 78, 55Le rapport entre la loi ancienne et la nouvelle correspond Ă celui de lâimparfait et du parfait La fin de la loi divine, câest de conduire lâhomme Ă sa fin, la fĂ©licitĂ© Ă©ternelle. Or [...] pareille tĂąche exige la grĂące de lâEsprit Saint, [...] cette grĂące, la loi ancienne ne pouvait la confĂ©rer, cela Ă©tait rĂ©servĂ© au Christ [...] Il sâensuit que la loi ancienne Ă©tait bonne, mais imparfaite, comme lâindique lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux 7,19 La loi nâa rien conduit Ă la perfection. » I-IIae, q. 98, a. 1. 56 Loi ancienne » et ancienne alliance » sont liĂ©es. Le lien est encore plus fort entre nouvelle Alliance », loi de grĂące » et don de lâEsprit-Saint ». Ce qui prime dans la loi de la nouvelle alliance, ce en quoi rĂ©side toute son efficacitĂ©, câest la grĂące du Saint-Esprit, donnĂ©e par la foi au Christ. [...] Nul nâa jamais possĂ©dĂ© la grĂące du Saint-Esprit si ce nâest par la foi au Christ, explicite ou implicite. Or, par la foi au Christ, on appartient Ă la nouvelle alliance. Il sâensuit que tous ceux en qui fut dĂ©posĂ©e cette loi de grĂące appartenaient de ce fait Ă la nouvelle alliance. I-IIae, q. 106, a. 1. 57La loi nouvelle est une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure. Le principal en elle est la grĂące du Saint-Esprit. Le docteur angĂ©lique rĂ©alise ainsi un approfondissement de la figure de la nouvelle alliance » le cĆur de la loi nouvelle, et donc de la nouvelle alliance, câest la grĂące. Sa grande nouveautĂ©, en regard de lâĂ©pĂźtre commentĂ©e, câest quâil instaure son discours thĂ©ologique comme un traitĂ© eschatologique sur le dessein de salut subordonnĂ© Ă lâunique notion de grĂące mais aussi comme un discours permanent, historiquement adaptĂ© Ă une chrĂ©tientĂ© appelĂ©e Ă durer dans un temps qui est loin dâĂȘtre arrivĂ© Ă son terme. 58Nul ne contestera que la notion dâalliance soit centrale dans lâAncien Testament et mĂȘme dâune façon plus large dans la Bible chrĂ©tienne tout entiĂšre, ainsi que dans la rĂ©flexion thĂ©ologique postĂ©rieure. Cependant cette notion dâalliance nâest pas monolithique ; elle a Ă©tĂ© lâobjet constant de relectures. Le prĂ©sent article a voulu le montrer en suivant, Ă partir des versions septuagintale et massorĂ©tique du livre de JĂ©rĂ©mie, le parcours de la figure de lâ alliance nouvelle » dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, puis dans le commentaire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux dĂ» Ă Thomas dâAquin. 59Dans la version grecque du livre de JĂ©rĂ©mie, les IsraĂ©lites ne sont pas demeurĂ©s dans lâAlliance. Mais si Dieu montre du dĂ©sintĂ©rĂȘt pour eux, il ne rejette pas IsraĂ«l. Il veut Ă nouveau conclure une alliance, inscrite cette fois dans le cĆur de chacun. 60Le texte massorĂ©tique de JĂ©rĂ©mie souligne plus nettement le contraste entre le caractĂšre Ă©ternel de la fidĂ©litĂ© du Seigneur envers IsraĂ«l et la responsabilitĂ© exclusive du peuple dans la rupture. Mais, Ă cette propension congĂ©nitale du peuple Ă la faute, il y a un antidote lâinstitution sacerdotale et son systĂšme trĂšs Ă©laborĂ© dâexpiation. 61LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, quant Ă elle, articule les deux aspects, septuagintal et massorĂ©tique, de la figure de la nouvelle alliance » dâune façon des plus originales. Au plan matĂ©riel, le texte de rĂ©fĂ©rence est le texte septuagintal, quelque peu retouchĂ© ; mais, au plan rĂ©flexif, lâauteur nous situe dans un contexte nettement cultuel et sacerdotal. Il Ă©tablit dâabord le sacerdoce Ă©ternel du Christ puis passe Ă la nouveautĂ© de lâAlliance scellĂ©e dans le sang de celui-ci, avant de terminer en soulignant son caractĂšre non rĂ©itĂ©rable Et comme le sort des hommes est de mourir quâune seule fois 9,27, [...] il ne nous reste plus pour les pĂ©chĂ©s aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement 10,27 ». Cette recontextualisation fait subir une mutation complĂšte Ă lâoracle vĂ©tĂ©ro-testamentaire. Pour lâĂ©pĂźtre, le Christ ne reviendra plus pour le pĂ©chĂ© mais pour le jugement. Pour ceux qui ont pĂ©chĂ©, en particulier ceux qui ont dĂ©sertĂ© lâassemblĂ©e, il nây a plus de rĂ©mission. 47 MĂȘme si C. Spicq estime quâil nâa manquĂ© que deux choses aux exĂ©gĂštes du Moyen Age une science ... 62Cependant, le temps passe, sans que le Seigneur revienne. On ne peut plus dire que la nouvelle alliance est une alliance jeune He 12,24. Il faut assumer la rĂ©alitĂ© dâun temps qui dure, une perspective que lâauteur de lâĂ©pĂźtre nâavait pas envisagĂ©e, du moins explicitement He 10,37. Thomas dâAquin, dans son commentaire, fait donc subir une mutation Ă la notion dâalliance nouvelle. Ce quâHĂ©breux prĂ©sentait comme un discours adaptĂ© Ă lâurgence et Ă lâimminence de la fin, il lâapprofondit en theologia perennis. Il y a passage, discret et mesurĂ©47, dâune thĂ©ologie sâinscrivant dans le contexte dâune attente eschatologique imminente Ă une thĂ©ologie de chrĂ©tientĂ© soucieuse dâĂ©tablir le caractĂšre permanent dâun systĂšme fait pour durer dans le temps. Son commentaire dâHe 10,37 est particuliĂšrement rĂ©vĂ©lateur de ce point, avec la distinction des deux jugements, gĂ©nĂ©ral et particulier ; lâexhortation Ă veiller prend le relais de lâadjuration Ă ne pas dĂ©serter. 63Reste bien sĂ»r ouverte la question de savoir comment relire aujourdâhui cette figure de lâalliance nouvelle. Prenons-en acte, lâidĂ©al de la chrĂ©tientĂ© mĂ©diĂ©vale est loin. On peut certes essayer de retrouver lâidĂ©e originelle de JĂ©rĂ©mie dans la version septuagintale la vie chrĂ©tienne se vit dâabord dans lâintĂ©rioritĂ©. Mais la foi ne peut pas ĂȘtre une rĂ©alitĂ© exclusivement privĂ©e. Une visibilitĂ© palpable du religieux est nĂ©cessaire dans la sociĂ©tĂ© actuelle. Des structures sont souhaitables qui soient signes en mĂȘme temps que tĂ©moins du caractĂšre unique de la personne du Christ. Il importe Ă©galement que les croyants assument leur finitude et sâimpliquent avec persĂ©vĂ©rance dans lâalĂ©atoire du quotidien. Comme le disait dĂ©jĂ lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, câest dâendurance dont vous avez besoin pour accomplir la volontĂ© de Dieu et obtenir ainsi la rĂ©alisation de la promesse. » 10,36. Tout cela nâest-il pas dâune brĂ»lante actualitĂ© ? Ă nous de chercher le visage qui actualise au mieux ces convictions. Top of page Notes 1 P. Buis, La notion dâalliance dans lâAncien Testament, Paris, Ăd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La notion dâalliance dans le judaĂŻsme aux abords de lâĂšre chrĂ©tienne, Paris, Ăd. du Seuil, 1963. 2 B. Renaud, Nouvelle ou Ă©ternelle alliance ? Le message des prophĂštes, Paris, Ăd. du Cerf, 2002, p. 11. 3 Voir LĂ©vitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prĂȘtres lĂ©vitiques des hommes qui se tiendront en ma prĂ©sence, faisant monter les holocaustes, brĂ»lant des offrandes et cĂ©lĂ©brant des sacrifices tous les jours. » 5 Jr 31, 35 TM se rĂ©fĂšre aux lois cosmiques dâorganisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lois rĂ©gissant IsraĂ«l et auxquelles ce peuple nâa pas Ă©tĂ© fidĂšle Bogaert, Lois et alliance nouvelle dans les deux formes conservĂ©es du livre de JĂ©rĂ©mie Jr 31,31-37 TM ; 38, 31-37 LXX », dans C. Focant Ă©d., La Loi dans lâun et lâautre Testament, Paris, Ed. du Cerf, 1997, p. 89 s. 6 Bogaert, Le livre de JĂ©rĂ©mie en perspective les deux rĂ©dactions antiques selon les travaux en cours », Revue Biblique, 101 1994, p. 383. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans lâancien. ExĂ©gĂšse intra-biblique et hermĂ©neutique de lâinnovation », Nouvelle Revue ThĂ©ologique, 128 2006, p. 3-17 ; Levtnson, LâhermĂ©neutique de lâinnovation. Canon et exĂ©gĂšse dans lâIsraĂ«l biblique, Bruxelles, Ăd. Lessius, 2006. 8 S. Benetreau, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Vaux-sur-Seine,Ădifac, t. 2,1990, p. 85. 9 Lâauteur se sert de la polysĂ©mie de diathĂȘkĂ« pour rĂ©aliser un glissement sĂ©mantique, temporaire, Ă partir du sens dâ alliance », sens quâil a eu prĂ©cĂ©demment dans lâĂ©pĂźtre, jusquâĂ celui de testament » He 9,15. Ce procĂ©dĂ© lui permet dâintroduire le thĂšme de la mort du Christ, dont nous sommes appelĂ©s Ă recevoir lâhĂ©ritage Ă©ternel dĂ©jĂ promis » He 9,15-18. 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveautĂ©. Bien que C. Spicq estime quâ ils sont synonymes dans la langue de notre auteur » LâĂpĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Gabalda, Ătudes Bibliques », vol. I, 1952, p. 15, il y a une nuance entre les deux termes neos, nouveau dans le temps, neuf, jeune dâoĂč aussi, sans maturitĂ© ; kainos, nouveau dans sa nature, donc qualitativement meilleur. Les deux mots sont appliquĂ©s dans la Bible aux rĂ©alitĂ©s du salut le premier souligne leur caractĂšre de prĂ©sence rĂ©cente par rapport au passĂ© » art. Nouveau », dans Vocabulaire de thĂ©ologie biblique, X. LĂon-Dufour dir., Paris, Ăd. du Cerf, 19774, col. 840. Voir aussi TOB, p. 2947, note w., Ă cette nuance prĂšs que neos ne signifie pas seulement rayonnante de jeunesse », mais aussi un peu verte », qui a besoin de vieillir » voir le rĂŽle de la paideia dĂ©veloppĂ© en He 12. 11 Sâajoute un Ă©pilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de lâhomĂ©lie proprement dite. 12 Nous suivons, pour lâessentiel, A. Vanhoye, La structure littĂ©raire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 19762, p. 59 et Lane, Hebrews, Dallas, Word Books Publisher, t. 1, 1991, p. CII s. Cependant, nous adoptons la variante avancĂ©e par plusieurs exĂ©gĂštes qui rattachent la parĂ©nĂšse 10, 19-39 Ă la quatriĂšme partie de lâĂ©pĂźtre P. Grelot, Une lecture de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Ăd. du Cerf, 2003, p. 10 s. et Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 2000, p. 736. Lâexhortation Ă la vie croyante introduit en effet le chapitre 11 consacrĂ© Ă lâexemple des hommes de foi. 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40-42 et P. Ellingworth, The Epistle to the Hebrews. A Commentary on the Greek Text, Grand Rapids, Vm. B. Eerdmans Publishing Co., 1993, p. 412-417. 14 La teleiĂŽsis vise en fait la qualitĂ© de prĂȘtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passion » Beaude, Sacerdoce. IV. Le Nouveau Testament. B. Le sacerdoce du Christ dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », dans SupplĂ©ment au Dictionnaire de la Bible, X, Paris, Letouzey, 1985, col. 1326. 15 Spicq, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », dans Focant Ă©d., La Loi dans lâun etlâautre Testament, p. 288, n. 1. 17 Tout en restant globalement trĂšs fidĂšles Ă la LXX, les manuscrits dâHĂ©breux prĂ©sentent entre eux quelques variantes que relĂšve la critique textuelle voir A Textual Commentary on the Greek New Testament A Compagnon Volume to the United Bible Societiesâ Greek New Testament fourth revised Ă©dition, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1994\ p. 597 ; Attridge, The Epistle to the Hebrews, p. 225 s. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », dans J. Coppens Ă©d., La Notion Biblique de Dieu. Le Dieu de la Bible et le Dieu des philosophes, Leuven, 1976, p. 325. 19 C. Spicq, La thĂ©ologie des deux alliances dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », Revue des Sciences Philosophiques et ThĂ©ologiques, 33 1949, p. 24-29. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, LâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux aujourdâhui », dans M. Gourgues et L. Laberge Ă©d., De bien des maniĂšres ». La recherche biblique aux abords du XXIe siĂšcle [Actes du Cinquantenaire de lâACEBAC - 1943-1993], Paris et MontrĂ©al, Ăd. du Cerf et Fides, 1995, p. 401. 22 Ă. Cothenet, LâĆuvre exĂ©gĂ©tique de saint Thomas dâAquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quinzaine, p. 8. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux de saintThomas dâAquin »,Revue Thomiste [ =RThom],99 1999, p. 144. 24 Les rĂ©fĂ©rences au Commentaire de S. Thomas dâAquin sont donnĂ©es Ă deux Ă©ditions OpĂ©ra omnia, Ă©d. VivĂšs, tome 21, Paris, 1876, p. 562 p. 561-734 ; Super epistolas S. Pauli lectura, Ăd. Marietti, vol. 11, Turin, 19538, p. 336 p. 335-506, n° 4. 25 C. Spicq, Thomas dâAquin saint. VI. Saint Thomas dâAquin exĂ©gĂšte », Dictionnaire de ThĂ©ologie catholique, XV, Paris, Letouzey et AnĂ©, 1946, col. 719 s. 26 Avant son dĂ©part pour Paris en 1252, Thomas dâAquin avait, dans son commentaire du livre de JĂ©rĂ©mie, consacrĂ© quelques lignes Ă Jr 31, 31-34 In Jeremiam prophetam expositio, dans OpĂ©ra omnia, Ă©d. VivĂšs, tome 19, Paris, 1876, p. 174. 27 C. Spicq, Esquisse dâune histoire de lâexĂ©gĂšse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 28 Ăd. VivĂšs, p. 653 ; Ăd. Marietti, p. 422, n° 395 s. 29 Torrell, Saint ThomasdâAquin, maĂźtre spirituel. Initiation 2, Fribourg, Ăd. Universitaires, Paris, Ăd. du Cerf, 20022, p. 3. 30 JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre de lâancienne et de la nouvelle alliance. Ătude thĂ©ologique et hermĂ©neutique du commentaire de saint Thomas dâAquin sur lâĂpĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Parole et Silence, 2004, p. 639. 31 Ibid., p. 673, n. 46. 32 Ăd. VivĂšs, p. 563 ; Ăd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux », Cahiers Ăvangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, Ă©crit Vanhoye, la dĂ©couverte de la structure littĂ©raire dâune Ćuvre doit normalement permettre une Ă©tude plus objective de son contenu de pensĂ©e » La structure littĂ©raire..., p. 237. 35 Guggenheim, JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre..., p. 564, n. 59. 36 G. Dahan, Introduction Ă Thomas dâAquin, Commentaire de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, trad. Stroobant de Saint-Ăloy, Paris, Ăd. du Cerf, 2002, p. xxx. 37 Ăd. VivĂšs, p. 655 ; Ăd. Marietti, p. 424, n° 407 s. 38 Le chemin de la thĂ©ologie chez Thomas dâAquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 39 Ăd. VivĂšs, p. 654 s. ; Ăd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. 40 Ăd. VivĂšs, p. 679 ; Ăd. Marietti, p. 449, n° 516. 41 Ăd. VivĂšs, p. 680 s. ; Ăd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. 42 Lâintervention divine est Ă©galement donnĂ©e comme imminente en He 10,25 Ne dĂ©sertons pas nos assemblĂ©es, [...] mais encourageons-nous et cela dâautant plus que vous voyez sâapprocher le Jour. » 43 Ăd. VivĂšs, p. 684 s. ; Ăd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. 44 Les thĂ©ologiens, Thomas en tĂȘte, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en maintenant une certaine distinction conceptuelle entre jugement particulier et jugement gĂ©nĂ©ral, ne pourrait-on pas toutefois se demander si en rĂ©alitĂ© ils ne coĂŻncideraient pas au point de sâidentifier ? En effet, au-delĂ de la mort, on ne se trouve plus soumis aux catĂ©gories spatio-temporelles de notre monde. 11 nây a plus de temps. » P. AdnĂšs, Jugement », Dictionnaire de SpiritualitĂ©, Paris, Beauchesne, VIII, 2,1974, col. 1588. De mĂȘme, toute thĂ©ologie qui se veut proche de la rĂ©vĂ©lation biblique refusera de parler de deux jugements diffĂ©rents. En fin de compte, tout lâaccent est placĂ© sur le jugement particulier de chaque homme aprĂšs sa mort, et le jugement gĂ©nĂ©ral nâen est, Ă proprement parler, que la confirmation publique devant le monde entier » H. Urs von Balthasar, La dramatique divine. 4. Le dĂ©nouement, Namur, Culture et VĂ©ritĂ©, 1993, p. 318. 45 L. J. Elders, La relation entre lâancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas dâAquin », RThom, 100 2000, p. 582. 46 A. Guggenheim, VĂ©ritĂ© et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 47 MĂȘme si C. Spicq estime quâil nâa manquĂ© que deux choses aux exĂ©gĂštes du Moyen Age une science philologique exacte et surtout le sens historique » Esquisse dâune histoire..., p. 374, Thomas dâAquin atteint un sommet de synthĂšse entre exĂ©gĂšse et thĂ©ologie, une Ă©bauche de thĂ©ologie biblique, intermĂ©diaire entre lâempirisme des constatations de lâhistoire et la construction systĂ©matique » H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de lâĂcriture, t. 4, Paris, Aubier, 1964, p. 295. Par la suite, mĂȘme si elle est souvent distinguĂ©e de lâexĂ©gĂšse, la thĂ©ologie sera solidaire des voies et moyens des pĂ©dagogies textuelles de la culture contemporaine » Chenu, La thĂ©ologie comme science au XIIIe siĂšcle, Paris, J. Vrin, 19573, p. 16.Top of page References Bibliographical reference François Tonon, âLâ Alliance nouvelle » dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux et son commentaire par Thomas dâAquinâ, Revue des sciences religieuses, 82/2 2008, 179-197. Electronic reference François Tonon, âLâ Alliance nouvelle » dans lâĂ©pĂźtre aux HĂ©breux et son commentaire par Thomas dâAquinâ, Revue des sciences religieuses [Online], 82/2 2008, document Online since 05 May 2013, connection on 27 August 2022. URL DOI of page Copyright All rights reservedTop of page
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